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Sur le Rwanda, « les militaires français attendent du président qu’il prenne leur défense »

L’amiral Jacques Lanxade, ancien chef d’état-major des armées sous François Mitterrand, récuse toute erreur liée à l’opération « Turquoise » pendant le génocide des Tutsi au Rwanda.

Propos recueillis par 

Publié le 22 mai 2018 à 10h41, modifié le 22 mai 2018 à 13h43

Temps de Lecture 8 min.

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L'amiral Jacques Lanxade, ancien chef d'état-major des armées en novembre 2002, à Paris, lors du colloque organisé par le barreau de Paris sur le thème « terrorisme et droits fondamentaux ».

Ancien chef d’état-major au moment du génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994, l’amiral Lanxade a été chargé de mettre en œuvre l’opération militaro-humanitaire « Turquoise », sur laquelle pèsent plusieurs procédures judiciaires. Alors que le président Macron doit recevoir, mercredi 23 mai à Paris, son homologue rwandais Paul Kagamé, Jacques Lanxade plaide pour l’ouverture des archives militaires, pour en finir avec les polémiques.

Comment qualifieriez-vous votre relation avec François Mitterrand ?

Extrêmement professionnelle, avec une grande confiance mutuelle. Je disposais d’une marge de manœuvre importante, car le président Mitterrand ne donnait jamais de directive précise. Il considérait que vous deviez savoir ce que vous aviez à faire. Il n’intervenait pas, il vous faisait comprendre que vous étiez chargé d’agir. A mon époque, à l’Elysée, son fils [Jean-Christophe Mitterrand] dirigeait la cellule africaine. Mais, dès qu’il se passait quelque chose de sérieux en Afrique, il y avait une sorte de message du président, et nous devions comprendre que l’affaire passait de la cellule africaine à l’état-major particulier. C’est ce dernier qui réglait les crises africaines. Après, les choses ont changé.

C’est-à-dire ?

Jusqu’à la guerre du Golfe [1990-1991], le chef d’état-major des armées (CEMA) était peu présent dans la gestion des crises. Il ne voyait presque jamais le président. Quand j’ai quitté l’Elysée pour prendre la tête des armées, la donne a changé. Le CEMA est devenu le seul responsable opérationnel militaire. En 1992, nous avons ensuite institutionnalisé les conseils de défense restreints. Donc, ce qui relevait auparavant du domaine réservé du président devenait un domaine partagé avec le gouvernement.

A partir d’octobre 1990, qui a la main sur le dossier rwandais ?

L’Elysée. Et non l’état-major, qui, lui, exécutait les ordres. Intervenir au Rwanda [en 1990, les rebelles tutsi du Front patriotique rwandais, FPR, la rébellion armée tutsi de Paul Kagamé, attaquent le régime Habyarimana ; la France lance l’opération « Noroît » pour soutenir son allié] est la décision du président Mitterrand. A partir du moment où la décision avait été prise de soutenir ce régime, il fallait aider l’armée rwandaise. C’est la raison pour laquelle fut mis en place un détachement d’assistance militaire et d’instruction (DAMI). Techniquement, il était sous l’autorité de l’ambassadeur et de la Mission militaire de coopération. En cas de tensions, le DAMI passait sous l’autorité du CEMA. Du coup, nous étions assez bien informés.

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