Hervé Morin, président de la Région Normandie : « Quand il y a de l’industrie, il y a de la richesse »
INTERVIEW - Hervé Morin, le président de la Région Normandie, vante les atouts de son territoire, qui place 116 communes dans le top 500 du palmarès des villes et villages où il fait bon vivre.
Avec des villes comme Caen, Épron ou Martinvast dans le haut du classement, pourquoi diriez-vous qu’il fait bon vivre en Normandie ?
Nous avons la chance d’avoir un imaginaire extrêmement positif autour de la Normandie. Un travail a été fait au niveau de la communication pour développer une image de marque territoriale. À part la pluie, tout est positif quand on évoque cette Région. C’est une gastronomie, des paysages, un patrimoine historique… Nous sommes la terre de la liberté. Chaque année, nous avons cinq millions de visiteurs au titre du tourisme de mémoire. Et avec le réchauffement climatique, la Normandie sera la terre où l’on se réfugiera pour ne pas vivre les températures extrêmes du sud de la France.
Qu’avez-vous entrepris pour améliorer l’attractivité de la Région ?
Une politique importante de soutien aux collectivités locales a été menée pour les équiper en infrastructures. Lors de mon précédent mandat, 500 millions d’euros leur ont été accordés. On a tout fait pour essayer de bâtir un modèle où il fait bon vivre dans nos communes. La Région a aussi investi deux milliards d’euros dans le ferroviaire, qui était une de nos grandes faiblesses. Aujourd’hui, la ponctualité des trains en Normandie est supérieure à celle des TGV dans l’ensemble du pays [d’après la SNCF, la ponctualité moyenne des grandes lignes en Normandie est de 90 %, contre 77,9 % à l’échelle nationale].
Il n’y a pas de déclin démographique
S’il fait bon vivre en Normandie, l’Insee montre pourtant que la Région perd des habitants depuis 2014. Comment l’expliquer ?
Il n’y a pas de déclin démographique. Le nombre de naissances continue d’augmenter. Le Covid a amplifié l’arrivée de nouveaux habitants. On le voit dans les prix de l’immobilier, qui ont grimpé de 40 à 50 % dans le Perche, par exemple. Nous avons accueilli énormément de Parisiens qui ont désormais une double résidence et restent quatre ou cinq jours en Normandie. À Caen, le maire compte plus de trois cents ménages qui ont quitté Paris et qui vivent et scolarisent leurs enfants dans sa ville. Mais on ne les retrouve pas dans les chiffres du recensement car, pour s’éviter toute imposition de l’IFI [impôt sur la fortune immobilière], ils ne se font pas recenser en Normandie et continuent à se domicilier à Paris.
Pour continuer d’attirer, quels sont les grands projets à venir dans la Région ?
Plusieurs grands projets industriels sont en cours de réalisation dans la vallée de la Seine, qui redevient un grand centre de l’industrie en France. Il faut rappeler que nous sommes la première Région industrielle de France. Ce secteur représente 22 % de notre PIB. De grands projets sont en cours dans l’éolien offshore, le nucléaire ou encore l’hydrogène, avec la première usine de production de cette molécule détenue par Air liquide.
Nos universités souffrent d’un manque de rayonnement
Cette image de Région industrielle n’est finalement pas un défaut ?
C’est au contraire une chance d’avoir une culture industrielle importante. En Normandie, même les zones rurales ont leurs usines. Quand il y a de l’industrie, il y a de la richesse.
Quels points devez-vous encore améliorer ?
Notre grande faiblesse reste la formation supérieure. Nos universités souffrent d’un manque de rayonnement. Nous avons fait un effort gigantesque de rattrapage, notamment pour développer nos compétences en ingénierie nucléaire car nous sommes la Région de l’atome. L’an prochain, nous formerons 450 ingénieurs en plus dans nos écoles. Mais nous devons poursuivre notre travail. Pour le logement, nous devons mener un grand plan de réhabilitation, notamment parce que 489 communes ont été détruites à plus de 70 % au moment de la Libération. Les logements reconstruits ne sont plus conformes aux normes d’aujourd’hui.
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