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La vie de l'inconnu Ponce Pilate par Aldo Schiavone

LE LIVRE DE LA SEMAINE - La biographie de Ponce Pilate, le préfet de Judée qui a condamné Jésus, signée par l'historien Aldo Schiavone apporte des précisions sur ce personnage dont on ne connaît que le nom et le surnom, et la période qu'il incarne.

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Ponce Pilate d'Aldo Schiavone
Ponce Pilate d'Aldo Schiavone © DR

Cette nuit du mois de Nissan, selon le calendrier hébraïque, Ponce Pilate, préfet romain de Judée, se trouve à Jérusalem pour avoir l'œil sur la période toujours sensible de la Pâque. Comme le rappelle l'historien Aldo Schiavone, la situation reste très tendue entre les juifs et l'administration impériale mais aussi entre les diverses obédiences politico-religieuses juives. Le procurateur se méfie de l'affaire dans laquelle l'impliquent les élites sacerdotales, les responsables du Temple et la petite foule de leurs partisans. Il lui faut questionner Jésus, personnage apparemment populaire aux propos perturbateurs. Ainsi le haut fonctionnaire romain, sans doute âgé d'une quarantaine d'années, entre-t-il dans l'Histoire, ne se doutant évidemment pas que ce jeudi 6 avril sera daté de l'an 30 (ou peut-être 33) d'un calendrier calculé à partir de la naissance de l'homme qui comparaît devant lui.

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On sait peu de chose de Ponce Pilate, dont on ne connaît d'ailleurs que le nom (Pontius) et le surnom (Pilatus), mais pas le prénom. Mais Aldo Schiavone, l'un des plus grands spécialistes du droit romain, reconstitue de manière passionnante sa personnalité, sa culture politique et sa vision du monde, telles qu'elles transparaissent dans l'interrogatoire auquel il soumet Jésus et dans ses décisions, prises en fonction de ses rapports de force avec l'élite juive.

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La distinction entre Dieu, César, et le "royaume"

Selon Schiavone, Pilate a décidé d'arrêter Jésus en accord avec les autorités du Temple mais a laissé le soin à celles-ci de l'opération de police. Le jeu va consister à les compromettre dans leurs propres querelles sans se compromettre et faire sentir sa poigne. Mais l'interrogatoire donne l'occasion à Jésus de développer sa théorie de la distinction entre Dieu et César, élargie à celle du "royaume", qui n'est pas de ce monde : une voie différente dans le rapport entre politique et religion monothéiste. Question toujours d'actualité. "L'autonomie de ces deux mondes sur le plan de l'histoire est pour l'humanité tout à la fois une garantie de liberté et la condition d'un déchirement continu."

Une brèche s'ouvrait "par laquelle allait passer l'Europe (puis l'Amérique) ainsi que la structure d'ensemble de l'État moderne et de tout son appareil idéologique". Ce livre d'histoire est aussi un livre de philosophie.

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*Ponce Pilate, Aldo Schiavone, trad. Marilène Raiola, Fayard, 250 p., 19 euros.

Source: JDD papier

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