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Culture

La comédienne Marie-Christine Barrault raconte ses dimanches : « Je n’ai jamais le cafard »

Nombre des sorties dominicales de la comédienne Marie-Christine Barrault sont consacrées au théâtre, sur scène ou comme spectatrice.

Pascale Frey , Mis à jour le
Lundi, à son domicile parisien.
Lundi, à son domicile parisien. © © Serge Picard pour le JDD

Chez Marie-Christine Barrault, les dimanches se suivent et souvent ne se ressemblent pas. Assise dans son salon avec vue imprenable sur la place de la Concorde et la tour ­Eiffel, elle feuillette son agenda, preuve qu’effectivement il n’y en a pas deux d’identiques. C’est ce qui lui plaît, le changement, les surprises, l’imprévu. Il y a un fil rouge toutefois : le théâtre. Marie-Christine Barrault aime la vie et cela transpire dans chaque mot, chaque sourire. Elle ne cesse de s’émerveiller de pouvoir s’adonner depuis toujours à sa passion, week-ends compris. « Chez les acteurs, le dimanche est une notion très discutable, car souvent nous travaillons. »

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En ce moment par exemple, elle a deux pièces sur le feu et brûle les planches le dimanche en matinée, ainsi qu’historiquement le monde du théâtre appelle les représentations de l’après-midi. La première s’intitule Voyage à Zurich et porte sur la fin de vie assistée en Suisse. Elle la jouera à ­Avignon en juillet prochain. La deuxième s’appelle Une mort dans la famille et a été créée l’an dernier. Un éclat de rire chasse en quelques secondes l’aspect un brin plombant de ces thèmes. « Ce sont ces pièces où je meurs face au public, en Ehpad dans l’une, en avalant une potion dans l’autre, qui m’ont encouragée à écrire ce livre, Si tu savais, c’est merveilleux. »

Une sorte d’hommage à ses chers disparus : de Roger Vadim son mari, le grand amour de sa vie, à Jean-Louis Barrault son oncle, en passant par sa mère avec laquelle les rapports ne furent pas toujours faciles. « La mort a toujours été très présente dans mes pensées, surtout depuis le moment, à 14 ans, où j’ai perdu mon père. J’y pense beaucoup, comme au moment ultime de ma vie ; et Dieu sait qu’elle me plaît, cette vie ! »

Balade en voiture

Si elle adore aujourd’hui passer son dimanche au théâtre, ce jour n’a pas été toujours aussi joyeux : « Enfants, mon frère Alain et moi vivions chez ma grand-mère à la campagne, à Yerres. Et comme mes parents étaient divorcés, c’était le seul jour où nous voyions notre père. On allait se balader dans sa “titine”, une vieille guimbarde. Plus tard, lorsque nous sommes allés vivre chez ma mère et mon beau-père et que nous avons découvert que nous avions deux sœurs à peine plus jeunes que moi, les dimanches ont été épouvantables : ils se croyaient obligés de nous occuper, de nous promener en forêt ou d’aller visiter des châteaux ! »

Sa vocation pour le théâtre s’est imposée dès son plus jeune âge. Grande lectrice, jour et nuit, elle trouve dans les livres les réponses à ses questions : « J’aimais faire la lecture à voix haute en classe et je pense que j’avais un besoin d’exister, une envie d’être dans la lumière. »

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On pourrait imaginer que son patronyme lui a ouvert toutes les portes, lui a déroulé un tapis rouge pour devenir tête d’affiche. « Au contraire. Jean-Louis Barrault et ­Madeleine Renaud ont tout fait pour m’en empêcher, précise l’actrice, découverte dans Ma nuit chez Maud (1969). Ils ne sont venus me voir qu’une seule fois, pour la première pièce que je jouais, Andorra. Et je pense qu’ils n’ont jamais regardé Cousin, cousine [1975], le film pour lequel j’ai été nommée aux Oscars. »

Lorsqu’elle n’est pas sur scène, Marie-Christine Barrault aime ne rien faire. « Et quand je dis rien, c’est rien ! Je ne m’habille pas, je reste en pyjama, je mange quand j’en ai envie… Et je lis beaucoup, des romans ou des scénarios, je regarde la télévision. Cela m’arrive une fois par trimestre, pas plus. Autrement, j’adore aller au théâtre. Dès que j’ai un moment de libre, je file voir une pièce. Je peux aller au fin fond de la banlieue ou faire 600 kilomètres pour un spectacle ! »

Soirée télé

Le théâtre ne l’empêche pas d’affectionner les déjeuners en famille. L’autre dimanche, par exemple, elle accueillait ses enfants, Ariane et David, eux aussi dans le cinéma, comme leur père, Daniel Toscan du Plantier (son premier mari), et ses petits-enfants venus, fêter son 79e anniversaire.

Ce sont au fond les rares moments de loisir qu’elle s’accorde, car elle reconnaît de pas avoir beaucoup de vie en dehors du travail. Le blues professionnel des comédiennes de plus de 50 ans, elle ne connaît pas. « À partir d’un certain âge, il est plus facile de travailler au théâtre qu’au cinéma. Il serait dommage de ne pas utiliser le poids de notre vie, de nos expériences, pour enrichir un rôle. »

Qu’elle ait passé l’après-midi sur scène, en compagnie de sa famille ou à buller d’un canapé à l’autre, Marie-­Christine ­Barrault adore le dimanche soir. « Je n’ai jamais le cafard. Je regarde LCI, les débats entre Daniel Cohn-Bendit et Luc Ferry, puis France 2 pour ­Laurent ­Delahousse et ses invités. Et enfin je lis un peu. Lorsque j’ai perdu Vadim [en 2000], notre relation était un tel miracle que je me suis demandé si j’allais être capable de rester lumineuse. Mais j’ai compris qu’il ne faut pas dépendre des événements. Et je suis tellement bien dans ma vie. » 

« Si tu savais, c’est merveilleux » de Marie-Christine Barrault, avec la collaboration de Youki Vattier (Stock), 250 pages, 18,50 euros.

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