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Faust : triomphe et grand guignol à Bastille

 Ce n’est plus un opéra, c’est un feuilleton. Après querelles, désistements et grève , la nouvelle production du Faust de Gounod a enfin vu le jour mercredi.

Nicole Duault , Mis à jour le
Jean-Louis Martinoty propose une mise en scène monumentale et fourmillant de détails.
Jean-Louis Martinoty propose une mise en scène monumentale et fourmillant de détails. © Opéra de Paris

 C’est un triomphe pour l’orchestre, le maestro et les chanteurs mais la magie décapante de Jorge Lavelli dans la production d’antan n’est pas au rendez-vous. L’opéra de Gounod tourne au grand guignol avec une Marguerite qui s’acharne sur son enfant à coups de poignard. Condamnée pour meurtre, elle marche ensuite vers une immense guillotine dont le couperet lui tranche la tête. Le bourreau, qui est en fait son frère Valentin, brandit le chef de la malheureuse au dessus des figurants tétanisés. Les spectateurs, pas le moins du monde effrayés, ricanent plutôt.

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La mise en scène de Jean-Louis Martinoty (ex-directeur du Palais Garnier jusqu’à la création de La Bastille) est à la fois monumentale et fourmillante de détails jusqu’au bric-à-brac. Le cabinet du Dr Faust devient une énorme bibliothèque qui occupe toute la scène. Elle ressemble à une boutique d’antiquaire avec une lunette astronomique et un globe de cristal d’où Méphisto fait jaillir le jeune Faust, notre Alagna national , en tee-shirt doré et pantalon moulant.

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La bibliothèque qui s’ouvre et se ferme est surplombée d’un massif crucifix et d’un tout aussi gigantesque squelette couronné d’écarlate. Le centre de la scène, sur une tournette, monte, descend, devient la chambre de Marguerite, puis un jardin verdoyant où l’on voit un lutin- ou bien est-ce un extra-terrestre?- qui effeuille des plantes comme des marguerites. Tout cela n’est pas forcément laid mais bien encombrant. Jean-Louis Martinoty, homme de culture, use et abuse des références qui paraissent gêner les chanteurs plutôt que les aider. Elles distraient également les spectateurs du plus important, le chant et la musique. Comme on l’a constaté lors de la première représentation donnée en version de concert, les chanteurs sont tous excellents. Le charismatique Alagna est magnifique et le contre-ut de "Salut, demeure chaste et pure", un instant d’anthologie. Puissant, le Valentin de Tassis Christoyannis est époustouflant Un peu en retrait, la Marguerite d’Inva Mula est un charme de fragilité : mais qu’elle est mal fagotée! Le plus étonnant est le baryton Paul Gay qui brûle autant les âmes que les planches. La baguette d’Alain Altinoglu est impeccable notamment dans le merveilleux prélude. Le plus gros défaut de cette production est une totale absence d’émotion due sans doute au fatras du plateau. C’était la première représentation avec décors et costumes : peut-être l’émotion surgira-t-elle dans les autres? Le Faust de Lavelli créé en 1975 a vécu presque trente ans. Souhaitons à ce nouveau Faust, une destinée égale.

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Faust : Opéra Bastille jusqu’au 25 octobre. Tel :08 92 89 90 90 www.operadeparis.fr

Source: JDD papier

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