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Société

Les piscines de Paris au bassin d’essai par Colombe et Marine Schneck

L’écrivaine Colombe Schneck et sa sœur Marine, illustratrice, publient le 5 mai le guide « Paris à la nage ». Le duo a testé 46 bassins dans la capitale et quelques-uns en proche banlieue.

Bruna Basini , Mis à jour le
Marine et Colombe Schneck à la piscine de la Butte aux Cailles.
Marine et Colombe Schneck à la piscine de la Butte aux Cailles. © Nicolas Marques pour le JDD

Les sœurs Colombe et Marine Schneck ont entremêlé leurs talents – le verbe pour la première et le trait pour la seconde – autour d’un voyage singulier : faire découvrir Paris à la nage*. Oh, pas en remontant la Seine mais en testant toutes les piscines publiques de la capitale et quelques bassins en proche banlieue. Quarante-six arrêts sur expérience et sur image, et un livre à ranger parmi les bons vieux guides à corner. Elles retracent en avant-première pour le JDD leur aventure aquatique. Démarré en août 2020 après le premier confinement, leur périple s’est achevé en février 2022. Plongée.

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Un voyage dans le grand bain humain

Si La Piscine, le film iconique de Jacques Deray avec Romy ­Schneider et Alain Delon, sorti en 1969, servait de décor à un huis clos érotique, les piscines parisiennes de Paris à la nage nous poussent, elles, dans le grand bain humain sur un fond sonore de bruits de jets d’eau étouffés. « On voulait faire découvrir un lieu par là où ses habitants vivent. […] Nager est un voyage social et politique », écrit Colombe ­Schneck. L’auteure avait déjà pris le large dans La Tendresse du crawl, un petit texte publié il y a trois ans. « Après la fin d’une histoire d’amour nager m’a aidée à me reconstruire », ponctue-t-elle. Paris à la nage est davantage « une histoire sociale et intime de Paris ». Nageuse de longue date, Marine Schneck avoue avoir été aussitôt « conquise par l’idée d’illustrer ce guide ». « Partager cela avec Colombe, c’est un voyage en sororité. »

Illustration de la piscine Pontoise

Illustration de la piscine Pontoise.

(Colombe et Marine Schneck)

Une balade architecturale

Partir à la découverte des piscines parisiennes relevait d’abord pour Marine Schneck d’une « balade architecturale ». Son dessin de Rouvet, l’une des plus anciennes, ouvertes en 1891 dans le quartier de la Villette, fait clairement apparaître l’ambition première de ses promoteurs : être un lieu d’hygiène avec ses bains-douches pour les ouvriers des fonderies et abattoirs vivant aux alentours. « Beaucoup ont été construites entre 1920 et 1930, comme Blomet et la Butte-aux-Cailles avec leurs bassins en béton recouverts de céramiques, avant une deuxième vague dans les années 1950-1960 », relate Marine Schneck. « Dans la piscine la Plaine [15e], qui donne sur le périphérique, on se croirait à Los Angeles à la fin des années 1960 », remarque Colombe Schneck. Le parc parisien frappe surtout par sa grande diversité (pages 4 et 5 du guide).

Selon les établissements, les bassins vont de 25 à 50 mètres. Certaines piscines ont des toits ouvrants ou des ­bassins en extérieur, d’autres offrent une vue sur la ville ou un accès au solarium. Quatre sont classées monument historique. Et puis il y a les « ­meilleures », dixit Colombe Schneck. Une douzaine avec un potentiel « à se sentir en vacances et à réveiller son imaginaire quand on nage le dos crawlé ».

Illustration de la piscine Roger Le Gall

Illustration de la piscine Roger Le Gall

(Colombe et Marine Schneck)

Mixité, diversité et contrariétés

Le guide passe tout au banc d’essai : tarifs, qualité de l’eau, propreté des vestiaires et des douches, ­température de l’eau, affluence et ­hospitalité globale. Une enquête doublée d’échanges avec les ­caissiers, les maîtres-nageurs et les habitués. « À Paris, les piscines sont nombreuses mais pas ­suffisamment par rapport au nombre d’habitants et il y a des heures d’affluence avec des lignes où les gens se bousculent, les élus doivent mieux faire », ­reconnaît Colombe Schneck. Au-delà des autres irritants liés au manque d’hygiène dans certaines douches ou à des températures trop basses, Marine et Colombe Schneck ont aussi mesuré la mixité sociale dans ces lieux de vie en maillot de bain. « L’architecture est le premier ­vecteur de mixité. Jusqu’aux années 1990, les douches et les vestiaires des femmes et des hommes étaient séparés. À partir des années 2000, les douches mixtes sont devenues la norme », pointe la dessinatrice.

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Fréquentant en voisine la piscine Édouard-Pailleron (19e), elle lui accorderait presque la meilleure note en la matière. « Dans son bain à bulles, on croise des gens de tous bords et origines, dont pas mal de Français d’origine chinoise et de personnes âgées, c’est chaleureux », dit-elle.

Le grand festival des corps

Les croquis du guide mettent les corps à l’honneur : en train de faire des longueurs, lézardant sur une serviette après l’effort, dans les vestiaires, sous la douche. « On voit de tout : des gros, des minces, des petits et des femmes musclées qui vont dans les couloirs rapides. À la piscine on ne peut rien cacher, c’est libérateur, on n’est pas dans la séduction », livre Colombe Schneck. « Aller à la piscine, c’est comme aller au café ou à la plage : on observe les gens de près mais avec davantage de pudeur », poursuit Marine Schneck.

Illustration de la piscine Château des Rentiers

Illustration de la piscine Château des Rentiers

(Colombe et Marine Schneck)

Les petites faims de l’après-nage

Après l’effort, le réconfort. Les sœurs Schneck, et en particulier Marine – elle se définit comme artiste et cuisinière – ont repéré boulangeries, restaurants et endroits qu’elles recommandent pour se poser en sortant. « Manger fait partie intégrante de l’exercice », appuie Colombe ­Schneck. Une sorte de voyage gourmand dans le voyage aquatique, de Belleville à Puteaux.

* « Paris à la nage – Guide des piscines parisiennes », Colombe et Marine Schneck, My Little Paris, 18,90 euros, en librairies le 5 mai.

Les 12 piscines pour « se sentir en vacances »

Jean-Taris et Pontoise (5e). ­Jacqueline-Auriol (8e). Roger-Le Gall (12e). Buttes-aux-Cailles (13e). Keller (15e). la Plaine (15e). Auteuil (16e). Georges-Vallerey (20e). Et Orsay (91). Châtillon-Malakoff (92). Puteaux (92)

 

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