Déjà une polémique pour Me Collard

Dimanche dernier, lors des journées d'été de la présidente du Front national , il a parlé une heure. Entre autres métaphores dont il a le secret, Maitre Gilbert Collard s'est notamment demandé "qui aura les couilles de faire quelque chose?" pour sauver le pays. Mais pas seulement. Le tout nouveau et médiatique président du comité de soutien à la candidature de Marine Le Pen à la présidentielle s'est également prévalu d'une fonction qui n'est pas la sienne, celle "d'avocat des enfants d'Izieu" au procès de Klaus Barbie.

Devant les militants du Front national, Me Collard - qui affirme toujours conserver sur lui "la carte de victime de l'Allemagne et du nazisme" de son père - assure alors se rappeler "du petit André, parti pour les camps de la mort en chantant ‘Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine’". Et d'ajouter : "C'est depuis cela que je ne supporte plus que l'on siffle la Marseillaise et quand on se torche avec le drapeau français, j'ai l'impression qu'on essuie les larmes de ce gosse avec de la merde!". Un discours agréable aux oreilles frontistes, mais qui serait peu conforme à la réalité.

"Au niveau déontologique, c'est scandaleux et ignominieux"

"Il n'y avait aucun André parmi les 44 enfants", affirme Geneviève Erramuzpé, la directrice de la Maison d'Izieu, au Monde . "Lorsque la rafle a eu lieu, les enfants pleuraient dans le camion qui les emmenait. Les moniteurs, pour les rassurer, les ont fait chanter 'Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine'", raconte Alain Jakubowicz, président de la Licra et avocat des victimes au procès. Pour lui, Gilbert Collard part "de quelque chose qui est vrai et construit une histoire qui est fausse. Au niveau déontologique, c'est scandaleux et ignominieux de faire ça. Ensuite, instrumentaliser les enfants d'Izieu au service de la campagne de Madame Le Pen, c'est à vomir!"

Une colère partagée par un confrère de Gilbert Collard. Roland Rappaport est bien placé pour commenter les faits, lui qui fût l'un des principaux avocats lors du procès de Klaus Barbie. Et sa position est claire : "Me Collard n'a pas participé au procès Barbie sinon par une présence à caractère médiatique. Il a plaidé très brièvement et il est parti. Depuis, il ne s'est jamais intéressé à l'association qui a créé le mémorial ni à la mémoire de ce crime contre l'humanité." Gilbert Collard ne pouvait rester silencieux face à l’attaque de son collègue du Barreau : "Quand j'ai plaidé [en 1987], ils ne m'ont pas fait la gueule. Serge Klarsfeld était venu me féliciter." Et concernant l'erreur factuelle des enfants d'Izieu, il esquive, assurant que son intention était de prouver que le "président du comité de soutien [du FN, ndlr] condamnera le racisme et l'antisémitisme."

Source: leJDD.fr