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Y aura-t-il du carburant ce week-end ?

Dans les stations-essence, sous tension depuis plusieurs jours en raison notamment d'un mouvement de grève, un retour à la normale n'est pas envisagé avant la semaine prochaine. Dans le Nord et dans l'Est, les files d'attente à la pompe continuent de s'allonger.

Marceau Taburet , Mis à jour le
Les pompes à essence sont prises d'assaut depuis plusieurs jours en raison de manques d'approvisionnement.
Les pompes à essence sont prises d'assaut depuis plusieurs jours en raison de manques d'approvisionnement. © Gauthier Bedrignans/Hans Lucas

Files d’attente interminables, automobilistes excédés, policiers aux aguets, réservoirs désespérément vides… Ces jours-ci, le même spectacle de désolation se reproduit aux abords des stations-essence. Dans le Pas-de-Calais, jeudi, il fallait parfois attendre jusqu’à 4h30 pour accéder à la pompe. Une situation intenable qui pourrait durer encore plusieurs jours. Jusqu'à quand ? « Ça devrait normalement se détendre dans le courant de semaine prochaine », assure-t-on à l’Ufip, l'Union française des industries pétrolières. Son président, Olivier Gantois, ne se veut pas beaucoup plus précis. Tout juste a-t-il reconnu jeudi sur BFMTV « que ça va être difficile ce week-end ». En revanche, pour Frédéric Plan, délégué général de la Fédération Française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C), également invité sur BFMTV, il va falloir attendre « dix jours » avant de pouvoir retourner à la pompe comme si de rien n'était.

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Deux phénomènes, qui se conjuguent, créent la saturation. D’une part, la ristourne de 20 centimes par litre accordée par Total crée un afflux de demande. De l’autre, la grève menée dans plusieurs raffineries, dont celle du Havre, paralyse l'activité. « Aujourd'hui, on fonctionne à flux tendu », concède une tête pensante de l'Ufip sollicité par le JDD. Le gouvernement, désireux de ne pas perdre la main sur un sujet très concernant pour les Français, se montre très impliqué. Le ministre des Transports Clément Beaune a « exceptionnellement » autorisé la circulation de camions-citernes ce dimanche. Objectif : pallier les « difficultés assez localisées, mais importantes » d'approvisionnement. Après avoir laissé ses ministres s'exprimer, la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne a appelé vendredi midi les acteurs du dossier à la « responsabilité ». Son souhait, a-t-elle expliqué lors d'un déplacement à Bordeaux, étant que les « négociations salariales aboutissent » et mettent fin aux débrayages qui ont essaimé partout en France.

« Ça va durer longtemps »

À la CGT, on parie déjà sur un enlisement du conflit. « Le mouvement va s’ancrer dans la durée, assure auprès du JDD Thierry Defresne, secrétaire CGT de TotalEnergies. On voit une détermination sur les piquets de grève, je peux vous assurer que ça va durer longtemps. » Parmi leurs revendications, figurent la hausse de 10 % des salaires, un plan massif d'investissement en France et l'embauche des salariés actuellement en intérim ou en CDD. Des demandes loin d'être insurmontables pour le gouvernement. La ministre déléguée aux petites et moyennes entreprises, Olivia Grégoire, rappelle que « les entreprises concernées ont, pour la plupart, quand même de bons résultats » et qu'elles peuvent donc « considérer les demandes d'augmentation de salaires ». Une façon d'apaiser les tensions et de tracer la voie vers la porte de sortie.

Lire aussi - Carburants : pourquoi les prix de l’essence et du diesel vont augmenter en novembre en France

Pour passer outre l'arrêt de certaines raffineries, un plan d'importations d'essence, de gazole et de kérosène a été mis en place. « On commence à en voir les effets positifs. Il faut néanmoins attendre quelques jours que le produit soit acheminé », tient-on à rassurer du côté de l'Ufip. À la CGT, le discours est moins lénifiant. « Jeudi, le dépôt de Gennevilliers devait recevoir de l'essence, il n'a finalement rien reçu. En France, nous ne sommes pas habitués à devoir importer de l’essence. En temps normal, nous sommes excédentaires. Là, nous devons négocier avec des gens avec qui on n’a pas l’habitude de travailler », prévient Thierry Defresne.

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Les regards se tournent aussi vers les stocks stratégiques, amenés à être utilisés en cas de grosse difficulté. « On a de quoi tenir trois mois dans notre pays avec nos seuls stocks stratégiques. Nous pouvons déstocker lorsque c’est nécessaire », a vanté le porte-parole du gouvernement Olivier Véran vendredi matin sur BFMTV. Une autre piste vers le déblocage de la situation serait le retour à la table des négociations de la direction de TotalEnergies. Ce à quoi elle pourrait se résoudre. Le PDG de l'entreprise Patrick Pouyanné s'est exprimé dans un clip vidéo enregistré mardi en interne. Sans évoquer explicitement le mouvement social, il a promis que « tous les collaborateurs recevront leur juste récompense sur leur fiche de paie avant la fin de l'année », expliquant qu'ils étaient « prioritaires dans le partage de la prospérité ». D'ici là, les automobilistes se demandent bien comment remplir leur réservoir sans avoir à attendre une demi-journée.

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