L'enfant terrible de Roger Vitrac

Qui est Victor? Un garçon de neuf ans, précoce et extralucide, dont la taille, 1 m 80, est déjà celle d’un adulte. Justement, le soir de son anniversaire, Victor va faire craquer les conventions d'une famille policée et d'une société hypocrite et dézinguer à lui tout seul le mythe de l'enfance… Avant de connaitre le triste sort des enfants obstinés.

La pièce de Roger Vitrac, proche du mouvement surréaliste, a été créée par Antonin Artaud, en 1928. Mais c'est en 1962, grâce à Jean Anouilh, qu’elle rencontrera véritablement le public et un écho favorable, avec Claude Rich dans le rôle. En prenant comme héros un enfant, la pièce, ironique et acerbe, tire à boulets rouges sur la famille dans un rejet violent de la société. Sous la plume de Roger Vitrac, la subversion se double d'absurde et de poésie.

Comment reçoit-on la pièce aujourd’hui? Tout se passe en une journée, dans l'appartement familial, représenté au début par une structure cubique aux parois translucides, lesquelles vont s'écarter, se distendre au fur et à mesure de la désintégration de cet univers. Dans la scénographie d’Yves Collet, des racines traversent le plafond, qui vont peu à peu se multiplier et envahir les lieux, dessinant des ombres menaçantes au sol. La mise en scène d'Emmanuel Demarcy-Motta opte pour un penchant naturaliste qui n'exclut ni la cruauté ni la fantaisie mais dénué de burlesque, et cela manque. La belle distribution réunie n’y peut mais : Elodie Bouchez, Valérie Dashwood, Serge Maggiani, Philippe Demarle, Thomas Durand... Hugues Quester, qui étonne encore, s'il était possible, par sa présence, son audace et sa singularité, totalement dans le ton de la pièce.

Source: JDD papier