La fréquentation record cet été aux Settons met en évidence un manque de commerces et de services

Quasiment personne jusqu’à fin mai. Et puis la ruée ! « On a ouvert le 2 juin au lieu du 15 avril. Et on a explosé ! En juillet et août, c’est la saison des records. 100 % de réservation sur les 30 chalets locatifs depuis début juillet. 80 à 95 % de remplissage au camping. »

Gérant du camping du Midi, Jean-Marc Mari travaille aux Settons depuis trente ans. Et avoue en souriant qu’il a « de la chance ! » « En chiffre d’affaires, on n’est pas loin de rattraper le PGE (Prêt garanti par l’État) qu’on a contracté. » Et il conclut par une anecdote ô combien parlante : « avant, on passait 120 à 140 kg de frites par semaine. Là, on est à 210 kg ! »

Directeur de la base de loisirs, Activital, Jérôme James dresse un constat analogue. « On a repris le 11 juin. On est passés de zéro mail à 150 mails par jour. Dès l’ouverture, on a eu du monde. Les gens avaient besoin de sortir de chez eux et de s’aérer. À partir de juillet, c’était vraiment plein pot ! On a reçu très peu de groupes (ils représentent 60 à 65 % des réservations habituellement), essentiellement des particuliers. En activités (nautisme, VTT, locations de matériel, stages) on a explosé. On a déjà fait le chiffre d’affaires de l’an passé avec quasiment trois mois de moins. »

La pandémie et les incertitudes qu’elle génère ont incité beaucoup de Français à partir en vacances près de chez eux. Le Morvan et le lac des Settons en particulier ont ainsi attiré une nouvelle clientèle. Bourguignons, Francs-Comtois, Champenois, mais aussi Lyonnais et Parisiens sont venus chercher le calme du côté de Montsauche. Le problème est qu’ils ont été nombreux à avoir la même idée en même temps et à partir sur un coup de tête.

« C’est la première saison où on a autant de mal à trouver des restaurants et de l’hébergement au dernier moment », constatent Laura Janik et Dylan Salaün, à l’office de Tourisme Morvan sommets & grands lacs. « Tout le monde voulait dormir autour du lac mais entre le 14 juillet et le 15 août, tout était complet. Même les campings. »

Des sandwichs faute de places au restaurant

Nombre de touristes ont également dû se résoudre à se nourrir de sandwichs, faute de places suffisantes dans les restaurants. « C’est entre 300 et 400 assiettes qui ne pouvaient être servies », estime un commerçant, qui rappelle que plusieurs restaurants ont fermé ces dernières années (La Margelle, la Crêperie, l’Auberge de Cernay) et que d’autres ne sont pas ouverts 7 jours sur 7, même en pleine saison, ou répugnent à adapter les horaires de service à la demande de la clientèle…

L’étude en cours dans le cadre du contrat de station ne manquera pas de souligner ces insuffisances. Dans l’immédiat, on espère maintenant autour du lac que l’arrière-saison sera meilleure que le début. « Juillet et août étaient bons, mais on ne pourra pas rattraper mai et juin », prévient Laëtitia Thibault, qui, avec son mari, gère cinq chambres d’hôte à La Nouvelle Diligence. « Pour septembre, on n’a aucune demande. Mais ce sont souvent des réservations de dernière minute », convient-elle.

« Pour septembre et octobre, c’est un peu timide, les gens attendent de voir comment ça va se passer (avec l’épidémie) », constate David Lévy, qui exploite Camping & Chalets.

« On était pratiquement pleins tout le temps en juillet et août. Il y a eu beaucoup plus de monde autour du lac que les années précédentes », ajoute-t-il. Le défi est désormais pour les Settons de donner envie aux touristes de revenir. Et d’avoir les moyens de mieux les accueillir.

Jean-Michel Manquat