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AVIGNON William Mesguich : « Je crois en l’exigence de la littérature »

On le croit encore adolescent, avec son regard d’azur, sa parole passionnée, son sourire lumineux. À 42 ans, William Mesguich, acteur, metteur en scène, comptabilise déjà 50 spectacles. Avec son physique angélique, le fils de l’acteur Daniel Mesguich sera pour la première fois seul en scène ce vendredi soir, et pour la première fois au Théâtre du Balcon, dans les “Mémoires d’un fou”, de Flaubert. Rencontre avec un homme enthousiaste qui ne « vit presque que pour le théâtre ».
Propos recueillis Geneviève ALLÈNE-DEWULF - 16 janv. 2015 à 06:06 - Temps de lecture :
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William Mesguich a su se faire un prénom.
William Mesguich a su se faire un prénom.
Vous vous intéressez surtout aux grands classiques. Et pourquoi Flaubert ?
Je crois profondément en l’exigence de la littérature. Dans des temps de désespérance, il ne faut pas se contenter de spectacles de divertissement, de consommation. Quant aux “Mémoires d’un fou”, j’ai vu interpréter ce texte quand j’avais 20 ans, j’ai été marqué par sa force. J’aime l’écriture de Flaubert, et ses écrits presque visionnaires. Il exprime à la fois l’impossibilité d’écrire et l’absolue nécessité de l’écriture. C’est cette contradiction qui me passionne. Et à 17 ans, quand il a écrit ce texte, Flaubert était lui-même contradictoire : il se rêvait à la fois vieux avec des cheveux blancs, et jeune et beau comme un ange…
Comment avez-vous envisagé ce spectacle ?
À l’origine ce n’est pas un texte de théâtre, on a métissé divers textes de Flaubert, autour du socle dur des “Mémoires”. Mais c’est un texte qui “fait” théâtre, avec l’intervention d’autres personnages. Et Flaubert pose la question de la folie : où la placer ? Est-ce une folie psychotique, une folie douce, rêvée, fantasmée ? rimbaldienne, ou à la Dostoievski ? La question interroge chacun de nous, la part de folie et d’invention de chacun, la nécessité de sortir des conventions : voilà qui est d’une profonde modernité.
Est-ce difficile de se faire un prénom ?
En plusieurs décennies, j’ai rencontré beaucoup d’obstacles. Je savais que j’allais me heurter à des jugements. Quand le père est attaqué, les enfants le sont par ricochets, et on les attend au tournant… Même par des gens qui n’ont jamais vu ces spectacles. Mais, avec 50 spectacles, et tout en travaillant avec mon père, j’ai acquis une sorte de légitimité, si je peux dire.
Vous êtes un habitué d’Avignon…
Je suis venu plusieurs fois, dans le Off ou les Scènes d’hiver. La 1e fois, c’était en 1997, quand Gérard Gelas m’a fait confiance pour la 1e fois, avec “Fin de partie”. Ensuite pour les Scènes d’hiver. Puis pour plusieurs spectacles avec ma compagnie. Je suis heureux de venir cette fois au Balcon pour des Scènes d’hiver.
Quels sont vos projets ?
Pour Avignon, je serai cet été au Chêne noir avec “Notes de sang”, et à la Luna avec un spectacle sur Mozart. Transmettre au mieux ce que j’ai reçu, cela suffit à mon bonheur.

Vendredi 17 janvier, à 20 h 30, au Théâtre du Balcon. Réservations au 04 90 85 00 80 et infos sur theatredubalcon. org