Etats-Unis Pourquoi une pom-pom girl se retrouve devant la Cour suprême

Une adolescente américaine de 14 ans avait été suspendue de son équipe après des injures contre son école. La Haute Cour américaine doit désormais dire si les directeurs d’école peuvent sanctionner leurs élèves pour des propos tenus en dehors de leur établissement.
A.B. - 28 avr. 2021 à 20:27 - Temps de lecture :
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Brandi Levy, l'adolescente qui s'invite à la Cour Suprême américaine. Photo Danna SINGER / ACLU / AFP.
Brandi Levy, l'adolescente qui s'invite à la Cour Suprême américaine. Photo Danna SINGER / ACLU / AFP.

"Fuck l'école, fuck le softball, fuck les pom-pom girls, fuck tout" : avec ce message énervé, accompagné d'un doigt d'honneur, envoyé en 2017 à ses quelque 250 abonnés sur son compte Snapchat, Brandi Levy, 14 ans, lycéenne en Pennsylvanie, n'imaginait pas provoquer un vaste débat sur la liberté d'expression des étudiants aux États-Unis. Jusqu'à voir son cas examiné ce mercredi, quatre ans plus tard, par la Cour suprême, la plus haute juridiction américaine, rapporte Le Washington Post.

Un samedi du printemps 2017, la jeune fille avait appris qu'elle allait devoir rester une année de plus dans l'équipe junior de pom-pom girls de son école, la Mahanoy Area High School, et avait exprimé sa colère dans sa story Snapchat via un snap, posté depuis une supérette – donc en dehors du campus - et censé disparaître au bout de 24 heures. Sauf qu'une capture de ce message avait rapidement circulé au sein de l'école, jusqu'à être montré aux entraîneurs de l'équipe des pom-pom girls, qui avait alors décidé de suspendre la jeune fille pendant un an. Motif : elle aurait violé les règles de son équipe, au premier rang desquelles le respect et l'absence de "langage grossier et de gestes inappropriés".

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Ses parents avaient alors saisi la justice au nom du premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d'expression, obtenant raison en première instance et en appel. Un juge local avait estimé que la suspension de l'équipe violait le premier amendement, et ordonnait sa réintégration dans l'équipe junior. "C'était un peu gênant", reconnaît-elle, mais cela ne l'a pas empêché ensuite de faire son entrée dans l'équipe élite en première et en terminale. A 18 ans, elle suit désormais des études de comptabilité à l'université.

Faut-il sanctionner les propos tenus en dehors de l'école ?

Les autorités scolaires locales ont alors demandé à la Cour suprême d'intervenir en s'appuyant sur un arrêt de 1969, dans lequel la haute juridiction avait autorisé des étudiants à porter des brassards noirs en opposition à la guerre du Vietnam, mais avait précisé que les discours perturbant le fonctionnement des établissements pouvaient être punis. L'affaire se retrouve devant ce mercredi devant la plus haute juridiction américaine, qui doit dire si les responsables des écoles publiques ont le droit de sanctionner leurs élèves pour des propos tenus en dehors de leur établissement.

Brandi Levy a désormais 18 ans et un article de Wikipedia à son nom... Photo Danna SINGER / ACLU / AFP.
Brandi Levy a désormais 18 ans et un article de Wikipedia à son nom... Photo Danna SINGER / ACLU / AFP.

"Il s'agit de l'affaire la plus importante en plus de cinq décennies impliquant le discours des étudiants", explique au Washington Post Justin Driver, professeur de droit à Yale, au moment où les réseaux sociaux provoquent de multiples cas de dérapages ou de harcèlement. "La plupart des discours des étudiants sont tenus hors du campus et de plus en plus en ligne", poursuit-il, spécialement dans une année où le distanciel est devenu la norme.

Le premier amendement "n'oblige pas les écoles à ignorer le discours des étudiants qui perturbe l'environnement du campus simplement parce que ce discours provient de l'extérieur du campus", argumente de son côté un mémoire déposé par le Mahanoy Area School District, qui avait tenté d'exclure Levy de l'équipe des pom-pom girls.

L'affaire a pris une telle ampleur aux Etats-Unis que le cas de cette jeune fille, soutenue par la puissante association de défense des droits civiques (ACLU) a désormais sa propre page Wikipedia