POLLUTION Comment l'eau du lac d'Annecy a été purifiée

Il y a 62 ans, un syndicat était créé pour purifier le lac d’Annecy.
Dominique CHEUL - 30 nov. 2019 à 11:27 | mis à jour le 30 nov. 2019 à 11:59 - Temps de lecture :
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Le lac d’Annecy vu du ciel. Des collecteurs d’eaux usées ont été installés tout autour.  Archives photo Le DL /Norbert FALCO
Le lac d’Annecy vu du ciel. Des collecteurs d’eaux usées ont été installés tout autour. Archives photo Le DL /Norbert FALCO

Retour en arrière, dans les années 50. On a de la peine à l’imaginer aujourd’hui mais le lac d’Annecy recueillait les eaux sales des alentours. Sans filtre. Inutile de vous décrire l’état de l’eau. Et pourtant, on s’y baignait sans vergogne !

Se reversaient donc dans le lac des choses pas très catholiques, qui entraînaient une pollution et le développement d’algues. Ces dernières menaçaient d’asphyxier le lac en surconsommant l’oxygène et en supprimant toute vie aquatique.

Plusieurs personnes vont alors tirer la sonnette d’alarme, dont Paul Servettaz, soutenu par le maire d’Annecy de l’époque, Charles Bosson.

En 1957, huit communes s’allient pour créer le Syndicat intercommunal du lac d’Annecy (le Sila, qui existe encore aujourd’hui). Objectif : mettre en place une ceinture autour du lac sous la forme de collecteurs d’eaux usées longeant les rives. Celles-ci sont alors redirigées vers des stations d’épuration. Filtrées, les eaux propres sont rejetées dans le Fier.

Ces collecteurs seront construits entre 1961 et 1976. L’investissement est conséquent pour l’époque : 350 millions d’euros (2,275 milliards de francs). Depuis ce temps, le lac d’Annecy n’est plus alimenté que par des ruisseaux, torrents et une source souterraine jaillissant à 80 mètres de profondeur. Et surtout, le lac va retrouver sa qualité originelle et acquérir sa réputation de lac urbanisé le plus pur d’Europe.

La pureté a son revers

Pour parfaire le tout, en 1966, le Sila met en place un suivi scientifique pour surveiller la qualité des eaux, en collaboration avec l’Institut national de la recherche agronomique (INRA). Une rareté en Europe et même dans le monde.

Des délégations internationales viennent à Annecy pour s’inspirer du modèle, dont récemment des Chinois du lac de Dongqian.

Mais la pureté a son… revers. Ainsi, les rayons du soleil pénètrent mieux dans une eau pure et ont un impact négatif sur l’écosystème. On risque alors la désoxygénation des masses d’eau profonde. La faune de ces grandes profondeurs est alors touchée. La pureté des eaux engendre une chute du phosphore et en conséquence, une baisse des planctons et des algues, nourriture de la féra et l’omble chevalier. Ce n’est pas nouveau : tout est question d’équilibre dans la nature.

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