Les parcours du pêcheur malin

Mis à jour le 25 mars 2023
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Que vous choisissiez des parcours moins fréquentés et des leurres ou des techniques pas forcément prisés à l’ouverture, l’originalité dans votre démarche fera souvent la différence.

Dans les rases des hauts plateaux, au vairon :

Les hauts plateaux d’Auvergne, du Limousin, de Corse et d’ailleurs sont sillonnés de petits rus ou « rases », aux berges profondément creusées. Ces têtes de bassin réservent toujours de belles surprises à l’ouverture, car de grosses truites y sont souvent venues frayer. Le débit des eaux est régulé par les tourbières ou « sagnes ». Le vairon compte parmi les appâts les plus efficaces pour solliciter ces gros géniteurs qui n’ont toujours pas dévalé. La sauvagerie des truites de rase, très attentives à la qualité de la présentation, ainsi que la configuration des lieux vous obligent à choisir une monture légère et discrète, à plombée interne. Excluez les casques, qui cintrent trop le vairon et brident sa nage dans les faibles volumes d’eau prospectés. Le poids de la monture est calculé de telle sorte qu’elle offre peu de prise au courant et atteigne sa destination : le fond de la cave. En action de pêche avec une classique canne téléréglable, par exemple, et quand le vairon est arrivé à destination, exercez un léger mouvement de dandine. Votre geste doit être calculé de manière à ne pas l’écarter de la cave. La touche, souvent violente, appelle un ferrage énergique. Ne finassez pas et sortez d’autorité votre poisson de son repaire.

À l’ultra-léger, en petit ruisseau boisé : 

En ruisseau boisé, la clé du succès repose sur une bonne maîtrise des lancers, en particulier du balancé sous la canne, qui est ici le plus adapté. L’encombrement des lieux vous oblige à pêcher court et précis, sur des postes bien marqués. Vous misez plus sur l’effet de surprise que sur la qualité de la dérive, qui est courte. Le posé doit donc être parfait, situé juste dans la fenêtre d’attaque du poisson, et aussi discret que possible. Une petite cuiller tournante no 0 ou 1 fera l’affaire. En raison de la faible amplitude de la dérive, le leurre doit entrer en action sitôt le contact pris avec la surface, la rotation se déclenchant aux plus petites vitesses de récupération. Si vous préférez le vairon, choisissez des montures rustiques : un simple plomb “goutte d’eau”, par exemple, enfilé dans la gueule et maintenu en place par un brin de corde à piano replié, ou une monture de l’Aulne dite aussi “godille”. Votre moulinet, garni de Nylon en 14/100 et doté d’un pick-up qui se rabat sans effort, doit récupérer au moins 70 cm par tour de manivelle.

En rivière de moyenne montagne, au toc et en dérive naturelle : 

Pierre Sempé a popularisé et modernisé cette technique s’inspirant du toc à la pyrénéenne. Cette pêche aux appâts vivants en dérive naturelle, qui fait appel à une canne de type anglais, consiste à faire évoluer l’esche à la bonne profondeur, dans la bonne veine d’eau et à la même vitesse que celle du courant. Là encore, le succès est assujetti au juste calcul de la plombée et à sa répartition dégressive sur la bannière pour une meilleure présentation de l’appât. Les plombs mous les plus légers se trouvent au bas de l’empile, leur poids et leur écartement augmentant tandis que vous remontez vers le haut, au-dessus de l’hameçon. La bonne perception des touches, généralement très discrètes, compte parmi les autres difficultés de cette pêche.

En torrent accidenté, avec une canne téléréglable : 

La canne téléréglable, dont l’encombrement une fois repliée est réduit, vous permet de la glisser dans un sac à dos. Vous gardez ainsi les mains libres pour franchir les passages scabreux d’un torrent de montagne, et effectuer au besoin de courtes escalades. Pour réduire la pression de courants tourbillonnaires exercée sur le fil, qui peuvent contrarier la dérive naturelle des appâts, un Nylon suffisamment fin s’impose, dont le diamètre n’excède pas le 12 ou 14/100. Il vous faut ensuite trouver le bon compromis entre une plombée assez étalée pour offrir la souplesse requise, qui permettra à la ligne d’épouser naturellement les turbulences, et assez rapide pour maintenir l’esche au bon niveau.

Dans les pools profonds de grande rivière, au “suspender”

Le poisson nageur de type suspender permet de prospecter méthodiquement des niveaux précis, dans ces pools calmes, larges et profonds des grandes rivières de plaine si souvent occupés par de belles truites à l’ouverture. Après avoir pris contact avec la surface, vous entamez une récupération accélérée pour amener rapidement le leurre à son niveau d’évolution, généralement compris entre 1 et 2 mètres sous la surface. Une fois le leurre stabilisé à cette profondeur, vous respectez une phase d’immobilité. Le travail d’animation se résume donc à des récupérations rapides, suivies de pauses mises à profit pour imprimer de petits écarts latéraux et des tressautements sur place. Obligez-vous à pêcher au ralenti, en privilégiant les animations lentes, insistantes, très efficaces pour solliciter ces truites si peu actives du début de saison. L’attaque se produit souvent pendant les phases d’immobilité ou bien lors de ces légères animations imprimées durant les pauses. En l’absence de touche, rien ne vous empêche de pêcher plus profond, avec un crankbait, par exemple.

 

En réservoir, à la mouche

C’est une option si vous ne disposez pas de rivières à truites près de chez vous. En début de saison, les éclosions se produisent plutôt au « coup de midi » ou en début d’après-midi. Quelques éphémères prennent leur envol en mars, comme Rhitrogena haarupi, que les Anglais nomment « March Brown », Baetis rhodani, dit « Red Spinner », ou encore Epeorus (« Yellow spinner »). Les chironomes peuvent apparaître à toute heure de la journée, avec des pics d’éclosion dans l’après-midi, ainsi que quelques perles (plécoptères) appartenant aux genres Capnia , Nemoura ou Brachyptera . En réservoir à l’ouverture, le streamer en plumes ou en poils est une valeur sûre, qui peut être réaliste (imitation d’alevin) ou au contraire fantaisiste. Les Baby Doll, Black Booby, Booby Flash ou Zonker doivent alors figurer dans votre boîte. En début de saison, un streamer est animé lentement, plutôt près du fond, sachant que vous favoriserez son immersion plus rapide si vous utilisez un bas de ligne court de l’ordre de 2,50 m, prolongeant votre soie flottante.

Le toc… à la cuiller !

Le procédé, certes peu orthodoxe, permet de prospecter aux leurres des parcours très étroits de type rase, inexploitables avec un matériel de pêche au lancer traditionnel. Ceci à l’aide d’une barre ou d’une longue canne téléréglable ! Vous utiliserez en priorité des cuillers à palette ongle, qui entrent en rotation aux plus faibles vitesses de récupération. Le leurre doit être suffisamment dense pour parvenir rapidement au fond de la cave. Les micro-ondulantes animées à l’aplomb des berges peuvent aussi s’avérer efficaces.

Bolognaise pour les très longues coulées en plaine

La bonne conduite à distance de la dérive d’un appât naturel n’est pas forcément évidente dans les grands courants larges et profonds des grandes rivières de plaine. La bolognaise, technique habituellement réservée aux pêcheurs au coup, apporte une réponse adaptée à la prospection de ces très longues coulées en début de saison. Le flotteur bolognais, bon porteur et quillé, demeure très stable au milieu des turbulences. Il est lesté par une plombée massive, calculée pour maintenir l’appât au niveau voulu. Opérez des manœuvres d’aguichage régulières, qui décollent l’appât du fond.

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