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Après «Patients», Grand Corps Malade retourne à «La Vie scolaire»**

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Fabien Marsaud, plus connu sous le nom de Grand Corps Malade, avait créé l’événement en 2017 avec son premier film, « Patients », réalisé avec Mehdi Idir. Le duo porte cette fois son attention sur un collège de Saint-Denis, à travers le regard d’une jeune conseillère principale d’éducation.

– Pourquoi tourner dans ce collège de Seine-Saint-Denis ?

Fabien Marsaud (Grand Corps Malade) : « Avec Mehdi Idir, nous avons tous les deux grandi à Saint-Denis. Nous avons décidé de faire ce film dans notre environnement. Saint-Denis donc, obligatoirement. Nous avons tourné dans le collège qu’a fréquenté Mehdi. On l’aimait également parce qu’il y a une proximité avec la cité des Francs-Moisins. Nous voulions montrer que le quartier influence le collège, que le collège influence le quartier, que les frontières sont très poreuses. »

Grand Corps Malade et Mehdi Idir. Photo MAXENCE DEDRY
Grand Corps Malade et Mehdi Idir. Photo MAXENCE DEDRY

– Le scénario est donc truffé de choses entendues ou vécues…

Mehdi Idir : « Beaucoup de choses vécues oui. Nous avons puisé dans nos souvenirs respectifs. »

– Dès lors, la question surgit : qu’est-ce que l’Éducation nationale apporte à ces élèves ?

GCM : « Tout n’est pas si simple. Oui, l’Éducation nationale sert à quelque chose, le corps enseignant est très engagé, il y a des conseillers principaux d’éducation (CPE) prêts à tout, des êtres humains qui donnent du sens à leur mission… Mais oui aussi il y a un contexte général qui fait que l’échec est encore là. »

MI : « Nous nous sommes efforcés d’aller au plus près possible de la réalité, en décrivant vraiment ce qui se passe dans un collège proche d’une cité. Le message, au-delà de ça, c’est que le contexte est plus fort que les êtres humains. Et ça n’est pas de la mauvaise volonté de chacun. »

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– Dans votre film, on croise des membres de l’Éducation nationale eux-mêmes issus de l’immigration. Ça dit quelque chose de la société…

MI : « C’est au cinéma français de se rendre compte qu’il y a des gens issus de l’immigration dans toutes les strates de la société. Nous sommes formatés par des années de cinéma et de télévision. Or, oui, il y a des profs issus de l’immigration, des directeurs aussi… Nous avons tellement l’habitude de ne voir des Noirs et des Arabes que dans certains rôles. Je dis ça parce que j’ai des potes comédiens, je vois bien les rôles clichés qu’on leur propose. »

GCM : « Nous avons fait en sorte que ça corresponde le plus possible à la réalité. Le personnage de Soufiane, il n’est pas "arabe prof de maths". Il est juste "prof de maths". J’espère que ce sera de plus en plus naturel. »

– Le film en milieu scolaire est un genre à part entière… Vous avez montré des films évoquant cette thématique à votre équipe ?

GCM : « Non. Nous avions l’expérience de Patients. On s’était fait une petite liste de tous les films d’hôpitaux, avec des DVD. Et on ne les a jamais touchés ! S’agissant du milieu scolaire, nous avions vu Entre les murs (de Laurent Cantet, Palme d’or 2008 à Cannes). Un film dur, grave et sans humour. Il était inconcevable pour nous de faire un film à cet endroit-là, avec ces gamins-là, sans glisser des vannes et faire de la comédie. Même si on n’élude pas les sujets graves, comme la drogue par exemple. Nous avons voulu une tonalité dynamique. »

– Ce bureau de la vie scolaire, on ne cesse d’y entrer, d’en sortir…

GCM : « Le bureau de la vie scolaire est à la croisée d’un tas de domaines. Il est en lien avec la direction, l’administration, les élèves pour faire respecter le règlement. Le CPE a un rôle très social. Il y a toujours quelqu’un qui a besoin de quelque chose, même des profs. Des choses superficielles ou des choses graves dans la même minute. On a redécouvert ce métier en faisant le film. Ce bureau, c’est un moulin. »

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