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À Tourcoing, Cédric Klapisch met «La Flûte enchantée», l’opéra-tube de Mozart, à portée du grand public

Le réalisateur de « L’Auberge espagnole » fait ses débuts à l’opéra en mettant en scène l’œuvre la plus populaire de Mozart, « La Flûte enchantée ». Elle commence sa tournée ce week-end à l’Atelier lyrique de Tourcoing. À guichets fermés, mais elle sera prochainement diffusée sur France TV. Entretien et coulisses.

Temps de lecture: 3 min

– Avec Natacha, la danseuse des Poupées russes (2005) et votre film En Corps (2022), vous vous étiez déjà intéressé aux arts de la scène. Mais comment passe-t-on après trente ans de carrière au cinéma à l’opéra ?

« Chorégraphier le spectacle et avoir un rapport plus fort avec la musique que dans mes films m’intéressait. C’était comme apprendre un nouveau métier. Diriger des acteurs, mettre en relation des images avec de la musique, c’est ce que je sais faire et en même temps, là, c’était nouveau. C’est toujours créer des images, mais pas de la même façon. J’ai découvert un nouveau monde et adoré l’expérience ! »

– Vos films disent tous quelque chose de l’air du temps. Pourquoi avoir choisi La Flûte enchantée, écrite par Mozart en 1791 ?

« C’est l’œuvre de Mozart que je préfére au niveau musical. Et plus je me penchais sur l’histoire, plus je trouvais qu’il y avait des résonances avec aujourd’hui. Il y a deux thèmes très actuels : le combat entre nature et civilisation, avec le rapport au progrès. Et le rapport entre les hommes et les femmes : le néoféminisme, où le patriarcat reste une sorte de citadelle à conquérir, résonne avec le combat entre Sarastro et la Reine de la Nuit. Si La Flûte enchantée a traversé les siècles, ce n’est pas pour rien. Mozart a créé des tubes ! »

– Revisité à la sauce Klapisch, le chef-d’œuvre de Mozart mise beaucoup sur l’humour. C’est aussi une manière de dépoussiérer l’opéra ?

« Beaucoup de gens ne vont pas à l’opéra. L’opéra peut faire peur. J’ai modestement voulu dépoussiérer cette image-là et rendre accessible l’histoire en la simplifiant, en allant du côté du divertissement, comme on fait dans la BD. L’humour, c’est ma patte, même si c’était déjà aussi l’esprit de Mozart, qui voulait faire du spectacle populaire. Ses personnages sont comiques, j’ai juste poussé ça. J’ai aussi traduit des passages parlés de l’allemand au français de 2023 : ça réveille le spectateur en montrant qu’on peut s’amuser avec des choses anciennes. J’aime bien ce côté iconoclaste. »

– À l’opéra, pas de montage comme au cinéma...

« Lors des deux mois de répétition, je me suis rendu compte que c’étaient les acteurs qui étaient maîtres du spectacle une fois sur scène : ce qui est très différent du cinéma ! Il n’y a pas non plus toutes les étapes du scénario, du montage, où on peut récupérer des choses. Ça veut dire qu’on confie tout ça aux acteurs. L’autre différence, c’est le décor. Sur une scène de théâtre, il faut choisir un seul lieu, qui est très symbolique et qu’il faut monter de toutes pièces. »

– Votre prochain défi, ce sera quoi : film, opéra... ou comédie musicale ?

« Je ne vais pas abandonner le cinéma : je suis en train d’écrire le scénario d’un long-métrage qui sera tourné au printemps. Mais j’ai toujours rêvé de faire une comédie musicale et le fait d’avoir fait un opéra me donne encore plus envie... »

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