Musique Le Mag

Vincent Delerm fête ses 20 ans de carrière: «Le job de chanteur est une chance absolue»

Accueil Musique

Pour ses 20 ans de carrière, c’est lui qui offre le cadeau ! Un double album, des chansons inédites, un livre photo et d’autres surprises comme autant d’instants de vie retraçant sa carrière. Drôle et touchant, comme ses chansons.

L’objet est intrigant, hybride. Un peu comme la carrière de Vincent Delerm que le grand public connaît d’abord comme chanteur mais qui navigue aussi du côté de la photo et du cinéma.

Le plus touchant est sans doute l’album intitulé Comme une histoire qui retrace 20 ans de carrière au son d’archives, de lives, de chansons inédites. Un film sonore, au remarquable et colossal montage, réalisé avec son acolyte Maxime Le Guil. Il débute avec la voix de Fanny Ardant qui susurre « Dites-moi des choses ».

Vincent Delerm en a des choses à dire, dans cet opus qui traverse nos oreilles et guide notre imagination. Ici, dans une salle de la fac de Rouen où, étudiant, il faisait ses premiers pas sur scène. « J’ai trouvé cet enregistrement de la chanson Salle Pleyel dans mes archives. Le début est avec ma voix de l’époque et les vingt personnes du public. Et la fin avec ma voix d’aujourd’hui, un clavier au son plus synthétique. C’est aussi une manière de dire que ce qui compte c’est la permanence de ce que tu as à dire même si la manière de chanter évolue. » La voix mal assurée des débuts laisse place à celle plus travaillée du chanteur d’aujourd’hui. Astucieux procédé qui permet de démythifier le métier, qui laisse deviner le côté laborieux d’une vie d’artiste.

Des inédits

Avec cet album, on jette un œil dans les coulisses, les à-côtés, les crêperies avec les musiciens, l’admiration pour Alain Souchon, la voix d’un fils, les maquettes de son deuxième album réalisées dans une cave lilloise, les allers-retours en train, un avril neigeux avec des musiciens suédois qui ne parlaient pas français.

« Être chanteur, c'est un job qui est quand même une chance absolue. Même si certains aimeraient être plus populaires ou au contraire être reconnus par des médias pointus… En fait, à l’arrivée, tu as vite fait d’oublier que c’était ton rêve quand tu avais 12 ans et demi. Que c’est ta vie et que tu en fais ce que tu veux. »

On découvre aussi des inédits, patchwork de chansons anciennes mais jamais sorties (Daho, Le Silence après les attentats) ou titres spécialement écrits pour l’album (Jeanne et L’Attrape-cœur).

« L’idée était de créer des sensations, des émotions en additionnant les choses. C’est à la fois autobiographique mais aussi de l’autofiction. Il faut organiser les choses pour qu’elles deviennent touchantes. C’est aussi une façon de rendre hommage à toutes les incroyables rencontres que me permet ce métier. Mais il faut faire attention à ne pas tomber dans l’égocentrisme. J’ai par exemple enlevé des applaudissements pour éviter l’hagiographie », s’amuse-t-il.

L’idée était de créer des sensations, des émotions, en additionnant les choses.

On se prend à avoir les larmes aux yeux en écoutant un message téléphonique de son ami Jean Rochefort. À sourire quand il évoque les ronds sur les i, les agendas Chipie et les collèges Pablo-Neruda.

Le deuxième album, Sans paroles, regroupe 20 titres revisités en version piano, parfois complètement réinterprétés jusqu’à ne plus les reconnaître ( Les filles de 1973 ont trente ans).

« Je les ai pensés comme quand je joue chez moi, seul au piano. Les versions instrumentales de Sans paroles devaient faire l’équilibre avec Comme une histoire, où le texte compte beaucoup. Il est très bavard ! » Le concept, moins prenant, se joue comme une petite musique de fond qui nous accompagne.

Enfin, il y a un livre. Version photographique de cette histoire sonore avec, au fil des pages, manuscrits, set-lists de concerts, lettres de fans, photos de tournées, mot touchant de Jean-Louis Trintignant.

Le tout forme un album qu’on écoute et qu’on feuillette, le film d’une vie dans lequel, nous aussi, on a un peu l’impression d’être figurant.

« Comme une histoire » et « Sans paroles »***. Tôt ou tard (sortie le 28 octobre).

Vincent Delerm sera en concert à Lille, au théâtre Sébastopol, le 3 novembre.

A lire aussi

Voir plus d'articles