Daniel Schneidermann et Chloé Delaume présentent leur ouvrage dimanche à Châlette

Journaliste, écrivaine, regards croisés

Jusqu'au milieu des années 2000, Daniel Schneidermann prenait un malin plaisir à épingler ses confrères dans son émission Arrêt sur images. La télé « flinguée » par la télé. Un programme devenu culte pour toute une génération. Après l'arrêt de l'émission, le concept s'offre une nouvelle vie sur le net à travers le site web @rrêtsurimages.

Dimanche, au festival du livre « Autrement, autres mots » de Châlette-sur-Loing, Daniel Schneidermann aura rangé son colt. Il viendra présenter son ouvrage La où le sang m'appelle, coécrit avec sa compagne Chloé Delaume.

Cette autofiction aborde le personnage du Libanais Georges Ibrahim Abdallah en croisant les regards de Schneidermann, le journaliste, et Delaume, l'écrivaine. Activiste pro-palestinien, Georges Ibrahim Abdallah a été arrêté en 1984 et reconnu coupable de complicité d'assassinats de deux diplomates, l'américain Charles R. Ray, et Yacov Barsimentov, conseiller à l'ambassade d'Israël, exécutés d'une balle dans la tête à Paris deux ans plus tôt.

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, l'homme est libérable depuis 1999. Mais reste emprisonné. Considéré comme un terroriste, Georges Ibrahim Abdallah est également défendu par ceux qui le considèrent comme un prisonnier politique.

Ce que ne contredit pas Schneidermann : « On soupçonne fortement que les deux diplomates assassinés appartenaient aux services secrets de leurs pays respectifs. Les faits sont ceux-là. Si on considère que dans une démocratie comme l'est la France, on ne doit pas avoir recours aux armes, le fait de prendre les armes fait d'Abdallah un terroriste. Là ou c'est compliqué, c'est qu'il est ressortissant d'un pays qui était en guerre au moment des faits. Ces cibles sont des cibles choisies et peuvent être analysées comme des cibles militaires », explique-t-il. Le dossier Abdallah, Daniel Schneirmann a travaillé dessus. Il était alors un jeune journaliste au Monde.

Le choix de revenir sur cette affaire s'est fait naturellement pour cet ouvrage. Chloé Delaume n'est autre que la nièce de Georges Ibrahim Abdallah. Le journaliste et l'écrivaine sont donc partis sur ces traces, au Liban, pour confronter deux visions du personnage : « Quand on s'est rencontré, Chloé voulait renouer avec son histoire paternelle. Et on avait envie de faire un livre ensemble pour croiser nos écritures ».

S'alternent des passages où Chloé Delaume raconte son histoire et d'autres où Daniel Schneidermann intervient. « On a le regard de Chloé, qui est à la fois littéraire et familial et mon regard de journaliste. Dans le livre, elle explique ce qu'était pour elle "l'oncle Georges", moi j'explique comment dans les bureaux du Monde on vivait l'affaire Abdallah. Elle raconte Georges, je raconte Abdallah ».

Jean-Baptiste Dos Ramos
jean-baptiste.dosramos@centrefrance.com