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L'aide sociale à l'enfance 63 dépassée par le nombre de migrants mineurs isolés

L'aide sociale à l'enfance 63 dépassée par le nombre de migrants mineurs isolés
Nelly Ghilardi, Céline Serre et Céline Des Mazis, membres du collectif Clermont Fait Monde entourent Aboubacar, 16 ans, originaire de Guinée-Conakry, qui rêve « d'aller à l'école pour devenir cuisinier » et discutent avec une personne de l'ASE alors qu'une cinquantaine de jeunes migrants attendaient, lundi matin, dans le hall du centre Pierre Bouchaudy ( Maison de la solidarité et de l'action sociale) une solution d'hébergement pour la nuit. © Agence RIOM
Une cinquantaine de migrants mineurs isolés occupaient lundi 3 décembre, au matin, au centre Pierre Bouchaudy ( Maison de la solidarité et de l'action sociale) à Clermont-Ferrand dans l'attente d'une solution d'hébergement pour la nuit et d'un repas alors que l'Aide sociale à l'enfance 63 tenait une réunion de crise.

[Article mis à jour à 19 h]La sonnette d'alarme est tirée depuis longtemps mais, ce lundi 3 décembre au matin, elle a retenti plus fort. L'Aide sociale à l'enfance (ASE) du Puy-de-Dôme, qui gère actuellement 515 migrants mineurs isolés, peine à faire face à l'urgence face à l'arrivée quotidienne de nouveaux jeunes. Ses structures d'accueil sont pleines, les hôtels aussi et elle n'a que quatre éducateurs et un budget depuis longtemps consommé.

Tous les soirs il y a des jeunes qui dorment dans la rue. En tant que citoyens, on ne peut pas l'accepter.

« Ce matin, un hôtel menaçait de ne plus accueillir de jeunes migrants, l'ASE n'ayant pas réglé ses trois dernières factures et, ce week-end, le Chorum Saint-Jean n'a pas distribué de repas suite à une altercation et c'est nous qui avons dû assurer les repas pour quatre-vingts personnes », expliquent des membres du Collectif Clermont Fait Monde qui a choisi de suivre les migrants mineurs.  

« Cela fait deux ans que nous hébergeons des jeunes pour l'ASE. Notre hôtel dispose de 77 chambres et nous avions encore trente jeunes ce week-end mais j'avais dit que j'arrêtais de les prendre en charge le 3 décembre si je n'avais pas de nouvelles du pôle financier. J'avais tout de même près de 35.000 euros dehors. On peut comprendre qu'on ait besoin de délais mais qu'on réponde à nos appels », expliquait la directrice de cet hôtel alors qu'elle venait enfin de voir passer trois virements. « Les choses sont rentrées dans l'ordre ce matin, mais je ne prends plus que quinze jeunes car je dois aussi répondre aux demandes de ma clientèle ».

Héberger chez soi, à Clermont-Ferrand, des demandeurs d'asile quelques jours

Quinze jeunes ont donc rejoint,  au centre Pierre Bouchaudy ( Maison de la solidarité et de l'action sociale), la cohorte de ceux qui n'ont toujours pas de solutions d'hébergement , tandis qu'à l'étage l'ASE tenait une réunion de crise.
Pendant ce temps, les éducatrices se relayaient dans un bureau pour recevoir chaque jeune individuellement pendant que le personnel de l'accueil un peu submergé, distribuait des feuilles pour que chacun inscrive ses besoins en termes de produits d'hygiène, de vêtements, de chaussures. 

« Certains sont toujours en tongs », explique Nelly Ghilardi, du collectif Clermont- Fait Monde.

Le collectif Clermont Fait Monde fait d'ailleurs appel aux dons  d'argent ( pour payer des repas, des cartes SIM, des photos d'identité...) mais aussi aux dons de produits d'hygiène pour garçons et pour les filles (serviettes hygiéniques), de sous-vêtements, de chaussures du 41 au 46, de chaussures à crampons, de ballons de foot, de jeux de cartes et de société, de livres et de cahiers de vacances du CP à la 5e, « car tous ces jeunes ont besoin de s'occuper en attendant qu'on instruise leur dossier et de passer les évaluations de minorité ». Le collectif n'ayant pas de local, prendre contact via la page Facebook Clermont Fait Monde : solidarité avec tous les migrants.

A midi, six places d'hébergement avaient été trouvées et le Chorum acceptait d'assurer les repas de nouveau, moyennant la présentation d'une carte avec photo d'identité. Mieux que rien, mais largement insuffisant. Il va falloir trouver l'argent pour les photos, et plus largement on aimerait qu'il y ait plus d'hébergeants solidaires et que le Conseil départemental du Puy-de-Dôme fasse connaître le dispositif de "tiers digne de confiance" avec l'ASE », précisait encore le Collectif Clermont Fait Monde.

Contacté en fin de journée Alexandre Pourchon, premier vice-président en charge des Solidarités Sociales au Conseil départemental, précise que ce sera finalement l'AEP de la Plaine qui livrera les repas. Il rappelle par ailleurs qu'il a fait voter en mars  «un budget de 3,2 millions d'euros ( en augmentation d'un million par rapport à 2017) pour les migrants mineurs non accompagnés».  

«Ce budget a littéralement explosé puisqu'on sera à 6,5 millions d'euros à la fin de l'année», précise Alexandre Pourchon.

«Je suis par ailleurs tout à fait favorable au dispositif "Tiers digne de confiance" ou au "parrainage de majeurs" dont je fais la promotion depuis trois ans. Je préfère de loin que les jeunes soit dans des familles c'est plus sécurisant pour le jeune et moins coûteux pour la collectivité», dit-il.

Mais le fond du problème est ailleurs. «Il y a trois ans nous avions 60 mineurs isolés, aujourd'hui nous sommes à plus de 600 jeunes migrants dont 25% seulement sont effectivement des mineurs. Nous sommes en train de revoir le processus d'évaluation ( et d'hébergement) afin que la minorité soit établie sous quinze jours et non pas au bout de plusieurs semaines voire des mois. Le Département a la volonté d'être exemplaire dans la prise en charge des mineurs et le sera mais c'est à l'Etat de s'occuper des jeunes majeurs», explique encore Alexandre Pourchon. 

Géraldine Messina

geraldine.messina@centrefrance.com


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