Décès d'Alex Métayer
Le comédien et humoriste Alex Métayer est mort à Paris, à l'âge de 73 ans. Alex Métayer avait conquis un public croissant au fil de quarante ans de carrière, durant laquelle il fut le caricaturiste aigu de la société, stigmatisant avec talent les travers du Français moyen.
- Publié le 21-02-2004 à 00h00
Le comédien et humoriste Alex Métayer est mort des suites d'une longue maladie samedi, à Paris, à l'âge de 73 ans, a-t-on appris auprès de son entourage.
Né à Marseille le 19 mars 1930 de parents bretons, élevé en Algérie, ce personnage familier des scènes parisiennes, connu pour son accent pied-noir, était de la même génération que Guy Bedos.
Il avait présenté son dernier spectacle en 2000 au théâtre du Palais Royal à Paris («Alex Métayer perd la tête»).
Alex Métayer avait conquis un public croissant au fil de quarante ans de carrière, durant laquelle il fut le caricaturiste aigu de la société, stigmatisant avec talent les travers du Français moyen.
Trotskyste dans sa jeunesse, il avait été formé à l'école du cabaret et de la radio, avant de trouver sa voie dans le one-man-show, qu'il concevait comme une histoire avec des personnages exubérants, bigarrés, dérisoires ou émouvants.
Sur scène, son punch était au service d'un comique de situation plutôt que de mots et sa verve caustique était «ironique mais pas cynique».
Alex Métayer, fils d'un officier d'aviation, est né à Marseille de parents bretons le 19 mars 1930. Il passe son adolescence en Algérie, pays qui marquera sa forme d'humour qu'il définissait «comme proche de l'école latine, mâtinée d'humour juif».
Il quitte l'école très tôt pour étudier par correspondance, avant de décrocher un premier prix de clarinette au Conservatoire, puis commence comme saxophoniste dans un orchestre de jazz. Il découvre alors qu'en parlant au public pendant la pause des musiciens, il... fait rire.
L'artiste décide d'utiliser ce don et passe dans les cabarets des années 60 aux côtés de Bobby Lapointe, Jean Ferrat, Barbara. En 1964, il assure la première partie de Georges Brassens à Bobino.
Les deux années de fou rire comme animateur dans l'émission de France-Inter «L'Oreille en coin», le propulsent sur la scène.
En 1975, il signe son premier one-man-show «Mémoires d'un amnésique», suivi de «Nous on s'aime» (1976), «La Vie en V.O.» (1978), «Merci Disco» (1979).
Forçat du one-man-show, toujours vêtu de blanc sur scène, l'humoriste qui avouait «avoir mis du temps à trouver son style», enchaîne spectacles et tournées à un ryhtme effréné avec «Les Femmes et les enfants d'abord» (Bobino, 1983), «Liberté chérie» (1985), «Y'a un malaise» (1981), «Moral d'acier» (1990).
Dans «Opéra comique» (1993) il dresse le portrait d'un homme déçu des années 90 qui lui ressemble étrangement, et qui lui vaut le grand prix de l'humour de la Société des Auteurs et Compositeurs. Le spectacle se double d'un livre du même nom.
Entre-temps, il réalise deux films «Le Bonheur se porte large» (1988) et «Mohamed Bertrand-Duval» (1991), fable sociale tendre-amère qui n'a pas rencontré son public. Il écrit également «Aimez-moi les uns les autres», pièce qu'il jouera en compagnie de son fils aîné Eric en 1996.
L'année suivante l'humoriste revient à son couple-vedette Maurice-Nicole entouré de ses enfants, dans un nouveau one-man-show «Famille je vous haime». Dans cette comédie humaine personnelle, il propose pas moins de quinze personnages, avec lesquels il jongle allègrement, passant de l'un à l'autre avec dextérité.
Changement de style en 2000 avec «Alex Métayer perd la tête». Dans ce dernier spectacle, le comique qui, autodidacte, a gardé une nostalgie des études, se transforme en instituteur.
Observateur féroce de lui-même, de ses proches et de ses contemporains, Alex Métayer faisait dire à l'un de ses personnages derrière lequel il se cachait: «Y'a trois choses qu'on ne peut pas regarder en face: le soleil, la mort et le dentiste».