On trouvera dans ce volume, dont la couverture reproduit au mieux sa jaquette originale, le recueil Harmonium - son premier - que Wallace Stevens, à l'âge de 44 ans, publie en septembre 1923 au terme d'hésitations « atroces » et de « fastidieux » efforts de sélection. Différant, en nombre de poèmes, de la version suivante et canonique de 1931, il permet de voir, au plus près, comment ce poète construit sa figure et sa geste : on peut ainsi très raisonnablement penser que le surprenant texte de présentation de l'auteur sur le premier plat de la jaquette (lequel disparaît par la suite), qui vise à l'inscrire dans la contemporanéité de son siècle et dans le modernisme agissant de son pays, est de la main de Stevens.
Biographie
Wallace Stevens (1879-1955) est, de la modernité nord-américaine du 20e siècle, l'une des plus singulières éminences. Seul de sa génération (qui compte, en poésie, H.D., T.S. Eliot, Marianne Moore, Ezra Pound, William Carlos Williams entre autres) à ne jamais mettre les pieds en Europe, il fut d'abord dilettante, puis journaliste, juriste ensuite, enfin vice-président de la société d'assurance Hartford Accident and Indemnity Company. Notable assumé, il tint longtemps sa discrète mais vitale activité poétique strictement à l'écart de sa carrière professionnelle : il serait surpris - et, fier sans doute, heureux assurément - d'apprendre que son Harmonium (qui se vendit fort mal à sa parution) est aujourd'hui l'un des instruments majeurs desquels se joue la poésie contemporaine. « À ma mort on trouvera gravé sur mon coeur, outre les initiales de tas de séduisantes jeunes filles, que j'ai connues, le nom d'Aix-en-Provence. »
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