Ces ruelles où il fait bon se perdre

  • Pas de voitures dans cet entrelacs de ruelles où l'esprit vagabond gagne.
    Pas de voitures dans cet entrelacs de ruelles où l'esprit vagabond gagne. Photos DDM, JPC.
Publié le , mis à jour
Jean-Paul Couffin

Particularité de la ville, le quartier des ruelles porte en lui un pan de l'histoire de la bastide. Les lieux se partagent et se découvrent sans cesse, que pour le plaisir.

Loin des regards obliques des passants honnêtes, les ruelles posées de l'autre côté de la bastide représentent un pan aussi surprenant que singulier de l'histoire urbanistique de la cité. Un peu dans le prolongement des jardins de la rive, derrière les hauts murets qui escamotent les lieux des pupilles curieuses, se cachent d'anciennes maisonnettes de vigne, parcelles de terre, mais aussi des lieux d'habitation à l'écart de la ville elle-même. Un lieu vide de voitures, tout au plus dans certaines d'entre elles deux passants arrivent-ils à se croiser, où le bien vivre l'emporte. Même si certains graffeurs s'en donnent à cœur joie, alors qu'à deux pas sur le parking des ruelles… un mur leur est grand ouvert.

Leurs noms se superposent : ruelle de la Douve, ruelle Jacquemont, ruelle Gargaros ou du Bon-Pasteur ou encore ruelle de la Clède. Elles portent en elles aussi certaines parcelles d'une histoire pas toujours réjouissante.

Après le 17 septembre 1943, alors qu'ils venaient de tenter de se libérer du joug des nazis, et que la répression sanglante s'abattait sur Villefranche, de jeunes soldats croates et bosniaques tentèrent (et pour certains réussirent) de s'y réfugier pour passer entre les mailles du filet allemand. Le salut derrière les hauts murs de pierres.

Des murs qui n'ont pas bougé. Tout au plus afin de dissuader des visiteurs pas désirés de les escalader, certains ont-ils scellé sur leur haut des tessons de bouteilles de verre.

S'y déplacer équivaut à se perdre dans un étroit labyrinthe à deux pas des rumeurs de la bastide. Un entrelacs de courbes ou de courtes lignes droites, des entrées basses marquées par des portes en arceau, une omniprésence du lierre se répandant par-delà les parois.

Les ruelles c'est aussi le domaine des jardins vivriers d'hier. Avec de petits bouts de terre «distribués» dès l'édification de la cité afin d'inciter les populations à venir s'y installer et favoriser leur ancrage dans la ville. Aux lots à bâtir, que l'on nommait ayral, sont associés un lot de jardin, «lo cazal », et un lot de terres cultivables pouvant être aussi bien des arpents de vignes ou des champs. Le quartier des ruelles demeure bien le vestige vivant de ce Villefranche initial. Quant aux parcelles de vignes qui couraient sur les collines ceinturant la cuvette, elles sont passées par pertes et profits de l'urbanisation.

Qu'à cela ne tienne ! Mais mine de rien, une petite escapade en forme sans billet d'avion, ni visa imposé, dans ces ruelles offre une incroyable bouffée de bonheur simple. À portée de foulée ou d'enjambée…

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