Michel Plasson. « En 1968, Toulouse était merveilleuse »

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Publié le , mis à jour
Photo DDM, Michel Labonne

Michel Plasson a dirigé pendant 34 ans l'Orchestre national du Capitole de Toulouse. Arrivé en 1968, il a transformé une modeste formation de province en ensemble de réputation internationale. Vivant aujourd'hui dans l'Hérault, à quelques kilomètres de Béziers, dans un ancien domaine viticole, le chef d'orchestre travaille régulièrement, sa principale mission actuelle l'amenant trois mois par an en Chine. Rencontre avec un maestro qui a profondément marqué la vie culturelle française.

Michel Plasson reçoit...

Michel Plasson reçoit dans son immense bureau, annexe cosy de sa belle maison située près de l'oppidum d'Ensérune, dans l'Hérault. Au centre de la pièce : deux pianos à queue Steinway ; sur les murs : des rangées de vinyles et de CD, une affiche de la Scala de Milan où son nom figure en tête, de nombreuses images du photographe Jean Dieuzaide, l'ami très cher aujourd'hui disparu… A 77 ans, le chef d'orchestre n'a pas changé : toujours aussi brillant et subtil, d'une élégance à l'ancienne qui marque instantanément les visiteurs. Après l'entretien, Michel Plasson nous conviera à boire un verre dans sa demeure. L'occasion de retrouver sa douce moitié, Mercedes, ancienne violoniste et professeur de violon, « qui a formé tant de musiciens du Capitole », précise fièrement son mari. Sur la cuisinière mijote un civet de lièvre qui parfume la pièce…

Comment êtes-vous arrivé à Toulouse en 1968 ?

A l'époque, j'étais chef d'orchestre à Metz et j'avais le choix de partir à Toronto (où était Seiji Ozawa). Si j'avais accepté j'aurais sans doute eu une vie très différente, comme mon fils, qui travaille à New York. Je désespérais de voir la France et sa musique aussi mal en point, aussi pauvre, orpheline. Je voulais faire quelque chose, chez nous. Sur proposition de ses proches, le maire Louis Bazerque m'a proposé le poste et j'ai dit oui.

Quelle était la réputation de l'orchestre alors ?

Au début des années 70, la flamme musicale était entretenue par Louis Auriacombe. Avec des transfuges de l'orchestre de Radio Toulouse, cet homme de grande qualité avait créé un orchestre de chambre de très haute qualité. Quant à l'orchestre de Toulouse, il ne se consacrait qu'à l'opéra. Il était insuffisant même s'il y avait des musiciens de grande valeur. On ne comptait alors que 13 abonnés ; la situation était triste.

Louis Bazerque était-il sensible à la musique ?

Pas vraiment. J'ai beaucoup travaillé avec l'orchestre et petit à petit, le public est venu. Nous jouions au Capitole, la Halle aux grains étant réservée au catch et à la politique. Nous étions obligés de doubler les concerts vus le succès. A travers leur amour du lyrique, les Toulousains nous ont suivis. Un jour, Louis Bazerque a finalement assisté à un concert. Il a senti la force de la musique, compris la résonance populaire qu'elle avait. Quelques jours plus tard, il m'a dit : Vous allez faire l'orchestre que vous voulez, même si ça coûte cher. J'avais tout prévu sauf une chose : l'année suivante, il était battu aux élections. Et ensuite, j'ai dû faire avec les moyens traditionnels, ni plus, ni moins.

Avez-vous tout de suite aimé Toulouse ?

Je suis né à Montmartre et je venais de Metz. La ville était merveilleuse à l'époque, plus chaleureuse, plus petite, plus authentique. Quand je suis arrivé avec ma femme Mercedes et notre fils Emmanuel, qui venait de naître, j'ai d'abord voulu voir la place du Capitole. Je suis tombé sous le charme de ce miracle de beauté. Je ne savais pas que la mairie occupait la majeure partie du bâtiment, pas la salle de concert !

Où habitiez-vous ?

Nous vivions à la Roseraie, dans une maison avec un jardin, au calme. C'était essentiel pour moi pour respirer un peu, oublier tous les soucis liés à ma fonction.

Comment avez-vous choisi votre maison héraultaise ?

Nous avons acheté la propriété en 1993. Les bâtiments étaient en très mauvais état et il a fallu cinq ans pour tout restaurer. Je voulais être près de Toulouse et bénéficier de 300 jours de soleil par an. Cet endroit a abrité une nécropole gauloise. Il est habité, il m'apporte la sérénité.


«Des hommes et des dieux»

« Mes amis chanteurs du Dialogue des carmélites m'ont convaincu d'aller voir ce film et j'en suis très heureux. D'abord parce que j'y retrouve Lambert Wilson, avec qui j'ai travaillé. C'est une œuvre faite de simplicité, de bonté, de naturel. Il n'y a pas d'effets spéciaux, que des effets de l'âme. »


Michel Plasson, chef d'orchestre

Les grands vins

« Je suis né à Montmartre, près de la vigne qui produit un très mauvais vin ! Mais les origines bourguignonnes de mes parents et bordelaises de ma femme m'ont permis de m'initier aux plaisirs œnologiques. J'ai été intronisé à Clos Vougeot et j'adore la famille des montrachets : ce sont les meilleurs vins du monde. »


Son coup de gueule

La france et sa musique

« La France brillante, intellectuelle, se soucie de peinture et de littérature mais elle ne s'intéresse pas à son patrimoine musical. C'est pathétique. Ce n'est pas une incompréhension mais de l'ordre du chromosome qui manque : la musique est naturelle chez les Allemands, les Italiens (avec l'opéra) ou les Anglais. Pas chez nous ».


Un coffret… et la Chine

Michel Plasson est dans l'actualité avec un coffret réunissant en 37 CD toute la musique symphonique française jouée par l'Orchestre du Capitole pendant 30 ans. On y retrouve Berlioz, Bizet, Debussy, Ravel mais aussi Chabrier, Chausson, Dutilleux, etc. Une somme à laquelle ont aussi participé Gérard Caussé, Augustin Dumay, Barbara Hendricks, etc. (EMI Classics). Le chef d'orchestre passe trois mois par an en Chine dans le but de faire de l'orchestre national un ensemble « top niveau ». Il y a découvert des musiciens « très travailleurs et perfectibles » et programme une tournée européenne en 2011 et américaine en 2012. Parmi ses nombreux projets, Michel Plasson prépare un « Turandot » au festival d'Orange et « Jeanne au bûcher », avec Marion Cotillard en récitante à l'Opéra de Paris.

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Les commentaires (6)
Tétil Il y a 13 années Le 13/12/2010 à 15:03

il voulait
aussi a une époque supprimer le ballet du Capitole!!! Quel homme!!!!

jeancloclo Il y a 13 années Le 13/12/2010 à 07:35

M. Plasson
a contribué efficacement au développement de l'orchestre de Toulouse, et malgré son "caractère" pas toujours facile, on ne peut que saluer et remercier pour la performance! force est de constater que l'ONT est une grande et merveilleuse formation.

papinou31 Il y a 13 années Le 12/12/2010 à 19:08

et ...
il oublie que lors de sa tournée en Allemagne, l'orchestre de Berlin a refusé de jouer sous sa direction ,car il "braillait" comme un putois ,comme à son habitude et la tournée a été annulée ...