Business des cours payants à l'université : « Vendre un fascicule de méthodologie n’est pas illégal »

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  • Matthieu Poumarède, doyen de la faculté de droit de Toulouse. Matthieu Poumarède, doyen de la faculté de droit de Toulouse.
    Matthieu Poumarède, doyen de la faculté de droit de Toulouse. DDM - DR
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Recueilli par Gérald Camier

l'essentiel Après la polémique lancée à l'université de Toulouse 1 Capitole, par des étudiants qui ont trouvé déplacé de devoir acheter une méthodologie vendue par leur enseignant, Matthieu Poumarède, doyen de la faculté de droit, assure que la méthode est marginale mais pas illégale.

Quel est votre sentiment en qualité de doyen de la faculté de droit de Toulouse sur la pratique de ce chargé de TD qui vend sa méthodologie à ses étudiants ? A priori, la pratique est tout à fait légale ?

Il y a d’abord une marge entre ce qui a été écrit par vos confrères et la réalité de la situation. Pour dire les choses simplement, en effectivement un chargé de TD (travaux dirigés) qui, en dehors de son activité de chargé de TD, a pris l’initiative de rédiger cette fameuse méthodologie, sous la forme d’un fascicule de cinquante pages, qu’il choisit de mettre à disposition des étudiants dans un cadre associatif, pour un prix coûtant de 2,50 euros. J’insiste là-dessus car personne ne fait de bénéfices, personne n’est rémunéré pour cela. Cette mise à disposition dans un cadre associatif ne remplace évidemment pas toutes les méthodes données aux étudiants dans leurs cours, par leurs enseignants. Cela ne substitue pas à tous les dispositifs d’accompagnement, de tutorat proposés aux étudiants, etc. Tout cela étant évidemment gratuit, délivré par ailleurs par l’université Toulouse 1 Capitole, la faculté de droit. C’est important de recontextualiser. Tout ce qui tourne autour de cette méthodologie est epsilonesque par rapport à tout ce que la faculté fait pour ses étudiants.

Concernant la légalité de ces pratiques ?

En effet, il n’y a pas d’illégalité à ce qu’un auteur mette une œuvre originale à disposition des étudiants. C’est une œuvre intellectuelle, comme l’article d’un journal, un article scientifique.

La question se pose-t-elle d’un point de vue éthique ?

Il y a au moins une condition pour que cela soit éthique, en l’occurrence elle est respectée, c’est que les étudiants ne sont pas obligés d’acheter ce fascicule. C’est un microphénomène. Si la question est : est-ce obligatoire d’acheter le fascicule de cette méthodologie pour réussir ses études, la réponse est non. Le chargé de TD n’a jamais prescrit ce fascicule obligatoirement, les étudiants sont totalement libres. Ils ont mille fois mieux ailleurs : ce fascicule est bien fait, mais en aucun cas il conditionne la réussite des études. C’est le point éthique. On s’attaque à un jeune enseignant, qui est fragile, pas à un Mandarin de l’université. Il enseigne le droit très consciencieusement.

Ce qui semble faire également polémique, c’est le fait que le fascicule soit vendu seulement dans les locaux de l’association étudiante UNI ?

Toutes les associations étudiantes, et il y a de nombreuses à l’université, de toutes sortes, ont vocation à faire de l’entraide pour les étudiants. Je pense que cela a été fait dans ce cadre-là. Encore une fois, il ne faut pas faire de confusion : l’université ne porte pas ce fascicule, elle met en place directement, gratuitement des dispositifs d’accompagnement en masse.

La vente de fascicules par des chargés de TD est-elle une pratique courante à la faculté de droit ?

À ma connaissance non. Est-ce que cela a existé par le passé ? Quand j’étais étudiant, j’allais à la Corpo acheter mes fascicules de cours. Et ça ne coûtait pas 2,50 euros. Cela existait en droit, en médecine, dans d’autres universités, mais cela s’est perdu. Il faut comprendre que ce que le chargé de TD, c’est tout de même un travail considérable. Cinquante pages de méthodologie ne se font pas en une heure et demie. C’est un vrai travail.

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Les commentaires (6)
pascaldu31 Il y a 1 année Le 24/04/2023 à 12:30

Quelle honte ! Bien payé pour 10h de cours par semaine et en plus ils se permettent de vendre des fascicules/complements aux élèves en situation de faiblesse qui craignent ou savent que des questions non abordées en cours seront seront a l'examen !
Il faut interdir ca , car en plus rien n'est déclaré au fisc bien sûr !

Thlecheyenne Il y a 1 année Le 25/04/2023 à 17:55

Heureusement que vous n'êtes pas magistrat. Il est bien indiqué que :

- le polycop est vendu à prix coûtant : aucun bénéfice n'est fait, les étudiants paient juste les droits d'impression. L'enseignant n'étant pas propriétaire de l'imprimerie...
- l'enseignant est un doctorant vacataire, qui par définition donne un ou deux TD dans le semestre. Il est doit donc toucher entre 1000 et 2000 euros par année universitaire.

Dom3147 Il y a 1 année Le 25/04/2023 à 18:20

Il faut bien lire l'intervention du Président et éviter les clichés. Il n'y a aucune recherche de profit, même si l'enseignant a le droit de faire un bénéfice car il s'agit d'une ½uvre de propriété intellectuelle. Ce qu'il n'a pas fait.
Il a aussi le droit de choisir le ou les diffuseurs du fascicule au sein de la fac ou en dehors.

6hif Il y a 1 année Le 24/04/2023 à 11:57

"Cinquante pages de méthodologie ne se font pas en une heure et demie. C'est un vrai travail." Oui, et d'ailleurs il touche un salaire pour ça non ?

Thlecheyenne Il y a 1 année Le 25/04/2023 à 17:57

Non, puisqu'il est vacataire et non titulaire. Il est donc payé à l'heure de cours et il en donne probablement un ou deux TD par semestre.
De plus, le polycop est vendu à prix coûtant. Vous demandez donc à cet enseignant de payer les frais d'impression pour les étudiants, autrement dit de payer pour venir travailler. Quelle indignité !

6hif Il y a 1 année Le 24/04/2023 à 11:56

Il faudrait virer tous les étudiants qui ont payé pour ce fascicule !! A l'époque actuelle, et avec les moyens de reproduction actuels devoir payer 2,50 ¤ pour disposer d'un exemplaire et ensuite s'en plaindre c'est vraiment être plus que neu-neu !!