Olivier Faure, le patron du PS en Occitanie : "La gauche doit être au rendez-vous de 2027"

  • Le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Le premier secrétaire du PS Olivier Faure.
    Le premier secrétaire du PS Olivier Faure. AFP - GUILLAUME SOUVANT
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Propos recueillis par Eric Berger

l'essentiel Le patron du parti socialiste, Olivier Faure, est en Occitanie pendant deux jours. Une rencontre avec les militants PS qui démarre ce mercredi à Montauban. Avenir de la Nupes, futur congrès, dissidences : le député PS répond aux questions de La Dépêche du Midi.

Pourquoi proposez-vous la taxation des superprofits ?
On a des grandes entreprises qui ont bénéficié d’argent public. L’État donc les Français ont mis 240 milliards d’euros sur la table avec le « quoi qu’il en coûte ». Le pic sanitaire passé, le CAC 40 a réalisé des bénéfices records. Pour autant, le gouvernement se refuse de prélever sur eux le moindre centime alors que nous avons besoin d’argent pour venir en aide aux plus vulnérables et engager la transition écologique.

Vous sentez-vous à l’aise dans la Nupes alors que les débats tournent souvent autour des polémiques lancées par Sandrine Rousseau ou par les Insoumis ?

En nouant cette alliance, nous n’avons pas choisi de nous aligner sur qui que ce soit. Nos différences sont aussi notre richesse. Mais depuis septembre, la gauche s’est parfois perdue en polémiques inutiles. Je ne vois aucun intérêt à opposer les bénéficiaires des allocations solidarité avec ceux qui travaillent ou encore de revendiquer un droit à la paresse. Revenons à ce qui est essentiel pour les Français : la lutte contre l’inflation, faire en sorte que les salariés ne soient pas les variables d’ajustement des entreprises.

Avec cette alliance n’y a-t-il pas un risque de laisser le leadership à Jean-Luc Mélenchon ?

Je ne crois pas que dans cette coalition il y ait une place prépondérante laissée à Jean-Luc Mélenchon. Il a réalisé un score de 22 % à la présidentielle ce qui le qualifiait pour être celui qui revendique Matignon en cas de victoire aux législatives en juin. Depuis le débat se passe à l’Assemblee où il ne siège plus et les échanges entre les quatre formations de la NUPES sont fluides. Nous apprenons les uns des autres dans un rapport très égalitaire.

Estimez-vous qu’Adrien Quattenens accusé de violence par sa femme, peut reprendre sa place à l’Assemblée ?

J’étais le premier à dire que je souhaitais sa mise en retrait. Il était logique d’en parler parce que les violences faites aux femmes ne peuvent plus être relativisées. Je souhaite qu’on lui laisse la possibilité de réfléchir à sa propre destinée. Laissons la justice œuvrer sans être en permanence à évoquer ce seul sujet comme si toute la vie politique tournait autour de cette affaire.

Vous venez en Occitanie où la socialiste Carole Delga s’est prononcée contre la Nupes. Où en sont vos relations ?

Nous n’avons jamais rompu les ponts, on a continué à évoquer tous les sujets, y compris nos différends. Carole Delga et moi avons le souci de l’unité des socialistes. L’un comme l’autre, nous voulons œuvrer à notre rassemblement.

Qu’en est-il des socialistes qui se sont présentés contre la Nupes : risquent-ils l’exclusion ?

Les procédures se déroulent devant une commission nationale indépendante en charge des conflits. Elle étudiera chaque cas indépendamment et les droits de la défense seront respectés. Je souhaite que le plus grand nombre retrouve le chemin de l’unité et du respect des décisions collectives.

Ira-t-on au bout de ce quinquennat avec cette majorité relative ?

Il y a une majorité de fait constituée par la Macronie et les Républicains. À chaque étape, les LR ont toujours montré qu’ils étaient présents pour voter les textes du gouvernement à l’exception du budget de la Sécu et de l’État. Toutes les réformes portées par Emmanuel Macron sont des réformes que portait Valérie Pécresse.

En janvier, il y aura un congrès du PS où vous serez candidat, quelle ligne défendrez-vous ?

Je défends d’abord le fait que la gauche soit au rendez-vous de 2027, que la bataille des ego ne reprenne le dessus sur la nécessité d’offrir un visage commun pour battre la droite et l’extrême droite. Je me battrai pour la construction d’une république qui soit sociale, écologique et qui approfondisse notre démocratie à bout de souffle.

Pour vous, pas de salut pour le PS en dehors de cette alliance de toute la gauche ?

L’histoire nous a montré qu’en 20 ans, à trois reprises, 2002, 2 017 et 2022, la gauche du fait de sa division est mécaniquement exclue du second tour. À chaque fois, vous avez un parti, le PS en 2002, les Insoumis en 2017 et 2022, qui domine le reste de la gauche mais n’a aucune capacité à l’emporter seul. Comme disait Einstein « La folie c’est de toujours faire la même chose en espérant que le résultat sera différent »

Aux européennes, y aura-t-il une liste socialiste ou souhaitez-vous une liste Nupes ?

C’est sur la base d’un projet partagé que se nouent des alliances. Ce ne sont pas les alliances qui dictent les projets. On sait que c’est le sujet le plus compliqué entre nous à gauche. Au moment où nous nous parlons, il n’y a pas d’évidence à une liste commune.