Nèfle Noire va publier un texte de John Lennon

L'association toulousaine Nèfle Noire, fondée par le pape du polar Claude Mesplède et ses amis , publiera à la rentrée,dans sa collection Double Noir, un texte de jeunesse de John Lennon , chanteur-compositeur des Beatles . Rencontre avec Guy Claverie, l'un des quatre garçons grands lecteurs de classiques et polars devant l'Éternel…

Qu'est-ce quevotre association Nèfle Noire ?

C'est la réunion de quatre personnes qui aimaient les livres — je dis «aimaient» parce que Claude Mesplède n'est plus là (1) — et qui les aiment comme Jean Pons, Jean Biret-Chaussat et moi-même. Nous sommes partis du principe que le distingo de littérature noire et littérature blanche était purement artificiel, c'était un classement un peu universitaire. Pour nous, il y a la littérature, la bonne et la mauvaise, comme il y a les bons et les mauvais boulangers ! Notre objectif est également de revaloriser la nouvelle qui n'est pas très bien vue ni lue en France, alors qu'elle marche très bien dans les pays anglo-saxons.

Quelle a été l'idée directrice de la collection Double Noir ?

Notre idée nous a menés à associer un auteur dit classique à un auteur du genre dit noir, ou parfois à leur corps défendant — Cervantès par exemple a écrit une nouvelle que nous allons peut-être éditer — et des auteurs contemporains. Donc le but est de montrer que ce choc de cultures n'est pas un vrai choc, que l'histoire évolue certes mais la nouvelle reste la nouvelle. Donc nous publions beaucoup d'auteurs du XIXe siècle, des auteurs inattendus comme Abraham Lincoln (2) et nous allons publier à la rentrée (3) la nouvelle d'un petit chanteur qui s'appelle John Lennon qui a écrit une nouvelle noire pastiche de Sherlock Holmes, une curiosité déjà publiée en Angleterre mais inédite ici.

Comment avez-vous dégoté ce texte ?

C'est presque facile quand on a une mémoire comme Claude Mesplède qui a vécu dans le polar, pour le polar et avec le polar, qui n'est plus là puisqu'il nous a quittés en décembre, qui a une documentation vraiment ahurissante, chez lui il a 12 à 13 000 bouquins, c'est assez fou ! Donc il suffit d'aller chercher. Il a laissé au président de l'association, Jean Pons, qui est un ancien prof de philo, la possibilité d'avoir accès à sa documentation donc on cherche et on trouve. Ensuite il faut s'adresser aux ayants-droits, ce ne sont pas les gens les plus commodes à contacter mais on y arrive ! (rires) Il faut dire que les auteurs contemporains nous font souvent cadeau de leur nouvelle, ce qui nous permet d'avoir un prix de vente de l'opuscule de 2 € et c'est un livre que l'on ne peut bien évidemment acquérir que sur Internet.

Pour quelles raisons ?

Tout d'abord, nous n'avons pas de distributeur puis, les libraires ne sont pas intéressés par le gain sur chaque livre vendu. Donc notre association est presque à but non lucratif — et même, le mot «lucratif» est un peu hasardeux —, nous ne perdons pas d'argent et nous rencontrons beaucoup de professeurs qui conseillent à leurs élèves de lire Maupassant grâce à cette nouvelle assez terrible et magnifique qu'est «La Parure». Et puis nous éditions à 500 exemplaires que nous écoulons en grande partie et nous offrons le reste à des collèges.

(1) Spécialiste très reconnu du polar, Claude Mesplède est disparu le 27 décembre 2018.

(2) Élu 16e président des États-Unis en 1860 et 1864, né le 12 février 1809 (Kentucky), disparu le 15 avril 1865 (Washington).

(3) «La Singulière expérience de Miss Anne Duffield».