Emmanuel Carrère : son ex-femme l'accuse et dénonce des "mensonges"

Le réalisateur Emmanuel Carrère a publié un roman dans lequel il relate des passages de sa vie intime avec son ex-femme, Hélène Devynck. Mais cette dernière a tapé du poing sur la table et a dénoncé une rupture de contrat, dans "Vanity Fair".

Emmanuel Carrère : son ex-femme l'accuse et dénonce des "mensonges"
© BALTEL/SIPA

Lorsque l'écrivain et réalisateur Emmanuel Carrère a publié son roman auto-biographique, Yoga, sorti en août 2020, son ex-épouse Hélène Devynck a vu rouge. L'auteur a écrit des passages plutôt intimes sur la fin de son couple avec la journaliste. Mais cette dernière l'avait pourtant prévenue : elle voulait absolument lire avec ses avocats les passages de l'ouvrage dans lesquels il était question de leur mariage, et les valider s'ils lui convenaient. Le hic ? Il semblerait que certaines parties aient été modifiées après relecture de la journaliste.... et donc, publiées sans son consentement
Ni une ni deux, la principale intéressée a donc mis les points sur les i, dans Vanity Fair : "Les rumeurs et les fausses informations parues dans la presse m'amènent à clarifier mon rôle dans 'l'ellipse narrative' du livre Yoga d'Emmanuel Carrère".

Hélène Devynck, "écrite contre son gré" ?

"Je n'ai pas consenti au texte tel qu'il est paru. Si je n'ai pas envoyé d'huissier, l'auteur et son éditeur n'ignorent rien de mes difficultés et de ma détermination à faire appliquer ce contrat", a-t-elle d'abord déclaré.

Hélène Devynck a rappelé que depuis la fin de leur histoire d'amour, la donne avait changé : "Pendant les années où nous avons vécu ensemble, Emmanuel pouvait utiliser mes mots, mes idées, plonger dans mes deuils, mes chagrins, ma sexualité : c'était amoureux, et le travail qu'il sollicitait sur ses livres m'assurait que ma personne était représentée d'une façon qui nous allait à tous les deux (...) Notre divorce, en mars dernier, a rebattu les cartes. Il en a convenu et l'a matérialisé dans un engagement mûrement réfléchi : je pouvais être assurée que je ne serai plus écrite par lui contre mon gré pendant toute la durée de sa propriété littéraire et artistique".

Emmanuel Carrère : la lettre qui a tout changé

Après la signature du contrat dans lequel la journaliste acceptait la publication de l'ouvrage de son ex-mari, celle-ci aurait reçu une lettre d'Emmanuel Carrère, accompagnée d'une nouvelle version du manuscrit, celle qui a finalement été publiée. "Que j'écrive des livres autobiographiques, ne doit pas être une surprise pour toi. (...) Ce récit serait incompréhensible si je ne disais rien du contexte", lui aurait-il écrit. "Le contexte, c'était moi", a précisé Hélène Devynck. 

Et de déplorer : "L'application de notre accord s'est alors heurtée à une âpre résistance de l'auteur. Mes offres de dialogues sont restées lettres mortes. L'éditeur n'a pas hésité à mentir, m'assurant que ni notre fille ni moi ne figurions plus dans la version définitive, ce qui est faux, menaçant d'engager des poursuites à mon encontre si je saisissais la justice".

Hélène Devynck pointe du doigt des "mensonges"

La journaliste a regretté que le simple fait d'avoir été en couple avec l'écrivain lui donne le droit de parler de sa vie privée délibérément : "Je n'aurais pas le droit à la séparation et serais jusqu'à ce que mort s'en suive, l'objet d'écriture fantasmé de mon ex-mari? Mon personnage était exposé dans une fantaisie sexuelle accompagnée de révélations indésirables sur ma vie privée. C'était désobligeant".

Elle a conclu son propos, en s'indignant d'un "effacement de la frontière entre fiction et mensonges", dans l'ouvrage du réalisateur : "Les lecteurs sont libres de croire ou de douter. L'auteur est libre de raconter sa vie comme il veut, comme il peut. Je voulais, moi, avoir la liberté de ne pas en être, de ne pas être associée à un spectacle présenté comme sincère où je ne reconnais pas ce que j'ai vécu. Malheureusement, en dépit de mon refus, de notre contrat, des avocats, des mois de conflit, je figure encore, de manière résiduelle, dans les premières impressions de l'ouvrage". Une querelle par plume interposée, serait-elle amorcée ?