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Jean-Talon: bien plus qu’une élection partielle

Le résultat du scrutin de lundi soir dans Jean-Talon pourrait avoir une portée nationale, selon des experts

Jean-Talon: bien plus qu’une élection partielle
Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC


Lutte à deux ? Lutte à trois ? Bien malin celui qui pourrait prédire le résultat de l’élection partielle dans Jean-Talon, un scrutin hautement symbolique qui pourrait avoir une portée nationale, selon des experts consultés par notre Bureau parlementaire.

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Selon les derniers sondages, le Parti Québécois a des chances de l’emporter et de coiffer la CAQ, « ce qui est surprenant », selon Jean Baillargeon, expert-conseil en communication stratégique, considérant qu’il s’agit d’un ancien château fort libéral.

Les dernières fois où le PQ a été compétitif dans cette circonscription remontent à 1994 et à 1998. Selon M. Baillargeon, sa performance actuelle « est due au leadership de Paul St-Pierre Plamondon ».

Jean-Talon: bien plus qu’une élection partielle
Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUÉBEC

« Un gain serait historique »

Pour son parti, « un gain serait historique », signale Julie-Anne Vien, associée directrice au cabinet de relations publiques NATIONAL.

Si cela se confirme, « est-ce que ça va faire en sorte que dans le futur, le Parti Québécois va devenir la véritable opposition au gouvernement ? C’est à voir », soulève M. Baillargeon.

Si plusieurs parlent d’une lutte à deux entre le PQ et la CAQ, Thierry Giasson, professeur titulaire au Département de science politique de l’Université Laval, prévient qu’il ne faut pas sous-estimer le candidat solidaire.

Olivier Bolduc a gagné son investiture deux fois plutôt qu’une contre l’establishment de son parti et a fini bon deuxième à l’élection générale.

Le dernier coup de sonde Léger, publié mercredi, indique une montée de sept points dans la grande région de Québec pour QS.

Un test important

En somme, « c’est beaucoup plus qu’une élection partielle dans Jean-Talon », reconnaît Mme Vien. Comme cette dernière, M. Baillargeon estime qu’il s’agit d’un test important pour le gouvernement, voire d’un « vote de confiance » envers la CAQ.

À l’instar de ses deux collègues, « c’est une élection qui a une valeur symbolique assez importante », observe M. Giasson.

Ce scrutin complémentaire, le premier depuis l’abandon de sa promesse phare d’un troisième lien routier, sera « révélateur de l’humeur des électeurs », croit Mme Vien.

Aux yeux de M. Baillargeon, le troisième lien n’a pas tellement été un enjeu dans Jean-Talon. Il note toutefois qu’en essayant de « nuire à la réputation » du candidat péquiste Pascal Paradis, la CAQ s’est tiré dans le pied dès le départ.

« Le boomerang est revenu fort », observe également Mme Vien, en rappelant que le premier ministre a ensuite dû se défendre d’avoir menti pendant les dernières élections. « J’ai senti que la montée du Parti Québécois inquiétait le gouvernement », se souvient-elle.

Jean-Talon: bien plus qu’une élection partielle
Photo d'archives Jean-Philippe Guilbault

En réalité, à ce moment précis, l’élection partielle n’était même pas encore déclenchée officiellement. Cela illustrait bien toute l’importance qu’elle a pour les partis dans la course.

La campagne électorale ayant débuté en plein été, « il ne faut pas non plus surestimer l’intérêt de la population », met en garde M. Giasson. Le taux de participation, lundi prochain, sera assurément révélateur à ce sujet.

Cinq moments marquants de cette lutte électorale 

Les élections partielles soulèvent rarement les passions. Or, celle dans Jean-Talon a fait les manchettes presque tous les jours, depuis la démission, à la fin de juillet, de la caquiste Joëlle Boutin neuf mois seulement après sa réélection. En attendant la fin du suspense, lundi soir, voici cinq éléments qui ont marqué cette lutte électorale chaudement disputée.

QS voulait une candidature féminine 

Deux semaines après la démission de la caquiste Joëlle Boutin, Olivier Bolduc devenait officiellement le premier candidat sur les rangs pour lui succéder.

Pour la deuxième fois en autant d’élections, sa candidature a toutefois été contestée par l’establishment de QS. Avant les dernières élections générales, Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé lui avaient préféré un ex-candidat d’Équipe Labeaume.

Cette fois-ci, la direction de QS encourageait ses membres à choisir une femme. Qu’à cela ne tienne, le sténographe de métier a remporté l’investiture contre la professeure de l’Université Laval et ex-candidate solidaire dans Lotbinière-Frontenac, Christine Gilbert.

Il reste à voir dans quelle position finira Olivier Bolduc, lui qui en est à sa troisième tentative dans Jean-Talon, après s’être présenté deux fois dans Chutes-de-la-Chaudière.

La CAQ coule des textos 

Avant même que la candidature de l’avocat Pascal Paradis ne soit confirmée par le Parti Québécois, le parti de François Legault a coulé un échange de textos révélant que l’ex-DG d’Avocats sans frontières Canada avait d’abord flirté avec la possibilité de se présenter sous la bannière caquiste aux dernières élections générales.

  • Écoutez l'entrevue avec Pascal Paradis, candidat péquiste, à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio : 

La CAQ avait aussi laissé filtrer que M. Paradis exigeait un pied-à-terre dans Charlevoix–Côte-de-Beaupré et la garantie de devenir ministre, ce que le principal concerné a nié.

Estimant sa réputation entachée, M. Paradis s’est vengé en dévoilant, à son tour, des échanges de messages permettant de croire que la CAQ prévoyait, dès le printemps 2022, abandonner sa promesse phare d’un troisième lien routier. Éclaboussé à son tour, le premier ministre a dû se défendre d’avoir menti.

Le PLQ et QS achètent de la pub sur Facebook 

Quelques jours après le déclenchement de la campagne électorale, QS et le PLQ ont mis fin au boycottage publicitaire contre Meta que respectent la plupart des partis politiques depuis que le géant du web bloque les nouvelles sur Facebook et Instagram pour contester la loi canadienne.

Critiqué de toutes parts, même par la candidate au poste de co-porte-parole de QS Émilise Lessard-Therrien, Gabriel Nadeau-Dubois a dit que « les gestes symboliques » étaient insuffisants pour faire plier des géants tels que Meta, une affirmation que ses détracteurs risquent de lui remettre sur le nez dans le futur.

Jugeant « injuste » que seuls la CAQ et le PQ respectent le boycottage, François Legault a suggéré à QS de retirer le mot « solidaire » de son nom.

Le PQ fait le grand écart sur le tramway 

Après avoir misé, l’automne dernier, sur un vaste plan de transport comprenant un train léger dans un tunnel Québec-Lévis, en plus d’un tramway en deux phases, jusqu’à Charlesbourg, le PQ a décidé cette fois-ci de flirter avec les électeurs qui remettent en question le projet de tramway.

Martelant que le gouvernement doit faire preuve de transparence, Paul St-Pierre Plamondon et son candidat ont exhorté la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, à dévoiler les coûts et le tracé actualisés du projet.

Son insistance lui a valu les remontrances du maire Bruno Marchand, qui doit attendre jusqu’au 2 novembre avant d’obtenir les offres des consortiums en lice pour le projet de la Ville de Québec. Le maire a accusé le PQ d’être incohérent en refusant de préciser son prix maximum acceptable.

La CAQ perd 10 points dans un sondage Léger 

À cinq jours de l’élection, un sondage Léger dont les résultats ont été présentés dans les pages du Journal a révélé que la CAQ était en perte de vitesse dans la grande région de Québec.

  • Écoutez l'entrevue avec Marie-Anik Shoiry à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio : 

En seulement un mois, la CAQ a dégringolé de 10 points dans la Capitale-Nationale, ce qui n’a rien de rassurant pour sa candidate dans la circonscription de Jean-Talon, Marie-Anik Shoiry. Le soir même, le caucus caquiste annulait sa réunion du mercredi soir pour mobiliser tous les députés et ministres disponibles sur le terrain.

Dès le début de la course, un autre sondage plaçait la CAQ et le PQ au coude-à-coude. Dans la région (RMR), le PQ est désormais en tête des intentions de vote, le PCQ troisième, un point devant QS, alors que le PLQ se retrouve cinquième et bon dernier dans son ancien château fort.

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