Changement climatique et risques 3 min

Les eaux du lac d’Aydat sous surveillance

Depuis plusieurs décennies, une accélération du processus d’eutrophisation (apport excessif d’éléments nutritifs) est observée dans les lacs, induisant d’importantes proliférations de cyanobactéries. En région, le lac de montagne d’Aydat (63) est concerné ! Un dispositif d’observations automatisé sur le long terme a été installé depuis quelques années, accompagnant diverses mesures de restauration de la qualité des eaux.

Publié le 01 juin 2022

illustration Les eaux du lac d’Aydat sous surveillance
© INRAE

Situé à 837m d’altitude, le lac d’Aydat est un lieu touristique prisé, notamment en période estivale. L’évolution sur le long terme de l’urbanisation et de la densité de population dans le bassin versant de la Veyre, ainsi que les différentes activités humaines et agricoles, ont conduit à une tendance à l’eutrophisation des eaux du lac modifiant son équilibre écologique. A plusieurs reprises, les eaux de baignades ont été déclassées en été, en raison des risques d’écotoxicité.

Photo de la zone humide du lac d'Aydat

Pour essayer d’y faire face, en 2012, l’ancienne zone humide en amont du lac a été re-créée, pour limiter les apports en phosphore sédimentaire, avec la présence de bassins de décantation et d’une zone végétalisée à visée épuratrice. « On compte sur la résilience de l’environnement. On voit déjà des effets comme une limitation de l’envasement des berges attenantes. A chaque curage, ce sont 2000m3 de matériaux qui sont évacués », souligne Aurélien Mathevon, technicien rivière au Syndicat mixte des vallées de la Veyre et de l’Auzon. Par ailleurs un travail sur la qualité des eaux en amont est effectué, notamment avec des contractualisations avec les agriculteurs pour des mesures agri-environnementales, le réaménagement de la Veyre ou encore le projet de station d’épuration.


Des capteurs communicants pour le suivi du fonctionnement du lac et de son bassin versant

Des études pour suivre sur le long terme l’évolution des variables environnementales permettant d’expliquer la récurrence des proliférations de cyanobactéries ont été engagées par des chercheurs de plusieurs unités de recherche de Clermont-Ferrand : LMGE (UCA-CNRS), UR TSCF (INRAE), Geolab (UCA UNILIM CNRS), LPC (UCA-CNRS). Le projet ConnecSenS a permis la mise en place d’un système d’observation automatisé composé de capteurs communicants fonctionnant en réseau, déployés à la surface de l’eau (bouée sonde), sur la zone humide et la rivière en amont.. Cette technologie garantit la fiabilité du suivi de variables environnementales comme le niveau d’eau, la température, la conductivité (une estimation de la concentration en éléments minéraux), la concentration en pigments spécifiques des cyanobactéries (permettant d’estimer leur développement). Des analyses de prélèvements dans le lac viennent compléter ces données. L’ensemble des données est  collecté sur une plateforme dédiée : le CEBA ou « Cloud Environnemental au Bénéfice de l’Agriculture », développé dans le cadre de l’ISITE CAP 20-25. L’objectif pour le lac d’Aydat est de mettre à disposition  des données en temps réel sur la qualité de l’eau afin d’informer les gestionnaires et le grand public et d’alimenter en données les recherches en environnement afin de mieux comprendre le fonctionnement du lac et le développement des cyanobactéries.

Photo de la sonde au milieu du lac et d'un capteur automatisé placé en bordure du lac

Le suivi sur plusieurs années ou décennies permettra en particulier de montrer si la restauration de la zone humide est une solution suffisante pour stabiliser l’équilibre du site. Dans un cadre plus large, lié à l’évolution du changement climatique, et grâce aux équipements et à l’ingénierie mis en place, le site devrait rejoindre les grands projets de mesures environnementales français ou internationaux.

 

Pincipaux intervenants scientifiques :

Delphine Latour (Enseignante-chercheuse UCA - LMGE), Erwan Roussel (Ingénieur de recherche CNRS - Geolab), Laurent Royer (Ingénieur de recherche CNRS - LPC), Laure Moiroux-Arvis (Ingénieur d'étude INRAE - TSCF), Gilles Mailhot (Directeur de recherche CNRS - CEBA).



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