Le 11 mai 1987, Klaus Barbie comparaît devant la cour d’assises du palais de justice de Lyon. Il est ainsi le premier nazi à répondre en France de « crimes contre l’humanité ». Un procès historique à la mesure de la barbarie qui a caractérisé les agissements de l’ancien chef de la Gestapo de Lyon. Un procès pour rendre justice aux victimes juives arrêtées sous ses ordres et envoyées à une mort atroce dans les camps d’extermination allemands, comme les quarante-quatre enfants de la maison d’Izieu raflés le 6 avril 1944. Mais aussi pour saluer la mémoire des résistants tombés sous ses coups comme Jean Moulin, le représentant du général de Gaulle en France, arrêté le 21 juin 1943 à Caluire par Barbie, même si les faits sont prescrits. Un événement judiciaire exceptionnel pour les protagonistes présents au tribunal mais aussi pour ceux qui, nombreux, ont suivi le procès à la télévision et dans les journaux. Parmi eux, le journaliste Laurent Delahousse qui n’était encore que lycéen et qui signe aujourd’hui Klaus Barbie, criminel nazi, diffusé hier soir, sur France 2.
Un documentaire qui revient sur l’itinéraire d’un nazi rentré tranquillement en Allemagne au lendemain de la guerre et qui est parvenu, quarante ans durant, à se soustraire à la justice avant, finalement, d’être contraint de répondre de ses crimes dans le box des accusés. Le film très grand public qu’a conçu Laurent Delahousse, avec Florence Troquereau et Camille Ménager, a le mérite de rassembler dans un même document des images d’archives très fortes. Ceux qui découvriront Klaus Barbie à la faveur de ce documentaire pourront ainsi suivre l’itinéraire du Boucher de Lyon d’Allemagne, où il est recruté par les Américains au début de la guerre froide, jusqu’en Bolivie, dont il devient citoyen puis dignitaire, avant d’être finalement expulsé, en 1983, vers la France pour y être jugé. Figurent, notamment, de larges extraits de l’épisode de l’interview réalisée à La Paz, en 1972, par le journaliste français Ladislas de Hoyos, dans lequel Barbie prétend s’appeler Klaus Altmann. Des extraits du procès de Lyon sont également intégrés au film dont quelques témoignages des victimes de Barbie qui demeurent parmi les temps les plus marquants des huit semaines d’audience.
Les trois journalistes ont également mené de nombreux entretiens qui enrichissent le film, notamment avec Serge Klarsfeld, qui, avec sa femme Beate, a permis de retrouver la trace de Klaus Barbie, ou avec Robert Badinter. Un sujet suffisamment dense, passionnant et exceptionnel pour ne pas avoir à être traité à l’aide de la fiction. Les quelques reconstitutions un peu ridicules qui émaillent le film ne lui apportent rien. Laurent Delahousse n’en avait pas besoin pour atteindre son but : délivrer « une piqûre de rappel » et « entretenir le souvenir ».
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