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Federico Garcia Lorca sur un plateau exigeant

Théâtre . Les Noces de sang célébrées par Farid Paya valent qu’on s’y invite.

Quelque vingt-six années que le metteur en scène Farid Paya oeuvre au théâtre du Lierre, qu’il a fondé dans le 13e arrondissement. L’homme, cela saute aux yeux au début de Noces de sang (1), du poète Federico Garcia Lorca, qu’il met en scène, n’a que faire d’être moderne, de plaire. Les artifices déroutants, la confusion savamment maintenue pour elle seule, voilà ce dont son travail se passe fort bien. À l’incipit de Noces de sang donc, affirmant le désir fort, funeste de deux êtres contre l’enfermement d’une bourgade et l’injonction morale de ses habitants, arrive, magnifique, Antonia Bosco, la mère (du fiancé bientôt éconduit) et ce sont les fondamentaux du théâtre, sa rigoureuse noblesse, qui nous reviennent. La comédienne est au centre de la scène, dans la lumière, sur une estrade de bois qu’affectionnait le poète espagnol assassiné par les Franquistes. Nulle dérive du regard, Antonia Bosco, ainsi que ses pairs, fait face et a le visage habité des mots qu’elle prononce ; c’est de l’ordre de la responsabilité et cela opère jusque dans le maintien des corps, dans une dignité, songe-t-on, de la présence.

Les Noces de sang, de Farid Paya dilatent les contours de l’Andalousie : c’est la Méditerranée plutôt, qui se déploie sur scène : « Une Méditerranée rêvée », est-il écrit, où, par des costumes de toute beauté, une femme maure en croise une autre, longue robe noire et mantille dignes de Vélasquez ; où parfois des jeunes filles, insolentes matadors, portent costumes blancs réveillés de couleurs éclatantes.

De belle tenue, la mise en scène de Farid Paya a du souffle. Sans impression d’inertie, les comédiens sont assis sur les côtés de la scène. Jamais la musique n’est en reste, par la présence du compositeur et contrebassiste Marc Lauras, lequel attribue à chaque réplique sa propre lancinance… Souvent aussi les comédiens dansent, fête de mariage oblige. Des instants plus flottants dans lesquels nous sommes moins entrés. Comme nous sommes restés plus en retrait des scènes trempées de surréalisme, de féerie, quand la lune pactise avec la mort. Des séquences un peu en rupture avec le reste, et d’une tension vénéneuse trop soulignée.

Pour le reste, avec ses éclats de pureté brute et ses accents de rage authentique, Noces de sang, dont s’empare Farid Paya et ses comédiens, captive, nous saisit. Mais l’on n’avait encore rien dit du chant, puissamment haut, déferlant, que les comédiens lâchent comme un cri.

(1) Jusqu’au 27 avril au théâtre du

Lierre, 22, rue du Chevaleret, Paris 13e.

Métro ou RER C Bibliothèque François-Mitterrand. Mercredi, vendredi et samedi à 20 h 30, jeudi à 19 h 30 et dimanche à 15 heures.Réservations : 01 45 86 55 83.

Aude Brédy

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