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LA BATAILLE D'AZINCOURT

Profitant d'un climat de guerre civile en France, le roi anglais débarque pour s'emparer du trône. L'armée de Charles VI venue lui barrer la route va être taillée en pièce le 25 octobre 1415. Une défaite crépusculaire.

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Par Valérie Toureille

Publié le 25 oct. 2021 à 14:00Mis à jour le 20 août 2023 à 13:27

Dans la longue liste des batailles qui ont défait la France, celle d'Azincourt occupe une place privilégiée. Devenue pour les Anglais un épisode héroïque, elle est pour les Français la plus terrible défaite de leur chevalerie. Depuis 1392, le roi de France, Charles VI, est confronté à des crises de démence. Deux factions rivales s'affrontent au sein du Conseil royal : celle du duc d'Orléans et celle du duc de Bourgogne. L'assassinat, en 1407, du premier par les hommes du second ouvre la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Tandis qu'elle fait rage dans le royaume, le pouvoir politique change de main en Angleterre, plaçant sur le trône un partisan de la guerre : Henri V. Il pense en tirer profit pour envahir la Normandie. Le 12 août 1415, il débarque sur la côte normande et assiège le port d'Harfleur. La place, solidement fortifiée, tombe au bout d'un mois sans avoir reçu le secours du roi.

Alors qu'Henri V entreprend de traverser la Normandie pour gagner Calais, la chevalerie française se mobilise pour l'attaquer, à contretemps. L'ost du roi de France est commandé par le connétable Charles d'Albret. À plusieurs reprises, les Anglais, très éprouvés par le siège, refusent l'affrontement. Après avoir franchi la Somme, ils s'installent près du village de Maisoncelles. La bataille est inévitable. Les Anglais ont planté en terre des pieux de bois derrière lesquels se tient leur ligne d'archers. Le champ qui s'étend devant eux, détrempé par la pluie, est encadré par deux bois où ils dissimulent des hommes. Ils savent que les Français, plus nombreux qu'eux, vont déployer leur charge de cavalerie.

Le glas de la chevalerie à la fleur de lys

Les armées vont se faire face toute la nuit, sous une pluie continue. Les chevaliers français sont demeurés sur leurs chevaux. Vers midi, les premières flèches anglaises fusent. Les chevaliers français s'élancent, mais leur charge se brise sur les pieux. Une nuée de flèches clouent les hommes à terre. L'amoncellement des blessés et des morts forme bientôt un mur auquel se heurtent les combattants qui ont mis pied à terre. La fougue des jeunes chevaliers et la défaillance de l'état-major ont donné raison à la tactique anglaise, fondée sur l'usage des longbows , et à la détermination de son chef de guerre. Les Français, engoncés dans leurs armures, sont embourbés.

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Les actes d'héroïsme ne manquent pas, pourtant. Le duc d'Alençon et ses compagnons d'armes parviennent même jusqu'à Henri V. Quand le sire d'Azincourt entreprend de prendre le camp anglais à revers, Henri V, qui a ordonné le regroupement des prisonniers à l'arrière de ses lignes, exige qu'on les mette à mort, nobles y compris. Ils sont criblés de flèches, égorgés ou livrés aux flammes dans des granges.

L'annonce du désastre aggrave la folie de Charles VI

Nombre de grands nobles ont perdu la vie à Azincourt, dont le connétable d'Albret, le duc d'Alençon et les deux frères de Jean sans Peur. D'autres furent conduits en captivité, comme Charles d'Orléans ou Richemont. Environ 6 000 morts, des Français pour l'essentiel, ont été dénombrés. On raconte que l'annonce de la défaite enfonça un peu plus Charles VI dans la folie. La bataille décapita la noblesse, mais aussi une partie de l'administration, du fait de la disparition de plusieurs baillis.

Henri V fut accueilli par un triomphe à son retour à Londres. Azincourt allait lui ouvrir les portes de la Normandie, deux ans plus tard. L'assassinat du Bourguignon Jean sans Peur, en 1419, précipita son fils Philippe le Bon dans le camp anglais. Fort de son ascendant sur la régente, Isabeau de Bavière, ce dernier facilita la signature du traité de Troyes, destiné à faire d'Henri V l'héritier du roi de France.

Valérie Toureille

Illustration : Bataille d'Azincourt. Miniature tirée de l’Abrégé de la Chronique d'Enguerrand de Monstrelet, XVe siècle, Paris. Crédit : Public domain, via Wikimedia Commons

Par Valérie Toureille

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