Mont-Saint-Michel : en Normandie, une merveille gothique et mystique

Au XIIIe siècle, sur un îlot de granite entre Bretagne et Normandie, où l’Archange Saint-Michel aurait terrassé le dragon, s’élève une abbaye si somptueuse qu’elle semble tenir du prodige.
Christiane Rancé, essayiste et écrivaine
Publié le 03/05/2023 à 16h46, mis à jour le 03/05/2023 à 16h46 • Lecture 7 min.
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Le Mont Saint-Michel. Vue depuis le sud-est au lever du soleil. Normandie, France

Le Mont Saint-Michel. Vue depuis le sud-est au lever du soleil. Normandie, France • ISTOCKPHOTO

Comme toujours avec les merveilles, tout commence par des légendes. Elles furent nombreuses celles qui entourèrent la naissance du Mont-Saint-Michel – tour à tour Mons Tumba, mont Tombe, Saint-Michel-en-Mont ou mont Saint-Michel-au-Péril-de-la-mer, voire, comme on peut le lire dans La Chanson de Roland, Saint-Michel-du-Péril.

Les légendes ? Ce fut là que l’Archange terrassa le dragon après un combat amorcé sur le mont Dol tout proche, donnant ainsi à cette petite montagne, piquée dans la baie entre Bretagne et Normandie, un caractère éminemment sacré. Ce n’est pas un hasard si Rabelais, grand iconoclaste, attribue l’existence de ce rocher et de son proche voisin, le Tombelaine, à leur transport depuis l’Orient par les parents de Gargantua ; l’effort fut tel qu’ils en moururent.

Quatre siècles plus tôt, en 1135, Geoffroy de Monmouth, l’auteur de l’Histoire des rois de Bretagne affirmait qu’Arthur y vainquit le géant Dinabuc. Est-ce le fait du dragon, ou celui du géant ? Un cercle magique, au sommet du mont, retiendrait les démons chassés du corps des hommes. Jacques Collin de Plancy le rapporte dans son Dictionnaire infernal (1818) après avoir recueilli cette histoire au cours d’un pèlerinage en terre normande.

Le rêve de saint Aubert

C’est néanmoins la présence de saint Michel, chef de la milice céleste des anges du Bien, qui décida de la vocation du lieu : un jour, l’Archange apparaît en rêve à Aubert, un ermite retiré sur ce rocher sauvage. Il lui demande d’édifier un sanctuaire qui lui serait dédié, comme l’était depuis le Ve siècle celui du mont Gargano, dans le sud de l’Italie. Aubert s’exécuta. Il fit détruire l’ancien temple païen et, tout au sommet du mont, planta une église. Puis il missionna deux des 12 clercs qui l’entouraient : qu’ils partent pour le mont Gargano et qu’ils rapportent quelques-unes des reliques de l’Archange conservées là-bas.

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