Pub

Thérèse d’Ávila : une sainte à la spiritualité ardente

Au XVIe siècle, la mystique espagnole Thérèse d’Ávila porte l’expression de la foi intérieure face aux drames de son temps : chasse aux sorcières, Inquisition, exactions des conquistadors en Amérique… Une recherche de la vérité au service de l’action, qui fait écho à notre époque.
Christiane Rancé, journaliste et essayiste
Publié le 26/01/2023 à 11h01, mis à jour le 26/01/2023 à 11h01 • Lecture 7 min.
Article réservé aux abonnés
Sainte Thérèse. Peinture de François Gérard, 1827

Sainte Thérèse. Peinture de François Gérard, 1827 • WIKIMEDIACOMMONS

Lorsque naît Thérèse de Cepeda y Ahumada, ce 28 mars 1515, l’Espagne entre dans son Siècle d’or. La fragile chrysalide qu’était cette terre définitivement reconquise aux Maures de bataille en bataille a libéré un aigle. Comme tous les aigles, il lui faut le ciel auquel sa nature aspire. Dans ce vol ascensionnel d’un pays que les règles successorales ont transformé en tête d’empire, dont l’acquisition des terres américaines a dilaté la géographie, que l’or déversé à flots dans le port de Séville a rapproché du soleil, ce sont tout un peuple et tout un royaume qui s’élèvent dans ce courant ascendant, auquel les munificences de Charles Quint impriment plus de hauteur encore. Cervantès et Ignace de Loyola, le Greco et Góngora, Velázquez et Luis de León, Thérèse d’Ávila et Jean de la Croix, pour n’évoquer que littérature et peinture, diffuseront loin par-delà les frontières l’esprit de Castille et sa langue, à laquelle Isabelle la Catholique a offert une grammaire et l’impression des grands textes classiques.

Pour autant, le Siècle d’or espagnol est aussi celui d’une intense inquiétude métaphysique. « Le monde est en feu ! » s’exclame Thérèse d’Ávila en 1566, dans le premier chapitre du Chemin de perfection, alors qu’à 51 ans elle semble avoir pleinement accompli sa vocation : elle a rencontré Dieu, colloque avec Jésus et a fondé son monastère idéal, son « colombier d’âmes », selon la règle primitive du Carmel. Quel incendie l’alerte au point qu’elle se jettera bientôt dans l’action et sur les chemins de Castille pour réformer la vie monastique, forte de sa devise « Ir adelante » (« aller de l’avant ») ?

Perte de repères

Cette même année 1566, le Père Maldonado, de retour des Indes, est venu dans le couvent de San-José raconter à Thérèse l’assassinat et l’exploitation des Indiens en Amérique, et les exactions des conquistadores. Quoi ! La Couronne d’Espagne voulait offrir ce nouvel empire au Christ, et l’entreprise tournait au massac

Pour continuer votre lecture, abonnez-vous

Je m'abonne
1€

le premier mois puis 3,50€/mois

  • Sans engagement de durée
  • Accès illimité à tous les contenus du site sur ordinateur, mobile et tablette
  • Le mensuel + ses 2 hors-séries en version numérique
  • Accès aux archives du mensuel + ses hors-séries en version numérique
Déja Abonné ? Se connecter
Christiane Rancé, journaliste et essayiste

Abonnez-vous à partir de 1€

J'en profite