Interview

Apolline de Malherbe : “Il y avait quelques ombres, comme des zombies, j’ai fondu en larmes sur mon volant… J’ai encore de l’émotion en le disant.”

À 40 ans, Apolline de Malherbe s’affirme à la matinale de RMC. Nous avons longuement rencontré celle qui a remplacé l’historique Jean-Jacques Bourdin afin de mieux connaître cette journaliste que rien ne semble pouvoir arrêter.
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Apolline de Malherbe : “Il y avait quelques ombres, comme des zombies, j’ai fondu en larmes sur mon volant… J’ai encore de l’émotion en le disant.”Jerome DOMINE

C’est à 17h que nous devions retrouver Apolline de Malherbe au Café Français, place de la Bastille, à Paris. Arrivés en avance (et elle quelques minutes en retard, mais elle avait prévenu), nous avons le temps de stresser un bon coup : comme ce fut le cas pour notre confrère du Monde quelques jours plus tôt, nous sommes partis sans notre carte bleue à notre rendez-vous. Comme elle avait déjà payé pour le quotidien, nous nous imaginions mal demander la même chose. Deux sympathiques collègues de GQ ont heureusement eu la gentillesse de donner dix euros chacun avant notre départ en métro. Ne restait plus qu’à espérer qu’Apolline de Malherbe n’ait pas une furieuse envie d’agrémenter sa boisson, que nous savions non alcoolisée puisqu’elle ne boit plus un seul verre la semaine (vous comprendrez pourquoi plus tard), d’une petite mignardise. Il n’en sera heureusement rien, la journaliste de RMC se contentera d’un thé glacé maison qu’elle repensera elle-même en modifiant un peu le dosage, rien de plus. Pendant une heure, elle nous ouvrira les portes de sa réussite. À 40 ans, Apolline de Malherbe est aujourd’hui la seule femme à diriger en solo une Matinale à la radio (et à la télévision puisque RMC Découverte diffuse également son émission) : “Apolline Matin” qui attire chaque jour 1,39 million d’auditeurs à la radio (et 800.000 à la télévision). Surtout, elle remplace un certain Jean-Jacques Bourdin, présent à l’antenne depuis 20 ans. Une véritable institution qui, même s’il a certes gardé l’interview politique de 8h30, n’a pas évidemment pas vraiment apprécié ce changement d’envergure. Déjà joker habituel de Jean-Jacques Bourdin depuis 2017, Apolline de Malherbe sait donc ce que cela fait de se lever autour de 3h du matin pour aller travailler. Sauf qu’elle le fait toute l’année et non plus une semaine par ci et par là. “Pour l’instant, pas de souci, je tiens le coup, nous indique-t-elle, mais on en reparle fin décembre !” Nous ne sommes pas du tout inquiets pour elle, même si sa pratique sportive se résume à se déplacer à vélo dans Paris. Ses siestes de deux heures en fin de matinée resteront son salut.

Apolline de Malherbe présente "Apolline Matin" sur RMC du lundi au vendredi de 6h à 8h30.Jerome DOMINE

Depuis le début de sa carrière, cette Parisienne ultra fan du mot “exsangue” - “un mot joli, qui représente très bien la situation aujourd’hui. Qui vous dirait qu’il n’est pas exsangue aujourd’hui ?” - a pris l’habitude de travailler hors des horaires dit “normaux”. Après des débuts à la production de BFM Radio en 2007, elle s’exile trois ans aux États-Unis comme correspondante de BFMTV à Washington de 2008 à 2011. Elle y travaille le jour et, parfois, la nuit pour des duplex avec la France. Comme en mai 2011. La France entière fait alors connaissance avec elle puisqu’elle couvre pour la chaîne d’information en continu l’affaire DSK dans laquelle l'homme politique Dominique Strauss-Kahn, alors grand favori pour l'élection présidentielle de 2012, est accusé d’agression sexuelle par une femme de chambre de l’hôtel Sofitel de New York, Nafissatou Diallo. Et comme Apolline de Malherbe vient juste de sortir un grand article dans un journal local sur le président du FMI, elle devient la caution française auprès de tous les grands médias américains comme ABC, NBC et CNN. “Quand je suis arrivée dans les locaux de CNN, je me sentais tellement heureuse d’être là. Comme une petite fille que l’on vient de faire rentrer dans un magasin de poupée”, nous avouera-t-elle, légèrement émue, lors de notre interview réalisée fin septembre 2020. Avec le sourire, Apolline de Malherbe, ultra fan de Blanche Gardin et de Florence Foresti (“son ‘Mother Fucker’ est juste un chef d’œuvre absolu”), évoquera également son retour en France en 2011 pour couvrir l’élection présidentielle de 2012, son départ surprise pour Canal+ en 2012-2013 à la présentation d'une émission en direct le samedi avant un retour au bercail BFMTV. Depuis lors, elle a pris les rênes de la grande émission politique “BFM Politique” diffusée le… dimanche. Pas de week-end, pas de matinée, pas de grande soirée à veiller tard en semaine (“Je me rattrape le week-end !”), Apolline de Malherbe vit toujours à contre-courant, mais jamais à contre-emploi. Droite dans ses bottes, elle impose un style direct, élégant, épuré qui permet d’en savoir plus sur les personnes qu’elle reçoit. Jamais dans le clash (“Je ne sais pas faire”) ni dans la démesure, cette maman de quatre enfants tisse sa toile cathodique et radiophonique avec simplicité, au prix d’un travail de damné effectué la plupart du temps sur son smartphone. À la fin d’une journée de travail commencé à 3h du matin et pas encore terminée, elle a répondu à nos questions sans jamais se cacher ni chercher à enjoliver les choses. Passionnée, claire, éminemment cultivée, elle nous a transporté 89 minutes durant lors d’une conversation rythmée par le coronavirus, Jean-Jacques Bourdin, l’humour, ses loisirs majoritairement manuels, Dominique Strauss-Kahn, les réseaux sociaux, ses larmes un soir de confinement seule à minuit dans Paris, et terminée, gaiement, par une recette très originale de pâtes maison. À déguster sans modération. 

Commençons par l’actualité du moment : Jean-Pierre Pernaut quitte le JT de 13h de TF1, vous étiez intéressée par le poste ?
Honnêtement, c’est un magnifique job. Mais cela ne m’a pas traversé l’esprit. Je viens de commencer un nouveau job donc… Mais ce qui m’a frappé, c'est que ce JT de 13h est assez dans l’esprit RMC. Son côté très France telle qu’elle est, très terroir : 5-7 minutes d’info générales et on repart sur les terroirs, de manière assez cash parfois où Jean-Pierre Pernaut se permet de faire quelques remarques. C’est RMC. Donc je me sens une communion avec ce JT. RMC c’est la France, je le dis sans prétention. Les autres matinales sont très politiques. Pour faire simple, si vous êtes de gauche vous allez écouter France Inter, si vous êtes de droite, Europe 1, RTL est un peu de ce côté-là aussi. RMC est la France dans sa diversité sans ce filtre politique. Avec des gens qui ont un avis sur tout mais il y a des jeunes, des vieux. Quand Jacqueline 75 ans appelle au sujet du coronavirus pour ne pas que l’on sacrifie ses petits enfants en disant “laissez-nous mourir” ou quand Thomas qui se marie dans 10 jours veut savoir les risques… Cette diversité me plait. Donc quand Pernaut dit qu’il arrête, je me dis ‘chapeau le mec, il m’épate’ et je me dis qu’il faut être attentif à cette vibration, ce côté comme il est. Le mec n’a pas changé, très terroir…

Mais si on vous avait proposé le poste ? 
Bah… Vous pouvez poser cette question à n’importe quel journaliste, j’y mets ma main à couper, il réfléchit. Donc ce n’est pas propre à moi. On ne peut pas balayer ce genre de choses. Mais pour le coup, ça ne m’a pas du tout traversé l’esprit. 

Donc on ne vous l’a pas proposé…
Si, mais j’ai dit non. Je trouvais que ce n’était vraiment pas le moment pour moi. Je leur ai dit : “Non, écoutez, vous exagérez.” 

On va mettre ça en titre de l’interview…
Vous pouvez mettre “J’ai refusé le 13h de TF1” voilà ! “Et comme elle avait un masque, je n’ai pas pu voir si elle souriait ou pas. Si elle était ironique.” Je fais confiance à votre intelligence.

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Je ne sais pas si pouvez nous faire confiance, mais bon… Cela fait plus d’un mois que vous êtes à la tête de la Matinale de RMC nommée “Apolline Matin”, ça va comment ? 
Je me sens bien et suis très heureuse. Mais c’est à ceux qui m’écoutent de me dire si c’est bien. Les auditeurs sont là, je voulais faire une matinale rigoureuse bienveillante et chaleureuse. Je m’y sens bien. On est avec ceux qui font l’actu. Ce n’est pas une succession d’édito qui vous disent ce que vous devez penser sur la politique, l’économie, le pouvoir d’achat… Je veux des gens qui parlent, par exemple pour les squatteurs : on peut prendre un juriste qui va vous dire comment ça marche, quels sont vos droits, comment déloger un squatteur… D’autres radios feront venir Emmanuelle Wargon, secrétaire d’état qui va vous dire ‘il faut changer la loi, faire ci’… Dans ma matinale, vous aviez Véronique, voisine et amie des gens qui ont squatté dans la Nièvre, qui raconte ce moment fou où les propriétaires reprennent possession des lieux, racontent le déjeuner, les squatteurs qui reviennent, roulent leur joint et les gendarmes qui leur disent que c'est à eux, les propriétaires, de partir. Car les squatteurs sont là depuis plus de 48h. Elle raconte la scène, c’est inouï. Je suis rigoureuse, j’apporte l’information. Les gens l’auront, mais ils auront en plus cette vibration humaine qui fait qu’ils pourront s’imaginer les scènes. 

On peut dire que vous moins trash que votre prédécesseur Jean-Jacques Bourdin ?
Les gens me connaissant depuis très très longtemps, ils savent comment je suis. Je suis un bébé BFM, ils savent que je suis très naturelle, à l’antenne comme dans la vie. RMC n’est pas une radio où l’on fait semblant et ça me va. Je suis chaleureuse, spontanée. Mais sur BFM j’avais un rôle plus lisse, alors que je suis quelqu’un de spontanée, une femme de 40 ans, de ma génération, mère de famille, qui sait que le matin on est à l’arrache, avec le réveil des enfants, les cartables, se maquiller, être à l’heure… Je ne suis pas dans la polémique. Ce n’est pas moi. Quand j’ai commencé à être son joker, Bourdin lui-même m’avait dit “Je n’ai qu’un seul conseil à vous donner, c’est d’être vous-même”. C’est aussi ce que m'ont demandé mes boss. Donc je suis heureuse. 

Et donc pas clash comme pouvait en créer Jean-Jacques Bourdin ?
Je ne vais pas créer des clash, je ne sais pas faire. Je ne veux pas d’entourloupes. Mais quand ça vient, comme quand le gouvernement annonce allonger le chômage partiel aux parents dont les enfants ne peuvent pas aller à l’école à cause des cas contacts au coronavirus, s’ils ne peuvent pas télétravailler, là… Car ça veut donc dire que ceux qui peuvent télétravailler, on ne leur donne pas le chômage partiel car on considère qu’ils peuvent garder leurs gosses tout en télétravaillant… Ce jour-là, toute la matinale, j’étais en mode furie. Je demandais au gouvernement de passer ne serait-ce qu’un heure avec leur gosses dans un appart’. C’est le genre de combat que je mène. Comme les laboratoires. Je comprends très bien qu’ils soient épuisés, mais prenons du recul : pendant la crise aigüe, les infirmières étaient exsangues. Pas un instant elles n’auraient lâché l’hôpital parce qu’elles étaient débordées. Je comprends que les conditions ne soient pas bonnes, mais pas maintenant, pas quand on a besoin d’eux. 

Est-ce que vous auriez invité dans votre émission une personne comme Éric Zemmour, aux idées tranchées, qui dépassent parfois les limites, un vrai créateur de polémiques…
J’ai toujours pensé que les gens doivent pouvoir s’exprimer. Je ne suis pas là pour juger.  En revanche… Je dirais les opinions “oui”, les délits “non”. Il est toujours “borderline”. Par ailleurs, je suis pour le débat. Et là, je réponds que parce que vous me posez la question : si Zemmour est face à quelqu’un qui lui apporte la contradiction, solide, vraie, alors pourquoi pas. En revanche, dérouler un tapis rouge à une personne, une opinion, qui parfois flirte avec le délit (insultes, diffamation, injures, racisme…), non. Mais si on est dans une opinion, même tranchée, on doit avoir une contradiction solide. Notre responsabilité à nous journalistes est de contredire, de poser les limites, de dire que telle ou telle chose n’est pas vraie. Mais à ce jour, cela ne m’intéresse pas.

Dans votre matinale, vous ne recevez pas que des gens très connus… 
Il n’y a pas d’intérêt pour moi d’avoir des stars. Je préfère Sophie qui me parle de son squat en bas de chez elle. Avec son témoignage, elle apporte de l’info, de l’humanité… C’est parfois plus difficile d’avoir ces gens là que Obama. J'exagère à peine. C’est compliqué, il faut la convaincre, la mettre en confiance, la guider. Heureusement, j’ai toute une équipe qui va dans ce sens (une vingtaine de personnes, ndlr) et m’aide à y parvenir. 

En gros, vous parlez de politique sans les politiques, c’est ça ?
Ça me plaît ainsi. J’adore les interviews politiques, c’est un échange, une tension, vous êtes avec ceux qui sont au cœur du pouvoir de décision. C’est un exercice qui me plaît. Et que je continue à mener. Mais je n’ai aucune nostalgie de cette politique là. Je n’ai jamais vraiment voulu être dans la politique politicienne. L’insécurité est une question importante en politique, je préfère en parler avec Sophie et laisser aux politiques leur rôle et leur dire “qu’est-ce que vous avez fait pour elle ?” Que “qu’est-ce que va devenir la gauche ?” Je m’en fous complètement. C’est un peu stérile les interviews politiques. Mais j’aime ça car malgré tout, il y a des moments de vérité. Mais pour un moment de vérité, il y en a cinquante insatisfaisants… Ce qui ne m’empêche pas d’adorer les soirées électorales. La France est un pays politique, ces soirées électorales sont un moment absolument dément. Et quand Jean-Jacques Bourdin n’est pas là pour faire son interview politique à 8h30, je le remplace dans son interview, pas de souci. 

Comment s’est passée justement la succession de Jean-Jacques Bourdin ?
Entre lui et moi, cela s’est très bien passé. Mais on se voit assez peu. On ne se voit pas tous les jours et on ne se tape pas dans le dos. On se tient au courant de ce que l’on va faire. Mais je crois honnêtement qu’il a du respect pour moi et j’en ai pour lui. Il n’y a aucune animosité. Après, j’ai vu les pics envoyés mais ce n’était pas contre moi. 

Il a fallu trouver un autre nom d’émission que “Bourdin Direct”, c’est vous qui avez choisi “Apolline Matin” ?
Apolline, c’est moi qui ai proposé. Tout le monde a aimé cette idée. “Le Malherbe Show”, “Apo matin” ont été évoqués aussi avec l’équipe, ma famille. Mais les auditeurs m’appellent spontanément comme ça. Mon prénom n’est pas hyper fréquent. Donc autant le garder dans le nom de l'émission. Le prénom, c’est plus direct. C’est proche des gens, comme Jean-Pierre Pernaut : vous l’appelez Jean-Pierre. En Une du Parisien, ils avaient mis : “Sacré Jean-Pierre”. 

Oui, sauf que pour nous, “Jean-Pierre”, c’est Foucault pas Pernaut… 
Ah vous êtes cons ! Il fait le loto maintenant…

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Vous revendiquez un style proche des gens, que peut-on dire que votre style vestimentaire ?  Nous sommes GQ, je me dois de vous poser cette question !
Qu’il est assez girly. C’est un respect pour les téléspectateurs et les invités. À une époque, j’étais une des premières à mettre beaucoup de Perfecto de couleur. J’ai adoré ça ! Mais je n’en mets car tout le monde en met en plateau. J’aime être assez colorée, très féminine, très mode. Pour les femmes, il a longtemps été considéré que quand elles étaient journalistes et dans des postes de direction, il fallait qu’elles soient un peu austères pour ne pas trop se faire remarquer. Cela a bien changé. On peut être féminine, très audacieuse. J’ai une styliste, mes habits me sont prêtés pour 15 jours. Je mets aussi des habits à moi, une fois sur trois je dirais, des fringues dans lesquelles je me sens bien. Et j’ai des chaussures à talon à la rédaction. C’est très important de les mettre à l’antenne, même si elles ne se voient pas toujours. Je me fais les ongles juste avant de rentrer en plateau. C’est du coloriage pour moi. J’ai toutes les couleurs sur mon bureau. 

Vous avez un côté chic et on a envie de vous faire confiance sans trop réfléchir…
Je crois que les gens peuvent me faire confiance, je ne suis là pour leur faire des entourloupes. J’aime ce métier qui consiste à raconter le monde comme il est. En revanche, je ne pratique pas le tutoiement, par respect. Plus que du chic, c’est de la politesse.

Une question d’éducation aussi peut-être ? Vous êtes née dans le 16è arrondissement de Paris, fille d’un peintre et d’une galeriste, vous avez fait des hautes études…
Je ne sais pas même comment on sait que je suis née dans une clinique du 16è… J’aurais pu naître du 14 ou du 12è. Après, vous dîtes que je suis chic, vous ne l’auriez peut-être pas dit. 

Ah bah non, on le pensait avant de savoir que vous étiez née dans le 16è. Ça vous a ouvert ou fermé des portes cette éducation disons “privilégiée” ?  
Ce serait insolent d’oser me plaindre car on m’a ouvert des portes plutôt que de me les fermer. Qui suis-je pour vous dire ça ? Je bosse beaucoup, mais je ne suis pas une victime. Et je n’ai pas l’impression que cela m’ait ouvert des portes… 

Un petit conseil de lecture d'Apolline de Malherbe pour les enfants (et les grands) à Noël : “Les vacances de Zéphyr” de Jean de Brunhoff.Jerome DOMINE

Vous êtes aujourd’hui la seule femme à la tête, en solo, d’une matinale radio et télévision, ça signifie quoi ? Vous êtes une exception ou la France avance enfin ?
Je ne sais pas… Force est de constater que dans les autres matinales, il n’y a pas de chef d’orchestre. Moi, on m’a dit que je devais tenir la baguette. J’aimerais vous dire que c’est un non sujet mais à partir du moment où je suis la seule, c’est un sujet. Heureusement que certains font confiance à une femme. Il y a des choses sur lesquelles il faut faire évoluer les mentalités, notamment ce petit bout du haut de la pyramide où, en général, les femmes sont moins nombreuses. Chacune dans notre rôle, on fait évoluer les choses. Si une personne peut se dire de ne rien s’interdire, tant mieux. Mais il faut qu’elle sache que ça ne sera jamais parfait : “Ne crois pas que tout sera parfait dans ta vie, que tu vas être la mère parfaite, l’épouse parfaite et la bosseuse parfaite. Il y aura des moments de KO.” J’aime beaucoup le titre du film de Pedro Almodovar : Femmes au bord de la crise de nerfs. Une femme aujourd’hui qui bosse et qui a des enfants est toujours quasiment une femme au bord de la crise de nerfs. C’est à prendre en compte, mais tout est possible sinon, oui. 

Vous faites quoi pour vous détendre et ne pas être une femme qui tombe dans la crise de nerfs ? 
Je dessine, beaucoup. Je bricole aussi. Je suis très manuelle. Je fais des collages, du dessin, de la peinture. J’ai un meuble dans lequel je mets tous mes vieux papiers. C’est juste pour moi, cela n’a pas vocation pour l’instant à être vu par les autres. Dans mon boulot, je vis comme une artisan. J’aime l’idée d’être comme le boulanger qui se lève à trois quatre heures pour aller travailler. Je vais faire l’info moi. 

Quel genre de dessins faites-vous ?
Je dessine des paysages, je fais le portrait des gens qui j’aime, je crayonne. Quand je pars en vacances, j’ai toujours une petit boite de peinture. Je peins les cailloux que je ramasse sur la plage. Je suis une “accumulatrice”, je garde des petits papiers, des tickets, des morceaux du quotidien. Et je fais des collages avec tout ça. Il y a un autre truc aussi qui est un grand bonheur dans la vie, c’est de lire des livres pour enfants. Un grand moment d’évasion pour eux, mais pour moi aussi. J’aime m’installer et lire. Quand vous lisez “Les vacances de Zéphyr” (de Jean de Brunhoff, ndlr) vous ne pouvez pas ne pas vous évader.

Vous regardez aussi beaucoup la télévision si j’ai bien compris ? 
Je kiffe la télé. En revanche, je ne me regarde pas du tout, je devrais peut-être… Je regarde BFM bien sûr mais aussi “Quotidien”, Hanouna, “C à Vous”. Je regarde des séries, des films, comme tout le monde. Je t’attends avec impatience la saison 8 d’Engrenages mais j’attends le week-end pour regarder la série sinon ma nuit est foutue. Les deux dernières séries que j’ai vues (au moment de notre interview, ndlr) sont Shtisel, spin off d’Unorthordox. C’est assez poignant. Et The Morning Show. J’avoue que j’avais assez envie de regarder étant donné le contexte ! (L’histoire de The Morning Show est celle de deux femmes, interprétés par Jennifer Aniston et Reese Witherspoon qui vont se disputer le poste de présentatrice la tranche d’information matinale sur une chaîne de télévision de New York, ndlr).

Du coup, vous faites tout, tout le temps en fait ! Vous n’arrêtez jamais. Vous avez peur de vous arrêter ? 
Non, je n’ai pas peur d’arrêter, pas du tout. Un livre, pour moi, c’est une pause totale. Je n’ai pas le sentiment d’être quelqu’un qui fait pour faire. En revanche, je ne fais pas de sport, parce que pour le coup, je n’ai pas le temps ! Je ne désespère pas d’en faire un jour, mais là… Un peu de pilate serait déjà bien. Mais il n’y a pas vraiment d’envie. J’adore nager l’été, je fais du vélo dans Paris, non électrique. Par contre je suis le sport. D’autant plus depuis que je suis à RMC, je suis à fond ! Le foot est très présent depuis la rentrée. J’aime le tennis mais je ne suis pas courant de tous les résultats. Je suis plus proche de Churchill là-dessus. (Winston Churchill disait ne jamais faire de sport, ce qui expliquait sa bonne forme physique selon lui, ndlr)

C’était quand la dernière fois que vous avez pleuré ? 
Au début du premier confinement, en mars dernier. Je faisais souvent les émissions tard le soir au début. Je finissais vers minuit (elle ne faisait alors pas la matinale comme cela est le cas depuis le mois d’août, ndlr). Et un soir, Macron fait un discours, je commente jusqu’à minuit. Des amis qui étaient partis de Paris m’avaient prêté une voiture. Je me retrouve Boulevard Saint-Germain, au niveau de la rue de Solférino, il doit être 00h30, il y a la charge de l’émotion. J’étais la seule qui sortait de la maison, il fallait faire attention. Et puis il y avait la charge de l’antenne. Il fallait commenter le chiffre des morts, chaque jour était de pire en pire. Et là, le boulevard est vide. Ça n’arrive jamais Paris vide. Là, c’est vide et lugubre. Il y avait quelques ombres, comme des zombies, c’était hyper dur. J’ai fondu en larmes sur mon volant. J’ai encore de l’émotion en le disant. J’étais seule…

Vous avez toujours voulue être journaliste ? Après avoir obtenu votre bac en 1997, vous avez fait hypokhâgne et khâgne, licence de lettre à la Sorbonne et Sciences Politiques, spécialité Service Public…
C’est ce qui mène à l’ENA (École Nationale d’Administration, ndlr), oui. Mais j’ai toujours voulu être journaliste. J’étais un peu l’OVNI parmi ceux qui voulaient être à l’ENA. Car je voulais savoir comment fonctionnait le monde, la France. C’est mon côté un peu bosseuse. Mais je n’ai fait pas d’école de journalisme. En revanche, j’ai fait des stages : Ouest France au Mans, (ma famille est sarthoise), Le Figaro deux fois (service politique et service International, notamment au moment des attentats de 2001 à New York). À ce moment-là, je n’ai jamais pensé à la télé ni à la radio. Je voulais être journaliste de magazine culturel. Je me disais que je ferais de grands enquêtes culturelles, des enquêtes de société aussi. Car j’aime la sociologie, la géographie. Ce sont mes deux grandes passions. J’aime lire des livres de géographie : un Fernand Braudel, un Christophe Guilluy sur la géographie sociale, sur les concepts de France périphérique qui ont découvert la nouvelle France urbaine en 2007 c’est-à-dire ni urbaine ni rurale, un peu la France des gilets jaunes aujourd’hui. Il y a Jérôme Fourquet aussi avec l’archipellisation de la France, l’idée des communautés… Voilà, ça ce sont des sujets qui me passionnent. La démographie me passionne, je suis une passionnée de l’espérance de vie. C’est un concept de vie géniale. Quand vous découvrez qu’en Angleterre il y a 16 ans de différence d’espérance de vie entre les différents territoires du pays… 16 ans de plus suivant où vous êtes né ! Ça me passionne, et ça me révolte. Et c’est finalement partout ça. C’est pareil pour le chômage, le pouvoir d’achat… Ces questions sont géographiques, sociétales et sociologiques. Donc bref, je vais me voyais travailler au Point, au Nouvel Obs, à Beaux Arts Magazine. J’étais persuadée que j’y serais. 

Et puis finalement…
Je fais ensuite mon DEA de sociologie et je m’intéresse aussi à ce moment-là aux hommes politiques qui vont dans des émissions de divertissement. À l’époque, ils vont sur les plateaux des Fogiel, Ardisson, Drucker. Les éditions Albin Michel entendent parler de mon mémoire de DEA et me disent que c’est une question sur laquelle personne n’a encore jamais travaillé, c’est dans l’ère du temps : “Ça vous intéresse de faire un livre dessus ?”. Je publie donc un livre en 2007… “Politiques cherchent Audimat, désespérément” (qui aura le prix Edgar Faure). J’interviewe un certain nombre de personnes, je suis étudiante, méga enceinte. Et je fais une interview de Thierry Ardisson. À la fin, il me dit “Bon bah vous, vous allez faire de la télévision”. Je lui réponds : “Pas du tout, ça ne m’intéresse pas !”. “Si si, vous verrez”, insiste-t-il. La semaine d’après, il m’appelle : “J’ai un job de programmatrice, venez, prenez-le, faut entrer dans une boite de prod, à la télé.” Il se trouve que j’étais encore étudiante donc je refuse. Mais je me suis dit que si un mec comme Ardisson y pense, il fallait peut-être que je me pose la question. Et du coup, j’ai fait un stage à LCI. Puis BFM m’embauché dans la foulée, en 2007. Comme programmatrice de l’émission d’Hedwige Chevrillon à BFM Radio

Coup de foudre pour la télé du coup?
Oui, ça m’a plu tout de suite. J’ai aimé le direct, comme la radio. Alors oui, parfois, le côté plus approfondi manque. Mais on colle à l’actu, on est dans le vrai du moment, la spontanéité. J’adore travailler sans filet. 

Le fameux Perfecto d'Apolline de Malherbe, ici lors d'une soirée du magazine "Elle" en mars 2019.Laurent Viteur/Getty Images

Ça consiste en quoi exactement “programmatrice” d’une émission ?
Programmatrice c’est “producer”, la personne qui appelle les invités pour caler des interviews, en plateau. Il faut avoir l’idée, caler les choses, anticiper et programmer du contenu pour l’émission.
Je fais ça pendant un an. Parallèlement, il y a des municipales et BFMTV s’installe doucement. Je fais mes premiers duplex à cette occasion, sans filet encore. Je suis allée couvrir la soirée à Neuilly. J’étais trop contente, je me comportais comme si je couvrais un match de foot. Et puis je pars aux États-Unis pour être envoyée spécial pour BFMTV, qui n’a rien là-bas. C’est une super opportunité, je plante le drapeau BFMTV là-bas ! Jusqu’à l’été 2011.

Vous rentrez en France juste après la fameuse affaire DSK qui vous a fait connaître du grand public en mai 2011…
Je la couvre pour BFM, oui. Et par un hasard fou, j’ai un article qui paraît trois semaines avant l’affaire dans le Washingtonian Magazine, un grand papier portrait de Dominique Strauss-Kahn : “DSK, The Invisible Man.” Le patron du journal hallucinait car ce type qui habitait à Washington et que personne ne connaissait vraiment était vu chez nous, en France, comme un futur président de la république ! Il me disait “Nous, un Américain part pendant trois ans en Europe, il est grillé.” Et puis l’affaire éclate (le 14 mai 2011, ndlr). Les journalistes américains n’ont aucun truc sur lui, juste des papiers du Financial Times sur le FMI (Fonds Monétaire International dont Dominique Strauss-Kahn, surnommé DSK, était président depuis novembre 2007, ndlr). Mais ils ne savent pas qui c’est, ni qui est Anne Sinclair (la femme de DSK, ndlr). Et mon papier, qui vient d’être mis en ligne, devient le premier à ressortir sur Google. Les médias US m’appellent et je deviens la référence. Je fais les duplex pour BFMTV, une vingtaine par jour, et, entre les duplex, je suis sur CNN, ABC, NBC pour parler de l’affaire DSK aux Américains. Je suis leur invitée. J’ai alors 30 ans, c’est passionnant. C’est un moment important pour la France, pour moi. Je me souviendrai toujours du moment où je suis arrivée à CNN, j’étais tellement heureuse d’être là. Comme une petite fille que l’on vient de faire rentrer dans un magasin de poupées. J’adore mon métier, j’adore les États-Unis et je me retrouve dans un studio de CNN. Bon, c’est épuisant aussi mais c’est passionnant. Avec cette affaire DSK, c’est aussi là que BFMTV décolle vraiment. Le réflexe BFMTV des gens quand il se passe un truc vient de là. 

Pourquoi vous ne restez pas là-bas du coup ? 
J’ai deux solutions : soit je reste 18 mois de plus pour les Présidentielles américaines qui ont lieu en novembre 2012, ou je rentre pour l’élection française qui a lieu au printemps 2012. Le timing familial m’arrange, je rentre. Et je deviens reporter sur le terrain pour la Présidentielle.

Vous le connaissiez bien DSK ou pas ?
Je l’avais croisé quelque fois à Washington, sans l’interviewer. Je l’ai vu depuis mais sans interview non plus. Il n’en donne pas beaucoup. Mais ce n’était pas anodin de s’entretenir brièvement avec lui, la boucle était bouclée. Même si j’aimerais beaucoup l’interviewer, ce serait vachement intéressant dix ans après. Et puis au-delà de ça, c’est quelqu’un qui étonnamment continue à conserver une forme de respect sur son point de vue économique alors qu’il est grillé politiquement. N’hésitez donc pas à lui dire que s’il veut, je lui propose un grand entretien ! 

On va lui passer le message, pas de souci. Reprenons le fil de votre carrière : un an après être revenue en France, surprise, vous lâchez BFM pour Canal+. Étonnant… 
J’ai déjà été producer, chef d’édition, correspondante, reporter… Canal+ vient me voir et me propose d’être intervieweuse et éditorialiste. Ça m’intéresse, évidemment. Donc j’y vais.

Et vous revenez à BFM moins d’un an après, en 2013 !
Ils viennent me chercher, oui. Je n’ai presque pas eu le temps de me poser le question de savoir si ça se passait bien ou pas à Canal. Mais je n’étais hyper heureuse, je l’avoue. BFM me propose de remplacer Olivier Mazerolle quand même, qui va reprendre La Provence, pour faire la grosse émission politique, “BFM Politique”. À 32 ans, c’est pas mal ! Mais plus que tout je reviens car à BFM j’ai une liberté. Personne ne relis mes papiers, me demandent mes questions. À Canal, peut-être que la chaîne est un peu en crise, tremblante à ce moment-là et se demande peut-être “est-ce qu’on est assez cool”… Tout cela m’inhibe. J’aime la spontanéité, la vérité du moment. Je me sens corsetée. En toute objectivité, je pense que je n’étais pas bonne même si on m’a dit le contraire. Je suis sur la retenue. Donc quand Hervé Béroud (directeur de la rédaction de BFM TV, ndlr) vient me voir… J’y retourne bien sûr ! 

Vous voilà donc à travailler le dimanche. Ça ne vous a jamais dit d’avoir un emploi du temps classique ?! Le dimanche, les matinales, l’étranger avec le décalage horaire… 
C’est vrai que… rires Me lever à 7h, une journée de travail, on rentre, samedi tranquille… Et bah… non ! Déjà aux États-Unis, je bossais jusqu’à 18h et je retournais parfois ensuite à minuit au boulot pour les duplex du matin en France, à 6h du matin. Mais, même si ça ne se voit pas, je prends des moments de détente ! Cela dit vrai que je n’ai jamais eu d’horaires “normaux”, je ne sais pas comment je ferais si j’avais des horaires de bureau classiques… Pour certains, ça paraît l’enfer de se lever à 3h du matin mais pour moi, ça va.

Donc lever tous les jours à 3h du matin là ?
Entre 3 et 4h, ça dépend. Plus vers 3h quand je n’ai pas assez bossé la veille. Et puis vers 4h si j’ai bien bossé? 

Ça vous arrive souvent de ne pas avoir assez bossé la veille ?! 
… Non. C’est assez rigoureux. C’est un peu fantasque et foufou mais par contre je ne crois qu’au travail. Je suis comme ça. 

Déjà à l’école ?
J’aimais bien l’école mais je n’étais pas une très bonne élève. Je suis devenue une bonne élève en Première et Terminale. En fait, je bosse beaucoup quand j’aime ce que je fais. J’ai fait un bac Arts Plastiques, enfin Littéraire et Arts Plastiques, ça a donné un sens à tout ce que je faisais, j’adorais ça. C’était coefficient 7 au bac les matières Arts Plastiques et Histoire de l’art. Ça me donnait envie de bosser. Et puis j’ai fait hypokhâgne et khâgne, à, Paris. Et puis Sciences Politiques donc… 

Vous avez réussi, avec cet emploi du temps assez atypique, à fonder une famille, une vraie vie de famille. Vous ne vous êtes jamais mis de frein ? 
Non, jamais. Je suis très pudique sur mes enfants et sur mon mec, ce sont des choses dont je ne veux pas parler. C’est ma seule limite. Mais je peux parler du fait d’avoir des enfants. Et le fait d’être une femme. Aujourd’hui j’ai quatre enfants, un boulot très intense, avec une certaine pression mais je jongle plus que je ne gère. C’est toujours un peu au bord du chaos. J’accepte cette part de chaos. Je ne suis jamais dit : “Ah bah si je veux faire les choses proprement, si j’ai plus de deux enfants mais je vais jamais y arriver parce que je n’aurais plus de temps pour faire ceci ou cela.” Ou alors : “Si je prends tel job, je ne pourrais voir mes enfants souvent”… Dans un sens comme dans l’autre, je me sous toujours dit : “On se débrouillera, il y aura des moments où ça se passera bien d’autres ou ça sera le bordel. Et alors ?!” Je crois qu’il faut dire un truc : la France est magnifique pour nous. Les femmes n’ont rien à s’interdire. J’ai vécu aux États-Unis, les femmes n’ont pas de congé maternité, si elles ont des enfants et un boulot, elles se foutent en général une telle pression - “faut que je sois une mère parfaite” - qu’elles démissionnent de leur job. Pas de maternelle, pas vraiment de crèche, pas d’allocations familiales, pas d'aides pour les gardes partagées… Elles n’osent. Les femmes qui ont des beaux boulots, elles se disent “si j’ai un enfant, je ne vais pas réussir à venir bosser”. Elles ont des vies qui sont comme des strates et elles s’interdisent de faire toutes les choses en même temps. En France, et je reviens là à ma passion pour la démographie, plus une femme a des enfants, plus elle travaille. En Allemagne, les femmes qui travaillent n’ont pas d’enfant, la plupart évidemment. Et si vous travaillez et que vous avez des enfants, il y a ce terme en Allemagne qui est “mère corbeau”, une mauvaise mère qui néglige ses enfants (“Rabenmutteren Allemand, ndlr). Pas de maternelle non plus là-bas, on garde les enfants chez soi. Chez nous, personne ne va vous culpabiliser parce que vous mettez vos enfants à la crèche. Et moi je crois beaucoup aussi au fait que les enfants poussent en indépendance, en autonomie. On fera des enfants débrouillards. Et quand je suis là, je suis pleinement avec eux. Bon, ce sont mes convictions personnelles. 

D’accord. Mais c’est plus davantage dans la vie de tous les jours que cela peut poser problème (et je poserais aussi la question à un homme) : ne pas les accompagner à l’école, aller les chercher, les voir dans les moments clés… 
Moi je peux aller les chercher ! Mais oui, on rate des moments. Et c’est ainsi. On leur apportera autre chose. Je ne dis pas que c’est parfait. Mais j’accepte cette imperfection. Oui, c’est une grosse charge, c’est de l’organisation, c’est avoir dans la tête où est l’un, où est l’autre, comme toute mère de famille. Mais ils se construiront aussi comme ça et moi aussi. 

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Vous avez près de 300.000 abonnés sur Twitter. Vous y accordez de l’importance ou vous vous en fichez ?
Je ne suis pas sur Facebook, pas sur Instagram. Je ne comprends pas d’ailleurs Instagram. L’idée de se mettre en scène et montrer ses photos, je ne vois pas l’idée… Mais j’aime regarder les photos. J’observe mais cela ne m’intéresse pas que l’on me voit. J’aime voir leur vie. 

Vous avez donc créer un compte juste pour voir les gens !
Pour voir mes enfants oui ! Rires Jamais ne posterai des photos de moi. En revanche, je trouve que Twitter est un espace d’informations. On peut par exemple partager des moments forts de la matinale. C’est une grande revue de presse, on peut glaner des trucs. Mais la vérité est que je crois que ce n’est pas vraiment la vraie vie. Je ne m’en fous pas, je regarde, mais il ne faut pas donner trop d’importance. Ça caricature beaucoup sur Twitter, il n’y a pas de place pour la nuance. Et puis il y a des bandes de hargneux qui passent leur vie à aller chercher un os à ronger et qui dès que vous dites un truc se jettent sur vous… 

C’est qui vous gérez votre compte ?
Oui.

Une dernière question et je vous laisser aller travailler pour l’émission de demain (elle a reçu plusieurs messages et coups de fils pour la programmation pendant notre interview, ndlr) J’ai lu que vous ne travaillez pas sur ordinateur mais seulement sur smartphone. C’est vrai ? 
Oui. J’ai juste un ordinateur le matin au bureau pour imprimer mon texte et les dépêches. Sinon je fais tout sur mon iPhone. Sur l’appli Notes. Là, vous avez le trame de ce matin (elle nous montre son téléphone, ndlr). Et toutes les interviews de mes dernières années. Je crois que tout est sauvegardé dans le Cloud, même si je ne suis pas très bonne pour ça ! Je ne travaille que là-dessus, à 100%. Cela me permet de travailler partout, dans la rue, pas besoin de m’asseoir. Et comme vous le savez, dans une vie de chaos avec les enfants par exemple, si vous avez besoin de vous asseoir devant un ordinateur, vous ne le faites jamais. Je peux être en train de cuire des pâtes et notez une question qui me vient pour demain.

Vous avez fait des pâtes quand pour la dernière fois ?
Hier soir. 

Quel genre de pâtes ?
Des pâtes alphabet. Pour les enfants. Rires

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