Style

Le style d'Harlem Désir

Le nouveau numéro 1 du PS a fait du chemin depuis ses années SOS Racisme. Et changé plusieurs fois de looks. Une stratégie payante décryptée en trois étapes.

Le style de Harlem Désir

En 1984, à l’époque où le jeune Éric Zemmour passe encore son bac, la France découvre la coupe afro, le blouson de cuir, le sourire tendre et les badges jaunes d’un métis qui ne veut pas qu’on touche à ses potes. Harlem Désir, président-fondateur de SOS Racisme et militant à l’Unef-ID, combat un FN à 10 % avec des concerts, des manifs et des rassemblements d’artistes. Harlem, tout le monde l’aime, hormis le groupe Jalons, collectif satirique anar de droite emmené par Karl Zéro et son frère, qui le surnomme "Tramway désir" et rebaptise son organisation en "SOS Nanisme". Lorsqu’il passe à "L’Heure de vérité", en 1987, c’est un carton. Harlem "parle vrai", dénonce les "cages d’escalier" où les jeunes discriminés attendent un avenir qu’on leur refuse. La séquence qui tue: pour prouver à Jean- Marie Le Pen qu’il ne s’appelle pas Jean-Philippe et que, non, "Harlem Désir" n’est pas un pseudo, il exhibe sa carte d’identité face à la caméra.
© Gamma

Le style de Harlem Désir

Après dix ans de SOS Racisme, Harlem Désir se "balladurise". Il se fait pousser des lunettes, s’éclate en parlant PIB et TVA avec Lionel Jospin, soutient à fond la taxe Tobin parce qu’il est quand même de gauche et veut réguler la mondialisation. Il se met aussi à porter des costumes gris. Après avoir erré du côté de Génération Écologie, puis rejoint la direction du Parti socialiste en 1994, le candidat malheureux aux législatives perd ses cheveux en bataillant avec ses mises en examen pour des emplois fictifs à l’époque de SOS. En 1998, il est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis et 30.000 francs d’amende. On le soupçonne aussi d’avoir bénéficié d’une amnistie de François Mitterrand pour avoir fait sauter 80.000 francs de PV. Du coup, il part se faire oublier à Bruxelles en tant que député européen et, comme tout condamné qui veut repartir de zéro, change de visage.
© Corbis

Le style de Harlem Désir

Revenu discrètement sur le devant de la scène au gré des alliances compliquées du congrès du Parti socialiste à Reims en 2008, Harlem Désir s’est trouvé un nouveau mentor: Barack Obama. S’il n’a pas encore troqué ses improbables combos vestes beiges à épaulettes sur chemises rose PS pour de sobres costumes griffés Hart Schaffner Marx, le nouveau chef du parti s’est fait réélire au Parlement européen en 2009 avec une affiche très obamesque. Et lorsque Valérie Pécresse a osé comparer Nicolas Sarkozy au président américain, il est aussitôt sorti de ses gonds: "C’est de la publicité mensongère !". En même temps, on le comprend, imaginez la réaction de Dick Rivers si on se mettait à dire que Christophe est le Elvis français…
© Maxppp