Politique

Grèce : passe ta cravate d'abord

Par leur refus symbolique de porter une cravate face à leur alter egos de l'UE, Alexis Tsipras et Yánis Varoufáki relancent la désobéissance civile et tentent coûte que coûte de prévenir la Grèce d'une pendaison planifiée.
Alexis Tsipras et Syriza ou la Grèce sans cravate
Alexis Tsipras pose avec un fan © AFP

Depuis sa victoire aux élections législatives le 25 janvier dernier, le nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras, costume bleu, chemise bleue, est en tournée européenne. Partout où il passe, c’est la ruée. Chaque reponsable politique se doit de poser à côté du dirigeant grec anti austérité qui, mordicus, refuse de porter la cravate. D'ailleurs, mardi 3 février, Alexis Tsipras, se voyant remettre une cravate de la part de Matteo Renzi, chef du gouvernement italien, déclarait : "Je promets de la porter quand la Grèce aura trouvé une solution viable."

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Par ces mots en apparence anodins, le Premier ministre grec adresse un signal politique très fort à ses partenaires européens : Si vous voulez que je me plie à vos ordres, laissez-moi faire à ma manière. Dans ses déplacements, Tsipras est accompagné par son très remarqué ministre de l’Economie, Yánis Varoufákis, dont le Web s'est empressé de faire un mème.

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Confronté au look de marquis de son homologue français Michel Sapin ou aux allures austères de pas mal de ses confrères européens, Varoufákis détonne : charpente bodybuildée, crâne rasé, jean noir, chemise foncée sinon bleu pétard, sans parler de ses boots à lacets façon Dr Martens défoncées.

Bien souvent, il range les mains dans les poches. Cette marque de décontraction et de démarcation lui permet au passage de faire oublier les manches trop longues d’un blazer déstructuré. Lors d’une conférence TED de 2011, ce professeur d’économie comparait les pays européens à des personnages très distingués d’un roman d’Agatha Christie (la série des Hercule Poirot, par exemple), dont l’entente mutuelle de façade mène inexorablement à un bain de sang. Au sein de la guerre économique européenne actuelle, la cravate est cette arme de négociation massive. Pour se sortir de l’asphyxie née de la politique d’austérité pronée par l'Europe libérale, les deux héros de Syriza refusent pour l'instant de se laisser passer la cravate - la corde ? - autour du cou. Mais nul ne sait à ce jour comment cette jolie fable du style s'achèvera. Si l'action politique venait à échouer, il resterait toujours le combat de rue :