Bagnolet veut redynamiser son centre-ville
La crise du commerce de proximité n'épargne pas la proche banlieue parisienne. A Bagnolet (93), le maire a commandé une étude pour en finir avec les locaux vides, et recréer un vrai tissu commercial en centre-ville.
Une enfilade de kebabs, des boutiques de téléphonie "ethniques" et plusieurs locaux vides. A première vue, le centre de Bagnolet n'est pas idéal pour attirer le chaland. Et on ne parle même pas des travaux qui paralysent la ville depuis des années. La municipalité en est bien consciente, elle vient de mandater la Semaest (Société d'économie mixte de la ville de Paris) pour analyser le tissu commercial local afin de définir une stratégie de revitalisation économique.
L'agonie du petit commerce est un phénomène bien connu en province, où les zones commerciales de périphérie aspirent l'activité des centres-villes. Elle est aussi une réalité aux portes de Paris. A Bagnolet c'est le centre commercial voisin, ouvert il y a 25 ans, qui a progressivement cannibalisé l'activité du cœur de ville. Doté d'un immense parking et directement desservi par l'autoroute A3 et le périphérique, Bel-Est est une concurrence de taille. Comme le reconnaît Magali Vergnet-Covo, l'ingénieure en charge de l'étude pour la Semaest, "il serait inutile de faire venir ici des grandes enseignes et des franchises. L'idée c'est plutôt d'attirer des indépendants de type caviste, libraire, traiteur, boucher ou poissonnier... qui vont faire vivre le quartier".
Une offre "dégradée" et peu diversifiée
Car l'offre commerciale actuelle est "dégradée" selon la responsable du développement à la Semaest, qui vise principalement les fast-foods et les boutiques de téléphonie à destination des étrangers, marqueurs classiques d'une certaine paupérisation. Il y a un grand besoin de diversifier les commerces, et de gagner en qualité. Par exemple, il n'y a toujours pas la moindre épicerie bio sur la commune. Heureusement, tout n'est pas négatif. Le grand bistrot installé face à l'Hôtel de ville est une institution bagnoletaise, comme la délicieuse boulangerie voisine.
Les "bobos" commencent à arriver
Historiquement populaire, Bagnolet (36.000 habitants) est aujourd'hui à un tournant. Signe que les choses sont en train de bouger : les agences immobilières se multiplient. Les investisseurs et les ménages aisés commencent à arriver, attirés par les prix relativement bas. "C'est exactement ce qui s'est passé à Pantin ou Montreuil il y a dix ans", explique Magali Vergnet-Covo. D'où l'importance d'anticiper les nouveaux besoins de la population en matière de commerces. Et d'organiser un minimum le marché pour éviter la spéculation avec les locaux commerciaux. Avec un écueil majeur à plus long terme : la gentrification, ce phénomène d'embourgeoisement urbain qui éjecte les classes populaires. Mais Bagnolet en est aujourd'hui très loin.
La municipalité a pris une première mesure en instaurant il y a quelques mois une taxe sur les locaux vides, histoire d'inciter les propriétaires privés à louer leurs espaces commerciaux vacants. Le maire (PS) attend désormais avec impatience les conclusions de l'étude, qui devraient lui être rendues en début d'année 2018. La Semaest formulera des propositions d'actions concrètes à mettre en oeuvre pour réinventer le cœur de ville. Un chantier qui devrait prendre quelques années.
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