Indre : La Châtre veut à tout prix garder son cèdre centenaire, dont une partie s'est effondrée

En tombant, le cèdre de la rue Jean Pacton à La Châtre a abîmé la toiture de la chapelle des Capucins. Deux éléments-clé du patrimoine castrais sont atteints, et si la chapelle peut être réparée, que faire alors du cèdre centenaire, dont la présence accompagne la ville depuis le XIXe siècle, et dont la partie restante constitue désormais une menace réelle ?

Natif de La Châtre, le maire Patrick Judalet a toujours connu le conifère et il mesure l'attachement de ses administrés à ce "patrimoine". Le mot n'est pas usurpé dans ce pays où l'histoire de George Sand épouse celle de la ville. En effet, le père de cette dernière, militaire pendant le Ier Empire, a été victime d'un accident mortel à cet endroit précis. Le cèdre a été planté en sa mémoire quelques décennies plus tard. Depuis, le cèdre jouxte le couvent des Bernardins, sous le regard de plusieurs générations de Castrais.

"L'arbre s'est cassé à la suite d'une infiltration d'eau", explique aussi le maire. "Nous allons voir comment sauvegarder cet arbre, peut-être en égalisant ses rameaux ou par d'autres moyens. L'ONF travaille dessus", explique le maire. Mais une chose est sûre, "le cèdre restera en place à moins qu'on ne me prouve par A + B qu'il ne peut pas rester."

"Un symbole de La Châtre et du Berry"

Il ajoute que l'ONF suit l'évolution de cet arbre depuis une quinzaine d’années. Du reste, l'alternative imposée au maire est compliquée à résoudre, il est impossible de choisir entre la sauvegarde de cet arbre, même considéré comme un patrimoine remarquable, et la sécurité des habitants ou visiteurs dont le premier édile est garant. La décision finale est manifestement entre les mains de l'ONF.

Dans leur majorité, les habitants sont favorables à la sauvegarde du cèdre. "C'est un emblème", estime David qui a eu un choc en revenant de voyage. "C'est un bel arbre, même s'il l'est un peu moins en ce moment", ironise doucement Pierre, quand une dame âgée confesse avoir mal au cœur de voir une partie de cet arbre à terre. "On finit par s'attacher à tout, même aux arbres", confie Johanna dans un sourire, "il faut le sauvegarder. Et le réparer". Beaucoup de Castrais considèrent que les réparations sont possibles, à condition de bien analyser la situation prévient Catherine, dans sa boulangerie. "C'est quand même un symbole de la Châtre et du Berry", conclut-elle.

Kathy comprend cet attachement, mais elle voudrait être sûre que des branches ne vont pas tomber sur des voitures, malgré les barrières de sécurité placées à proximité par la municipalité. Elle ne cache pas ses craintes surtout au moment où la tempête Ciaran est annoncée. "Comme tout arbre, il vieillit et il finira par mourir comme tous les autres. Il faut le garder jusqu'à ce que ce ne soit plus possible" explique néanmoins Serge, de Sainte-Sévère. Il faudra pourtant replanter un si on en vient à le supprimer, plaide une habitante.

René Laurent fait partie des amis du vieux La Châtre et à ses yeux cet arbre fait partie d'un patrimoine précieux, car le destin du cèdre a croisé celui de la famille de George Sand, c'est donc sur ce témoignage du passé que pèse dorénavant une menace. Cet arbre fétiche est commémoratif, et fait partie de la célébration des gloires locales. Si ce passionné est un peu pessimiste sur le devenir de l'arbre, il sait que chaque famille de La Châtre a un lien avec la généalogie de George Sand, et donc aussi avec cet arbre. "S'il faut l'abattre, ce sera à contre-cœur, mais il faudra alors en replanter un dans les meilleures conditions qui soient." Du reste, cet épisode et ce choix cornélien font d'ores et déjà figure de nouvelles lignes dans le récit historique bien fourni de La Châtre et de son cèdre adoré.