Châtillon-sur-Seine : un chantier unique en France pour lutter contre les inondations

Adieu les restes du moulin Lemoine, bonjour à un chantier unique en France contre les inondations. Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) lance des travaux de près de deux millions d'euros pour se protéger des crues de la Seine. Une protection qui servira même jusqu'à Paris. Le principe de cette "zone d'expansion de crue urbaine" : laisser l'eau monter à un seul endroit.

Réaménager les digues

Avant d'être un exemple de la lutte contre les inondations, Châtillon-sur-Seine a dû batailler niveau administratif. "Pendant des années quand j'étais maire, j'ai essayé d'acheter le moulin Lemoine pour le détruire et aménager le paysage", rembobine Hubert Brigand, aujourd'hui député de Côte-d'Or. En 2018, la ville subit une grave inondation. La réflexion change du côté des élus : comment faire pour ne plus subir les crues ?

En 2020, le moulin brûle. Deux ans plus tard, l'Epage Sequana, syndicat qui gère les rivières sur le territoire châtillonnais (et une partie de la Haute-Marne et de l'Yonne), le rachète pour 70.000 euros. Le projet de "zone d'expansion de crue urbaine" est lancé.

Pour l'instant, le moulin et une digue séparent la Seine et la Douix. Philippe Vincent, président d'Epage Sequana détaille le chantier : "On va rabaisser la digue d'1m50. Dès qu'il y aura une crue, cela permettra à l'eau de s'étaler. La Seine perdra jusqu'à 40 centimètres lors des crues. Mais il faut bien comprendre qu'on n'empêche pas les crues, on les limite."

Lutte contre le dérèglement climatique

"Mieux vaut payer 1.800.000 euros maintenant, plutôt que de laisser des particuliers appeler leur assurance tous les ans à cause d'inondation", poursuit Philippe Vincent. Ce projet est une manière d'anticiper les conséquences du dérèglement climatique, plutôt que de payer les conséquences chaque année.

En 2018, certains l'ont payé de leur poche. Florence, la boulangère du centre-ville de Châtillon-sur-Seine s'en souvient comme si c'était hier : "On a eu peur. La Seine était à dix centimètres de déborder et inonder toute la boulangerie. Heureusement, seule la cave a été inondée. On a quand même perdu un moteur qui nous a coûté 2.000 euros."

Le moulin Lemoine sera détruit en fin d'année 2023. La retenue d'eau, elle, doit être terminée pour le deuxième semestre 2024. Et la fierté d'Hubert Brigand, c'est que ce chantier "sera subventionné à près de 90% par l'Etat." Si ce projet est unique en France, c'est parce qu'il est en plein centre-ville. Un chantier qui permettra à toutes les villes construites sur la Seine de subir des crues moins violentes. Ce qui veut dire que Paris et Troyes seront protégées par Châtillon-sur-Seine.