Le lavoir : « le journal parlé » d'antan
Jérôme va nous parler d’un bâtiment qu’on voit rarement mais qui a été très populaire : Le lavoir.
Vous en avez peut être vu quelques-uns en rando, ou vous en avez peut être un dans votre village, la France reste constellée de lavoirs même s’il faut bien admettre qu’ils ne servent plus à rien. Ils sont souvent du même modèle.
Une idée du XIXe siècle. Le gouvernement a demandé aux communes de bâtir des lavoirs au nom d’un mot tout à fait nouveau au XIXe siècle : le mot hygiène. C’est une pandémie qui a déclenché cette idée de lavoirs partout. Celle du choléra en 1831. L’Etat s’est dit que les femmes ne pouvaient plus continuer à laver dans les rivières, au risque de répandre ce qu’on appelait des miasmes. Il leur fallait un lavoir : un grand bassin dans lequel on lavait le linge, d’où son nom.
Une tâche réservée aux femmes, au point qu’un règlement interdisait aux hommes d’entrer dans un lavoir sous peine d’amende. On y trouvait des professionnelles, nommées lavandières, notamment dans les bateaux-lavoirs, à Paris par exemple, au-dessus de la Seine. On y trouvait surtout des mères de familles, celles du village ou du quartier. Elles y trempaient le linge, le frottaient de savon, le frappaient pour en faire ressortir la crasse, le resavonnaient, le retrempaient, pour l’essorer à la main de toutes leurs forces. Un boulot harassant. Et un moment de discussion intense pour les mamans. On se dit les dernières nouvelles, on commente ce qu’on sait, on invente ce qu’on ne sait pas. On cancane souvent. L’écrivain breton Pier Jakez Heliaz parle du lavoir de sa commune en disant que c’est « le journal parlé de la paroisse ».
Tout ça s’est arrêté avec l’arrivée des machines à laver dans les années 50. Pour les cancans, peu importe le support. Si ça n’est plus au lavoir c’est ailleurs. Sur les réseaux sociaux par exemple… On n’arrête pas l’histoire. Il reste les réseaux sociaux.
