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Voyage au bout de Paris : “Mémoires” de Saint Simon

À retrouver dans l'émission
Thierry Bœuf vous emmène la découverte des bistrots parisiens
Samedi et dimanche à 07h15 et 10h30
- Mis à jour le
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Le Duc de Saint Simon est un très haut dignitaire parmi les écrivains français du XVIIIe siècle. Mieux, c’est le meilleur : un snipper en dentelles !

Le livre est sorti la première fois en 1829
Le livre est sorti la première fois en 1829 -

Dans le joyau littéraire que sont ses “Mémoires”, Saint Simon décrit la cour du roi louis XIV, à Versailles et sa galerie “glaçante”, de personnages, pour la plupart abjectes, cupides, serviles. L’auteur n’épargne personne, exécutant aussi bien des simples laquais que des grandes duchesses “choucroutées” et minables trissotins, et réservant ses rosseries les plus stylées aux plus puissants du royaume : Monsieur, frère du roi, le grand dauphin et Louis XIV lui-même. Saint Simon a quand même dû sentir le vent du boulet quand le roi Soleil le réprimande : “Mais aussi, monsieur, c'est que vous parlez et que vous blâmez ; voilà ce qui fait qu'on parle contre vous”.    

A toujours chercher des poux dans les perruques, Saint Simon apparait à la cour comme un homme dangereux et haïssable, mais il est protégé par sa très lointaine hérédité aristocratique, son rang, son talent et son esprit. Reste de lui la méchanceté de ses “Mémoires”. En voiture Saint Simon, c’est la foire du trône, le chamboule-tout, le jeu de massacre, toute le monde en prend pour sa particule.  

Pour exemple, cette description narquoise de l’incendie de la perruque de la Marquise de Charlus lors d’un dîner : “Elle prit un œuf à la coque qu’elle ouvrit, et, en s’avançant après pour prendre du sel, mit sa coiffure en feu d’une bougie voisine sans s’en apercevoir. L’archevêque à ses côtés qui la vit tout en feu, jeta la coiffure par terre. Et toute la compagnie fut aux éclats de rire de la tête grise, sale et chenue de Madame de Charlus”. 

Septembre 1715, Versailles n’est plus qu’un coucher de soleil, le ciel s’assombrit et le roi s’éteint. La noblesse se vérole à toute vitesse et Saint Simon, nostalgique de l’âge d’or de la monarchie, est un des rares de la caste aristocratique à comprendre que c’est bientôt la fin d’un monde. Le pire est à venir, il ne reste que deux générations de ci-devant avant que ne résonne la carmagnole aux grilles du château suivie par une panoplie des horreurs : confiscation des terres et des châteaux, fermeture des églises, démolition, terreur, fourches, piques et guillotines. Saint Simon ne verra pas l’insoutenable, il rejoint au ciel en 1755 ceux, dit-il, "qu’il a si bien su aimer et haïr”.  

A lire ou à relire, “Mémoires” de Saint Simon, Editions Folioplus Classiques 

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