Passer au contenu

Explications pour la taille des arbres fruitiers en espalier

À retrouver dans l'émission
- Mis à jour le
Par

Bien que ce ne soit plus la mode, il existe encore dans des jardins, des haies fruitières palissées de diverses formes : cordon horizontal, palmette oblique, Verrier, U simple U double etc. Certaines de ces formes sont difficiles à conduire. Comment raisonner cette taille ?

Vieux poirier en cordon horizontal multiple
Vieux poirier en cordon horizontal multiple © Getty - Claudia Wermelinger

Un peu d’histoire

Au XVIIème siècle, il y avait encore très peu de plantes et d’arbres exotiques et décoratifs connus et cultivés en France, il a donc fallu donner un aspect décoratif à ce qui existait sur place, d’où la multiplication des jardins à la française et des potagers décoratifs, comme les jardin du Roy à Versailles. On retrouve ce style dans les jardins du château de Villandry.
Ces arbres palissés contre des murs permettaient à la fois de gagner de la place et de bénéficier de l’effet protecteur du mur.
De plus, cela, permettait aussi aux jardiniers de montrer leur savoir-faire et caressait l’orgueil du propriétaire des lieux.

Au cours de l’histoire, les formes ont évolué.
Les plus connues,
Et aussi les plus faciles à conduire étaient les U, simple, doubles ou palmette Verrier.
Il y avait aussi les palmettes obliques à plusieurs étages qui laissaient un espace vide comblé par une forme particulière au tronc vertical et aux branches horizontales de plus en plus courtes vers le haut pour occuper juste l’espace sans empiéter sur les autres arbres.
Si ces formes conviennent assez aux arbres à pépins et aux pruniers, pour les pêchers et abricotiers qui ont une autre façon de pousser, on adopte la forme de palmette dite « à la diable ».
On peut aussi citer les croisillons qui sont des palmettes obliques à deux branches plantées de manière assez proche sur la ligne pour que les branches charpentières se croisent et forment un croisillon

Cordon v ertical double
Cordon v ertical double © Getty - Raimund Kutter

Il existe une autre forme très connue,
Le cordon horizontal simple (d'un seul côté) ou double ( des deux côtés du tronc), qui doit peut être son existence à une similitude avec les treilles de vigne, ou le fait que la mise à l’horizontale du rameau est sensé accélérer la mise à fruit. 
Du fait de la complexité de la formation, la mise à fruit sur les autres formes était assez tardive du fait du nombre de tailles et d’ébourgeonnages nécessaires.
Mais c’est la forme la plus difficile à conduire car c’est celle qui va le plus à l’encontre des lois naturelles de végétation.

Pourquoi il faudrait éviter d’acheter et de planter des espaliers formés ?

A l’exception des formes de cordons horizontaux ou obliques, il faut plus de 5 ans pour former des palmettes de pommiers ou poiriers. Or, on ne devrait pas planter un arbre fruitier de plus de 4 ans. Pour avoir une reprise vigoureuse un arbre fruitier doit avoir entre 1 et 4 ans. Ensuite, le pépiniériste va devoir le transplanter pour correspondre aux normes de qualité, puis le recultiver encore 2 ou 3 ans et dans ces conditions l’arbre va perdre beaucoup de sa vigueur de reprise et mettra plusieurs années à la retrouver. Ajoutez à cela qu’il est assez rare de trouver certaines formes comme les U double ou les palmettes Verrier formées dans les règles de l’art, l’opération n’est pas vraiment bénéfique.

Comment tailler un arbre fruitier en espalier

Nous supposons ici que l’arbre a déjà un certain âge et qu’il est formé. Dans cette partie nous ne traiterons pas de la taille de formation qui peut parfois être compliquée.
Sur les branches et parfois sur le tronc se trouvent quatre organes végétatifs :

  • Les « bourses » dont le renflement montre qu’il y a eu une fructification sur cet organe. Ces organes sont peu intéressants pour le tailleur,
  • Les « gourmands » qui sont des rameaux de l’année trop vigoureux, plus de 50 cm de long et non couronnés,
  • Les rameaux couronnés, qui sont plutôt courts et terminés par un œil à fleur,
  • Les rameaux, hors bourses, qui ont donné du fruit l’année précédente.

Les bourses
Lorsqu’il y en a beaucoup, c’est le signe que l’arbre est en phase de sénescence. Il faut essayer de lui redonner un peu de vigueur par l’apport de fumure azotée et pas la limitation des organes à fleurs, donc d’une partie des bourses.

Les gourmands
Sont des rameaux trop vigoureux qui auront tendance à déformer l’arbre en faisant naître de nouvelles branches hors gabarit. Ils devront être supprimés à la base.

Les rameaux qui ont donné l’an dernier
Comme pour la vigne, si on les laisse on aura un allongement hors gabarit de l’arbre.
On pourra, si l’arbre n’a pas beaucoup de vigueur et qu’il n’y a pas beaucoup de rameaux intéressants, en conserver en les raccourcissant à quelques yeux en juste au dessus d’un œil à fleur.

Les rameaux couronnées
Sont les plus intéressants car il donneront des fleurs, potentiellement des fruits, et pourront par la suite être partiellement conservés quelques années. Dans la limite du nombre de fleurs prévues par l’observation de l’arbre et leur position, ils seront conservés sans taille.

Un arbre en espalier est donc relativement dépouillé par la taille. Il faudra penser à leur nourrir en conséquence.

L’erreur à ne pas commettre

Tailler tous les rameaux sur deux ou trois yeux (taille tri-gemme) qui fait naître une grande quantité de rameaux et qui bien souvent retarde, voir annule la floraison en supprimant les boutons à fleurs situés majoritairement vers le bout du rameau.
La taille tri-gemme est en principe à éviter sur tous les arbres fruitiers, sauf pour les arboriculteurs qui la maîtrisent parfaitement. Ils sont assez rares.

Jeune pommier en espalier mal formé
Jeune pommier en espalier mal formé © Getty - Helmut Meyer zur Capellen

Pourquoi la forme cordon horizontal est-elle à éviter

Positionner un rameau à l’horizontal le met systématiquement en position défavorable pour l’arbre qui, par réaction va émettre de nombreux gourmands verticaux, très vigoureux, au détriment de tous les organes qui se trouvent sur la branche horizontale, surtout les fruits qui seront alors mal alimentés.
Par contre, si on fait une sélection de ces gourmands en n’en conservant que quelques-uns, comme généralement ils ne sont pas couronnés, il faudra les tailler sur 2 ou 3 yeux pour émettre de nouveaux rameaux qui eux aussi seront probablement de nouveaux gourmands.
Ce type d’intervention devra se reproduire chaque année jusqu’à ce que l’arbre soit suffisamment épuisé pour se se mettre à fruit, ce qui peut durer de nombreuses années et aboutir à un sujet sénescent, donc en fin de vie.
La seule solution dans ce cas est de courber quelques uns de ces gourmand par la technique de l’arcure, pour les freiner et les conduire à fleurir, mais le risque est surtout de voir naître de nouveaux gourmands sur cette arcure. Opération non payante.

Épisodes

Tous les épisodes

Les plus écoutés de France Bleu Isère

1
2
3

undefined