Histoire de France, Patrimoine, Tourisme, Gastronomie, Librairie
LE 28 avril DANS L'HISTOIRE [VOIR]  /  NOTRE LIBRAIRIE [VOIR]  /  NOUS SOUTENIR [VOIR]
 
« Hâtons-nous de raconter les délicieuses histoires du
peuple avant qu'il ne les ait oubliées » (C. Nodier, 1840)
 

 
NOUS REJOINDRE SUR...
Nous rejoindre sur FacebookNous rejoindre sur XNous rejoindre sur LinkedInNous rejoindre sur VKNous rejoindre sur InstragramNous rejoindre sur YouTubeNous rejoindre sur Second Life

21 août 1534 : mort de Philippe Villiers de l'Isle-Adam, grand-maître de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem

Vous êtes ici : Accueil > Éphéméride, événements > Août > 21 août > 21 août 1534 : mort de Philippe (...)
Éphéméride, événements
Les événements du 21 août. Pour un jour donné, découvrez un événement ayant marqué notre Histoire. Calendrier historique
21 août 1534 : mort de Philippe
Villiers de l’Isle-Adam, grand-maître
de l’ordre des Hospitaliers
de Saint-Jean de Jérusalem
Publié / Mis à jour le lundi 10 août 2015, par Redaction
 
 
Temps de lecture estimé : 5 mn
 

Quarante-quatrième grand-maître de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, il naquit en 1464. Reçu chevalier dans sa jeunesse, il se concilia de bonne heure l’estime et l’affection de ses chefs, et parvint à la dignité d’hospitalier et grand-prieur de France. En 1510, il partageait avec André d’Amaral le commandement de l’escadre de la religion, destinée à détruire la flotte que le Soudan d’Égypte avait armée contre les Portugais. Amaral, contre l’avis de l’Isle-Adam, persista dans la résolution d’attaquer la flotte d’Égypte dans le golfe de l’Ajazzo. La victoire, longtemps disputée, finit par rester aux chevaliers ; mais ils la payèrent de la vie d’une foule de braves qu’il eût été possible d’épargner, si, comme l’Isle-Adam le proposait, on eût attendu, pour engager le combat, le moment où la flotte dispersée n’aurait pu que difficilement se rallier.

L’Isle-Adam , en 1513, fut revêtu du titre d’ambassadeur de son ordre à la cour de France. Il en remplissait encore les fonctions lorsqu’il apprit qu’il avait été désigné pour succéder à Fabrice Carette dans la dignité de grand-maître (1521). D’Amaral, chancelier de l’ordre, avait inutilement brigué cet honneur. Dans son dépit, il lui échappa de dire que l’Isle-Adam serait le dernier grand-maître de Rhodes. Ce propos, entendu de plusieurs chevaliers, servit plus tard à le convaincre de trahison.

Cependant l’Isle-Adam, instruit que Soliman se disposait à faire le siège de Rhodes, hâta les préparatifs de son départ, et ayant pris congé du roi de France, alla s’embarquer à Marseille. Il emmenait avec lui toutes les munitions de guerre qu’il avait pu se procurer. A la hauteur de Nice, le feu prit à son bâtiment avec une telle violence, que les hommes de l’équipage ne songeaient qu’à gagner la terre ; mais il les obligea de reprendre leurs postes, et se rendit bientôt maître des flammes. Quelques jours après, le tonnerre tomba dans sa chambre, brisa son épée, et tua neuf hommes.

Averti que le fameux corsaire Curtogli s’était embarqué près du cap Mallès, pour le surprendre, il eut le bonheur de lui échapper, à la faveur de la nuit, et entra dans le port de Rhodes, au milieu des acclamations des chevaliers et du peuple, accourus sur le rivage pour le recevoir. Soliman, informé de l’arrivée de l’Isle-Adam, lui écrivit qu’il était dans l’intention de rester en paix avec les chevaliers de Rhodes, s’ils s’engageaient à ne point inquiéter ses sujets. Le grand-maître n’en travailla qu’avec plus d’ardeur à mettre Rhodes en état de défense. Il fit ajouter de nouvelles fortifications aux anciennes, qui furent réparées, et ne négligea rien pour se procurer des vivres et des munitions.

Philippe Villiers de l'Isle-Adam

Philippe Villiers de l’Isle-Adam

La flotte turque parut devant Rhodes le 26 juin 1522. Elle se composait de quatre cents bâtiments de différentes grandeurs, portant cent quarante mille hommes de guerre et soixante mille paysans qu’on avait tirés de la Servie et de la Valachie, pour les employer aux travaux du siège. Au moment où la ville fut investie, elle renfermait six cents chevaliers et quatre mille cinq cents soldats. Les habitants qui demandèrent à prendre les armes furent formés en compagnies ; et on leur assigna les postes les moins exposés. C’est avec cette faible garnison que l’Isle-Adam soutint contre toutes les forces de Soliman un siège devenu par la courageuse résistance des assiégés, l’un des plus mémorables dont l’histoire fasse mention.

Les janissaires s’étaient flattés de s’emparer facilement des ouvrages extérieurs ; mais, repoussés avec une perte considérable dans toutes les attaques, ils tombèrent bientôt de la présomption dans le découragement, et finirent par refuser d’obéir à leurs généraux. Soliman accourut pour étouffer dans son principe une révolte qui pouvait avoir des conséquences fâcheuses. Il n’accorda leur pardon aux janissaires qu’à condition qu’ils répareraient la honte de leurs premières défaites. Les Turcs, combattant sous les yeux d’un maître aussi prompt à récompenser qu’à punir, redoublèrent d’efforts, et firent des prodiges de valeur.

La victoire restait toujours aux Chrétiens ; mais ils l’achetaient par la perte de quelques-uns de leurs plus braves guerriers. Sans espoir d’être secouru par les souverains de l’Europe, l’Isle-Adam voyait chaque jour diminuer ses ressources. Il dut encore se mettre en garde contre la trahison. Le chancelier d’Amaral, convaincu d’intelligences avec les Turcs, fut condamné à mort. Toutes les fortifications de Rhodes avaient été détruites par le canon ; le plus grand nombre de ses défenseurs avait péri sur la brèche ; la poudre manquait ; il ne restait de vivres que pour quelques jours ; et l’Isle-Adam, décidé à s’ensevelir sous les ruines de la place, ne songeait point à capituler.

Cependant, touché du sort qui menaçait les habitants, si la ville était prise d’assaut, il consentit à écouter les propositions de Soliman. Par un traité signé le 20 décembre, les chevaliers obtinrent de sortir de Rhodes avec leurs armes, et emportant les reliques, les vases saints et tous les objets relatifs au culte. Soliman rendit une visite au grand-maître, et le combla de marques d’estime. En le quittant, il dit à ceux qui l’accompagnaient : « Ce n’est pas sans quelque peine que j’oblige ce chrétien, à son âge, de quitter sa maison. »

La flotte chrétienne sortit de Rhodes le 1er janvier 1523. De Candie, où l’Isle-Adam, piqué de n’avoir point été secouru par les Vénitiens, ne resta que le temps nécessaire pour réparer ses vaisseaux, maltraités par la tempête, il voulut gagner les côtes d’Italie ; mais les vents contraires l’obligèrent de relâcher à Messine. Il y trouva des chevaliers de différentes langues, avec des provisions de guerre pour Rhodes. Leur retard devint l’objet d’une enquête sévère : mais leur innocence fut démontrée ; et l’Isle-Adam les admit à reprendre leur rang dans l’ordre.

La peste l’ayant forcé de quitter Messine, il s’établit dans le golfe de Bayes, et fit construire, non loin des ruines de Cumes, une sorte de camp retranché, où se logèrent les chevaliers, tous atteints de la contagion, et les Rhodiens qui s’étaient attachés à leur sort. Impatient de connaître les intentions du saint-siège à l’égard de l’ordre, il se remit en mer dès que la saison le permit, et étant entré dans le port de Civita-Vecchia, il s’empressa de donner avis de son arrivée au souverain pontife, en lui demandant une audience.

Adrien VI qui venait de conclure avec Charles-Quint une ligue contre la France, ne se souciant pas de rendre l’Isle-Adam témoin de la publication de sa bulle, lui fit dire d’attendre à Civita que les chaleurs de la canicule fussent passées. Le grand-maître obtint enfin la permission de venir à Rome, et il y fut accueilli par le souverain pontife avec tous les égards dus à son courage et à ses malheurs. La mort d’Adrien, arrivée quelques jours après, ne lui permit pas de réaliser les promesses qu’il avait faites à l’Isle-Adam.

Clément VII, son successeur, avant d’embrasser l’état ecclésiastique, avait été commandeur de l’ordre de Saint-Jean, et lui conservait beaucoup d’intérêt ; il s’empressa de réparer le désastre des chevaliers, autant qu’il le pouvait, et leur assigna Viterbe pour résidence, en attendant qu’on eût fait choix d’un lieu pour remplacer Rhodes. L’Isle-Adam, d’après les ouvertures de quelques chevaliers espagnols, entreprit bientôt de négocier avec Charles-Quint la cession à l’ordre des îles de Malte et de Goze. L’empereur y mit la condition que les chevaliers se chargeraient d’entretenir une garnison suffisante dans la ville de Tripoli.

Le grand-maître hésitait d’imposer à l’ordre une charge aussi onéreuse. Il reçut dans le même temps, d’Achmet, l’un des généraux de Soliman, l’offre de rétablir l’ordre dans la possession de Rhodes, sous la condition que les chevaliers l’aideraient à se rendre indépendant dans son gouvernement de l’Égypte. Les amis d’Achmet l’ayant fait périr pour s’assurer leur pardon, l’Isle-Adam reprit ses négociations avec Charles-Quint ; mais les démêlés qui s’élevèrent entre l’empereur et le saint-siège en retardèrent la conclusion.

Toujours occupé des intérêts de son ordre, le grand-maître visita l’Espagne, la France et l’Angleterre pour dissiper les préventions qui se manifestaient dès cette époque contre l’existence d’une association guerrière et religieuse, ne reconnaissant d’autre souverain que le chef qu’elle se donnait ; et l’estime qu’inspiraient les vertus et le caractère héroïque de l’Isle-Adam contribua beaucoup à la conservation de l’ordre dont chaque prince convoitait les dépouilles. Enfin par un traité, signé le 12 mars 1530 à Castel-Franco, Malte et les îles adjacentes furent cédées définitivement à l’ordre de Saint-Jean.

Aussitôt l’Isle-Adam envoya des commissaires à Malte pour prendre possession de cette ville, et faire réparer les fortifications ainsi que les bâtiments destinés au logement des chevaliers. Les difficultés que Charles-Quint suscita, au sujet du droit que l’ordre demandait de battre monnaie et de s’approvisionner de blés en Sicile, ayant été terminées, l’Isle-Adam s’embarqua avec son conseil, et le 26 octobre, il fit son entrée à Malte. Des intelligences qu’il s’était ménagées dans Modon lui donnèrent l’espoir de s’emparer facilement de cette place, dont la possession aurait offert à l’ordre de grands avantages ; mais une première tentative ayant échoué, il abandonna son dessein, et ne s’occupa plus que des moyens d’affermir l’ordre à Malte.

Il présida le chapitre-général assemblé en 1533, pour la révision des anciens statuts, et régla les changements que le temps avait rendus nécessaires. A peine le chapitre avait terminé son travail, que des divisions funestes éclatèrent entre les chevaliers des différentes langues. Plusieurs furent tués, et on fut obligé de recourir aux mesures les plus sévères pour prévenir le retour de ces scènes sanglantes. Le grand-maître fut affecté vivement du scandale de pareils débats, dans un moment où le roi d’Angleterre, en s’emparant des biens de l’ordre, donnait un exemple qui pouvait être suivi par les autres souverains.

II tomba dans une mélancolie que rien ne put dissiper ; et une fièvre ardente acheva de consumer le peu de force qui lui restait. L’Isle-Adam expira le 21 août 1534, à l’âge de soixante-dix ans. On grava sur son tombeau cette épitaphe : Ici repose la vertu victorieuse de la fortune.

 
 
Même section >

Suggérer la lecture de cette page
Abonnement à la lettre d'information La France pittoresque

Saisissez votre mail, et appuyez sur OK
pour vous abonner gratuitement
Éphéméride : l'Histoire au jour le jour. Insertion des événements historiques sur votre site

Vos réactions

Prolongez votre voyage dans le temps avec notre
encyclopédie consacrée à l'Histoire de France
 
Choisissez un numéro et découvrez les extraits en ligne !