Pierre di Sciullo à Figeac

Quelle surprise de recevoir aujourd'hui des nouvelles de Marie Bruneau et Bertrand Genier, alias l'atelier bordelais Presse Papier. La surprise est d'autant plus inattendue qu'elle ne concerne pas leur naturelle bonne santé. C'est un vrai petit article que l'on reçoit, traitant du travail de Pierre di Sciullo tout récemment abouti. C'est pour le Musée des écritures du monde, à Figeac, ville natale de Champollion. Je vous mets l'article ci-dessous.

Une imposante façade de pierre, sur quatre niveaux: arcades gothiques du 13e siècle en rez-de-chaussée, baies régulièrement ordonnancées dans les étages supérieurs, plus tardifs… C’est la maison natale de Champollion – le découvreur du secret des hiéroglyphes égyptiens, le traducteur de la “pierre de Rosette”. C’est ici que la Ville de Figeac a décidé d’installer un «Musée des écritures du monde». Consultés sur ce projet, les architectes Alain Moatti et Henri Rivière eurent l’idée, puisqu’il était question d’écriture, de faire équipe avec un graphiste-typographe, Pierre di Sciullo – l’inventeur des Gararond, Minimum, Quantange et autres délices humoristiquement typographiques. L’équipe gagna le concours. Six ans plus tard, en ce samedi boudeur du mois de septembre, nous écoutons la longue litanie des discours d’inauguration du nouveau musée… Tout le temps de détailler le fruit de cette collaboration graphico-architecturale. La façade d’origine, dépouillée de toute menuiserie, laisse entrapercevoir une seconde peau “graphique”, placée nettement en retrait. Grain de la pierre contre reflets brillants du cuivre: les siècles s’entrechoquent, l’histoire chavire… Ici, nul besoin d’enseigne: cette seconde façade, recouverte de glyphes et hiéroglyphes, idéogrammes, sceaux, symboles et caractères… est à elle seule un musée de l’écriture. «De la naissance des écritures jusqu'à l'ère informatique, toutes les époques – et tous les continents – sont représentés à travers des cultures nomades ou sédentaires. Figurent ici, des lettres vivantes et des lettres mortes. Écritures à usages multiples: écriture au quotidien, écriture magique, religieuse, de survie, didactique, signalétique, poétique...» C’est Pierre di Sciullo qui le dit. Et s’il n’y a pas de caractère Braille, eh bien, c’est qu’il lui semblait impossible de placer ici le moindre signe issu de cet alphabet, qui serait visible par tout le monde… sauf par les aveugles!
Étonnante confrontation entre graphisme et architecture, la façade aux 1000 lettres, moucharabié typographique polyglotte du musée de l’écriture de Figeac, vaut bien le détour à elle seule. Quand un architecte a l’idée de s’associer les compétences d’un graphiste, et que celui-ci a l’ambition de faire autre chose qu’un décor… il se peut bien que l’on obtienne une belle surprise. Mais méfiez-vous: vous risquez d’être mis en appétit! Difficile de ne pas franchir le seuil du musée; c’est alors une toute une autre histoire qui commence…

M + B

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