Actualité froide Ligue 1

Jérôme Alonzo : « je suis quasiment persuadé que Nice finira devant l'OM parce que c'est plus cohérent ! »

Par Josué Cassé
29 min.
Jérôme Alonzo, consultant pour Prime Video. @Maxppp

Ancien gardien du PSG, également passé par l'OGC Nice, l'OM ou encore Saint-Étienne, Jérôme Alonzo (49 ans) continue aujourd'hui de vivre de sa passion dans un rôle de consultant. Nouvelle figure de Prime Video, le natif de Menton, fort d'une très belle expérience dans le monde des médias, apporte ainsi tout son vécu que ce soit en bord terrain ou sur le plateau de Dimanche Soir Football. Un franc-parler, une sincérité et un amour inconditionnel pour le rectangle vert partagés, week-end après week-end, aux abonnés de Prime Video. Entretien sans langue de bois avec celui qui retrouvera donc deux de ses clubs de cœur, ce dimanche à 20h45, lors du choc de la 29ème journée du championnat de France opposant l'OM à l'OGC Nice, diffusé en exclusivité sur Prime Video.

Foot Mercato : bonjour Jérôme Alonzo, vous avez pris votre retraite sportive à 37 ans et cela fait maintenant plus de dix ans que vous êtes consultant, qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?

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Jérôme Alonzo : ce qui me plaît et je ne vais pas être très original, c'est que je fais partie des consultants qui ne font pas ça pour devenir riche, je fais ça parce que ça me passionne, j’ai besoin de bouger, on est des hyperactifs de naissance, je ne voulais pas rester à la maison à regarder des clips toute la journée. J’ai besoin de voir du monde et surtout, plus que tout, parler de choses qui me passionnent. J’ai mené ma carrière comme ça, le foot me passionne et c’est pour ça que je suis là depuis longtemps. Les gens ont bien compris que je parlais avec mon cœur et si je suis encore là 12 ans après, c’est que ça fonctionne. Je ne suis pas un prof de foot, je n’ai pas la prétention d’apprendre aux gens ce que c’est un 4-4-2 ou une passe en retrait. En revanche, j’essaye de leur partager mon expérience et mon vécu avec mon cœur.

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FM : c’est un nouveau rôle que vous aviez déjà imaginé en tant que joueur ?

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JA : oui, souvent les gens me chambraient parce que dès que ça se passait un petit peu mal dans un club, les télévisions venaient me voir moi, j’ai toujours eu cette propension à pouvoir analyser à chaud ou à sortir une connerie à chaud ou dédramatiser un truc à chaud ou avoir un sens de la répartie qui est inné pour le coup et c’est cool. Je m’étais dit « à la fin de ma carrière, le premier coup de fil que je reçois, je pars là-dedans». Alors, c’était soit rentrer dans un staff, entraîneur des gardiens, soit partir vers les médias. Ce sont les deux choses qui me plaisaient et il se trouve qu’à l’époque, la Française des Jeux et Orange Sport m’ont appelé quasiment en même temps et j’ai eu mes deux premiers jobs comme ça simultanément et ça m’a plu. Après, le chemin est long parce qu’il faut progresser. Être un bon communicant quand tu es joueur, c’est une chose, être un bon communicant quand tu es consultant, c’est complètement autre chose…

«Je pense qu’un bon consultant c’est quelqu’un qui a des convictions, des avis tranchés et qui sépare l’affect de l’actualité !»

FM : les enjeux sont différents…

JA : les enjeux sont différents et au début, on fait tous la même erreur de vouloir plaire à tout le monde, on a tous fait cette erreur, mais c’est normal. Moi j’arrivais au début de Twitter, tu vois qu’à la fin de ton premier Clasico, tu reçois 15 000 messages d’insultes parce que soit tu es pro-PSG, soit tu es pro-OM, tu te dis : « ok bon bah déjà j’arrête Twitter, premièrement » (rires). Deuxièmement, j’ai admis le fait, très vite, que je ne pourrai pas plaire à tout le monde. Enfin en tout cas ponctuellement. Par exemple, si tu commentes un PSG-OM, tu vas être pro-OM pour les Parisiens et pro-PSG pour les Marseillais, donc de toute façon tu vas te faire insulter quoi qu’il arrive, le monde d’aujourd’hui est fait comme ça et toi tu le sais bien, dans les articles tu as les commentaires où les gens se défoulent sur quoi que ce soit, donc le jour où tu fais le deuil, tu te dis « ok je vais être Jérôme, le bon copain qui parle au café le matin avec ses potes et qui est passionné et que maintenant que je fâche ou pas, je vais être comme ça tout le temps, je vais être moi. » Et quand tu redeviens toi, c’est une sensation de liberté, de te dire finalement je m’en tape, j’ai pas Twitter, ils peuvent m’insulter (rires), je m’en bats les c**, et finalement ça marche parce que je parle avec mon cœur depuis 12 ans et aujourd’hui, que ça plaise ou non, j’ai des convictions, j’ai des avis tranchés. Je pense qu’un bon consultant, c’est quelqu’un qui a des convictions et des avis tranchés et qui sépare l’affect de l’actualité, c’est le plus important. Quand je parle du PSG qui est un de mes clubs de cœur et tout le monde le sait, bah oui je ne suis pas tendre avec QSI parfois car je ne comprends pas le projet, mais je sépare l’affect, l’amour que j’ai pour ce club et l’actu. Ça n’a rien à voir. Au début, des gens me disaient, quand j’avais Twitter : « putain tu es devenu un consultant anti-PSG », mais ce n’est pas vrai, c’était une erreur monumentale de dire ça. Mais je ne vais pas me battre avec les 500 mecs qui disent ça et si les mecs ne peuvent pas comprendre que j’ai un respect et un amour éternel pour ce club et ce qu’il m’a donné et son histoire mais que l’histoire qui m’est racontée en ce moment me plaît pas ou je ne sais pas où elle va mener... Je sépare l’affect de l’actu et quand les gens comprennent ça, c’est clair. Je ne suis pas anti-PSG, ni anti-QSI, j’ai juste le droit de dire que là je ne vois pas où on va, c’est tout et comme tout le monde en fait. Souvent je croisais des gens dans la rue qui me disaient : « tu es dur parfois » et je prenais 10 minutes avec eux, les yeux dans les yeux, pour parler et me faire comprendre et ça marchait. C’est cool, mais bon en tout cas je ne me renierai plus, c’est comme ça, j’ai mes clubs de cœur et je cherche constamment à séparer l’actu de l’affect, c’est le plus dur parfois.

FM : qu'est-ce qui vous a plu dans le projet de Prime Video ?

JA : j’étais à L’Equipe et très heureux à L’Equipe dans mon rôle de débatteur parce que ça j’adore, il faut tchatcher, il faut s’engueuler, c’est presque une pièce de théâtre, on a tous un peu notre rôle, c’est cool, tu as les grincheux, la tête en l’air, etc mais j’adore, je suis fan de ça. Mais Prime Video m’a permis de m’approcher à nouveau du terrain et ça c’est cool. Maintenant j’ai deux casquettes, je fais du débat et je refais du terrain et je me rends compte que dans la semaine quand je suis à L’Equipe et que le week-end j’ai fait un match avec Prime Video, je peux en parler beaucoup mieux que si je l’avais vu à la télé parce que tu sens d’autres choses, tu vois d’autres choses, tu vois les joueurs à l’échauffement, tu vois s’ils sont affûtés ou pas, voilà. Donc, les deux sont parfaitement complémentaires et j’y suis très heureux et surtout qu’au départ j’avais signé pour 10 dates pour dépanner et au final je vais en faire 20 ou 25 donc c’est toujours pareil, c’est aussi une reconnaissance où tu te dis qu’au départ tu étais là pour dépanner et que même en tant que joker, je vais faire une grosse saison et ça, c’est cool.

«Quand j’en parle avec Thierry Henry, c’est passionnant parce qu’il y a l’œil du gardien face à l’œil de l’attaquant !»

FM : que pensez-vous apporter de plus aux côtés des autres consultants de Prime Video que sont Thierry Henry, Ludovic Giuly, Benoît Cheyrou… ?

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JA : bah déjà je suis le seul gardien (rires). Je suis le seul gardien de la bande sur Prime donc ça, c’est vraiment bien parce qu’on a du débat Pau Lopez, du débat Keylor Navas, Donnarumma, évidemment et donc l’œil du gardien quand j’en parle avec Thierry Henry notamment c’est passionnant parce qu’il y a l’œil du gardien face à l’œil de l’attaquant. J’ai aussi cette chance que mes trois clubs de cœur, aujourd’hui bah c’est le podium de la Ligue 1 (PSG, OM, OGC Nice, ndlr) et puis en bas il y a Saint-Étienne qui est aussi un de mes gros clubs de cœur qui allait mal, enfin qui va mal donc quoi qu’il arrive, j’ai des débats tout le temps sur des clubs que je connais par cœur. J’ai aussi la chance d’avoir joué, dans ma carrière, dans des clubs français hyper populaires et qui aujourd’hui sont dans l’actualité toutes les semaines donc j’ai une vraie plus-value à ce niveau-là parce que j’ai la prétention de connaître très bien ces clubs, de connaître leurs rouages et leurs secrets de fonctionnement. Donc, c’est aussi important qu’un consultant comme moi puisse apporter son éclairage sur comment vit un club comme ça de l’intérieur, même si le PSG d’aujourd’hui évidemment n’est pas le mien d’il y a 25 ans. Je le sais, mais néanmoins le Parc des Princes, c’est le Parc des Princes, les vestiaires, ce sont les vestiaires et les coulisses sont les coulisses donc voilà j’ai la prétention de pouvoir en parler ou en tout cas mieux que quelqu’un qui n’y a jamais joué.

FM : préférez-vous commenter un match au stade ou être en plateau pour débriefer une émission ?

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JA : plateau, plateau. Commenter j’aime bien, mais tu es trop dépendant de l’actualité du match. Si c’est une grosse daube (rires), tu racontes ton week-end. Salut, bonnes vacances, j’ai joué au golf, c’était cool, il fait beau et voilà, mais moi meubler, bah les journalistes le font mieux que moi après si tu as un match fantastique qui termine à 3-3, c’est sûr que c’est top, mais si tu as un vieux 0-0… Après, il paraît que c’est aussi là que tu reconnais un bon consultant, c’est quand le match est pourri et la manière de meubler. Enfin, j’ai la prétention d’avoir l’expérience et de savoir un peu le faire depuis 12 ans, mais si tu me demandes demain sur Prime Video ce que je préfère… bah il y a DSF (Dimanche Soir Football, à 19h tous les dimanches, ndlr), il y a le multi. J’étais client de Karim Bennani et maintenant je bosse avec lui donc c’est un plaisir absolu et c’est un exercice qui est extraordinairement difficile et j’adore faire le multi. J’adore faire DSF aussi et j’adore être le consultant en bord terrain, pas celui qui monte au commentaire parce que c’est très très rapide, ça ressemble un peu à de la radio en fait à la mi-temps et après le match avec les invités qui viennent, mais voilà j’aime bien ces rôles. On est tous un peu des couteaux suisses parce qu’on tourne tous et ça c’est super bien, de ne pas avoir mis des gens dans des cases. C’est dur de choisir, mais je me suis habitué au plateau et j’aime bien le plateau, mais j’adore commenter un match pour dépanner aussi, il n’y a aucun souci. Le plateau, ça me passionne parce que j’aime bien débattre avec des copains qui n’ont pas le même avis que moi. Au niveau de ma progression personnelle, ce qui est fantastique c’est le multi. Le multi c’est très très dur et ça fait progresser dans tous les autres domaines : connaissance des joueurs, acuité. Maintenant je fais aussi beaucoup de radio avec France Info et la radio c’est pas trois minutes de tunnel, c’est 30 secondes et une idée. Et le multi c’est un peu ça, c’est génial et c’est super complémentaire en fait.

FM : cette marge de manœuvre laissée par Prime Video s’est installée naturellement ?

JA : On ne m’a pas averti au départ, on ne m'a pas dit « tu feras un coup le plateau, un coup le commentaire », mais bon mes trois premiers matches, j’ai fait trois trucs différents donc j’ai tout de suite compris et je trouve ça super. Par exemple, Thierry Henry qui est un peu notre star, bah même Thierry, il est un coup à DSF, un coup bord terrain et un coup il commente et ça marche bien. Je suis client de ça et j’adore le faire aussi. J’ai commencé à Saint-Étienne en bord terrain, après j’ai fait Marseille en commentaire, après j’ai fait un DSF et un multi. Voilà et ce sont des grosses journées parce que quand tu fais multi et DSF, tu arrives à 11h, tu pars à 21h. C’est du taf et je reconnais que quand j’ai fait mes premiers multi… Bon Karim (Bennani) m’a dit d’emblée « tu es fait pour ça », la radio etc ça aide, mais en revanche je me rendais compte qu’au niveau de la connaissance des joueurs, ça va tellement vite. Tu as tellement de gamins qui arrivent et tout, la vache, et puis quand tu regardes le multi, il y a aussi un truc technique qui est dur c’est qu’on est sur une télé normale, les joueurs sont parfois durs à reconnaître pour nous qui ne sommes pas sur le terrain, c’est super intéressant, super dur. Donc oui après le premier multi, je me suis dit « là il me manque un peu » enfin il me manque… je vois et je me rends compte que l’effectif de Lorient bah je suis pas forcément hyper calé dessus et si tu fais un Lorient-Metz, match du maintien, hyper important, les gens te regardent et tu es censé être un spécialiste, c’est pas évident. Pendant la CAN, c’était pire, toutes les stars étaient parties, mais ça m’a vraiment servi parce que j’ai rebossé les effectifs et du coup après la semaine à L’Equipe je me sens vachement plus à l’aise. En fait, ce sont deux jobs qui sont complètement complémentaires et qui me font progresser l’un grâce à l’autre.

«Il faut aller voir Bordeaux en vrai pour se rendre compte que c’est catastrophique, il ne se passe rien, encéphalogramme plat, une huître, rien, il n'y a rien !»

FM : parfois elle fait face à certaines critiques, quel message adresser à certains détracteurs de la Ligue 1 ? Pourquoi faut-il la regarder ?

JA : bah déjà la lutte est partout ! Aujourd’hui, il reste 10 journées et tu as 4 équipes seulement qui ne jouent plus rien, enfin 5 en comptant le PSG pardon (rires). Mais il faut regarder les matches parce qu’il y a des pépites, il y a des joueurs qui progressent, il faut voir ça sous le prisme du prospect aussi et que la France est un terroir, c’est hyper fertile en talents même la Ligue 2, je regarde beaucoup maintenant avec le multi sur L’Equipe et la Ligue 2 c’est fantastique aussi. Dire que la Ligue 1 n’est pas de bonne qualité, autant j’aurais pu être d’accord il y a 2/3 ans, autant ce n’est plus vrai maintenant. Il y a des stars partout, l’OM a fait des efforts, Nice a fait des efforts, Lyon bon ça ne marche pas, mais a fait des efforts aussi. On a des stars partout, on rapatrie des joueurs d’Angleterre, on rapatrie des joueurs d’Italie, on rapatrie des joueurs d’Espagne donc dire que la Ligue 1 est bidon, c’est pas parce que je bosse dessus que je la défends, mais sincèrement… J’ai vu des matches de bas de tableau, il y avait des super joueurs. J’ai découvert dernièrement les recrues de Saint-Étienne, j’ai fait Saint-Étienne contre Metz en direct au bord du terrain, j’étais au bord du terrain, j’étais au banc de touche de Metz, juste à côté et tu vois des joueurs que je ne connaissais pas bien, mais… (Denis) Bouanga. Putain, Bouanga c’est un prospect, Bouanga c’est niveau Marseille tous les jours pour moi, tous les jours, tous les jours ! Thioub, je ne connaissais pas Sada Thioub et franchement à la télé je me disais « ouais c’est moyen, plus », je l’ai vu en vrai…. Il est puissant, il est rapide, il court tout le temps ! Le petit Falaye Sacko qu’ils ont pris derrière, bah c’est un phénomène lui ! Ces joueurs-là, je n’aurais pas vu le match en vrai, j’aurais une idée un peu faussée et il faut regarder les matches comme ça, avec attention parce que typiquement ces joueurs-là on ne le connaissait pas ou pas bien. Et par exemple en ayant vu ça, aujourd’hui, pour le maintien, je mets beaucoup plus une pièce sur Sainté que sur Metz par rapport aux qualités individuelles du groupe et peut-être qu’un mois avant j’aurais dit plutôt Metz avec des impressions. Mais là je me suis dit « il y a un monde d’écart entre ces deux équipes » malgré le petit score et ça c’est grâce au bord terrain et au fait de beaucoup suivre la Ligue 1. Il faut suivre la Ligue 1 parce qu’on a souvent des idées reçues et il faut bien regarder tous ces joueurs, ces prospects, à Lorient, à Saint-Étienne, à Metz. Il faut aller voir Bordeaux en vrai pour se rendre compte que c’est catastrophique, je ne déconne pas, il ne se passe rien, encéphalogramme plat, une huître, rien, il n’y a rien. J’ai plein de potes qui sont supporters de Bordeaux, ils sont au bord de la dépression et j’ai vu ça au bord du terrain. J’en parlais avec Johan Micoud, qui est de là-bas et qui est désespéré au plus haut point, mais sincèrement si tu n’as pas vu jouer Bordeaux en vrai, tu ne peux pas te rendre compte de tout ça. C’est catastrophique !

FM : avez-vous une équipe qui vous a particulièrement surpris cette année ?

JA : oui ! Rennes, Rennes ! J’étais à Rennes-Lyon en bord terrain, en direct et franchement je trouve qu’aujourd’hui Rennes est l’équipe qui joue le mieux en France, même mieux que le PSG collectivement. Ils ont eu un creux, mais globalement sur la saison, Rennes me régale. Ce n’est pas bon 38 journées, ce n’est pas possible et le seul bémol à Rennes, c’est le poste de gardien de but, mais à part ça, c’est très très bon partout…

FM : justement pour rebondir sur vos propos, un gardien qui se démarque cette saison ?

JA : (hésitation) Un gardien qui se démarque… Je dirais la confirmation de Walter Benitez. La confirmation de Benitez et la progression d’Alban Lafont…

FM : auteur d’une masterclass récemment contre le PSG…

JA : justement, pour les gens, c’est important de suivre la Ligue 1 parce que cette saison Alban Lafont ce n’est pas que Nantes-PSG. Il y a cette année 7 points gagnés tout seul, ce qui n’était pas du tout le cas avant et je lui ai dit d’ailleurs en face, on l’a eu sur Prime à DSF il y a trois semaines, au lendemain de sa masterclass d’ailleurs et je lui ai dit que je trouvais sa progression hyper intéressante parce qu’avant il faisait des arrêts qui ne servaient à rien et aujourd’hui il fait des arrêts qui permettent aux siens de gagner des points. Et il ne s’est pas démonté, il m’a dit « tu as raison ». Enfin non il m’a dit « vous avez raison et là il m’a mis un coup de vieux » (rires). Mais c’est vrai qu’avant, Alban Lafont c’est un gardien qui faisait les arrêts à 2-0 contre lui, mais aujourd’hui il a pris 5 kilos, Antoine Kombouaré est passé par là et ça lui a changé la vie. Moi je lui ai dit « Antoine Kombouaré t’a changé la vie ! ». Donc oui Benitez et Lafont.

FM : beaucoup de gens se rappellent du PSG, mais vous avez joué pour Marseille et Nice. Cela sera un match spécial pour vous ?

JA : oui forcément comme je le disais, j’ai mes trois clubs de cœur qui sont 1er, 2e, 3e, donc je suis très content (rires). Je suis fier de voir comment ces clubs ont évolué, avec des projets un petit peu différents, des manières de jouer différentes, des coachs différents. J’ai une préférence pour Christophe Galtier qui je trouve est un meilleur coach que Jorge Sampaoli, mais c’est un avis complètement subjectif qui ne regarde que moi.

«La méthode Sampaoli c’est la pochette surprise, même pour les joueurs, c’est le Kinder !»

FM : pour quelles raisons ?

JA : je trouve que Christophe Galtier est plus cohérent, plus régulier. Ce sont des qualités que tu peux trouver chez un joueur, que tu peux aussi donner à un coach. Régulier, cohérent et constant dans la performance, ce qui est le cas de Galtier depuis 10 ans maintenant et ce qui n’est pas le cas de Sampaoli depuis 10 ans. Sampaoli ça a été "je t’aime moi non plus" dans tous ses clubs, ça a fini en psychodrame dans tous ses clubs, il a déboulonné ses idoles dans tous ses clubs, enfin des idoles dans tous les clubs où il est passé. Un moment donné il faut se demander pourquoi ça ne marche jamais plus de deux ans. Pour toutes ces raisons, est-ce que ça peut faire une différence de trois ou quatre points en faveur de Nice en fin de saison ? Je le pense. Je pense aussi que Marseille face à Nice, ce n’est pas un tournant, mais je pense que Brest-Marseille était un tournant pour l’OM parce que dans le contexte, à Brest si tu perds, même si tu fais nul, ça aurait laissé beaucoup de traces. Là tu gagnes en faisant un super match à un moment où Sampaoli commence à être ballotté par son public, où tu vois que dans le vestiaire ça commence à gronder, où Pau Lopez est moins serein et où Mandanda est très bon et que ça relance le débat des gardiens. Bref, le match de Brest arrive dans ce contexte-là et dans ce contexte, contre une équipe qui est difficile à battre chez elle, tu fais un super match donc pour moi Brest-Marseille était un tournant, mais là non. Même si Marseille gagne contre Nice, derrière ils vont à Sainté, il peut tout se passer et Nice reçoit un match facile derrière donc ce match là il est cool pour nous égoïstement, mais ce n’est pas du tout un tournant je pense.

FM : justement sur les styles de jeu, lequel vous séduit le plus entre celui de Jorge Sampaoli et Christophe Galtier ?

JA : celui de Marseille tu le connais ? Parce que moi non honnêtement (rires). La méthode Sampaoli c’est la pochette surprise, même pour les joueurs, c’est le Kinder, tu ouvres le Kinder, mais tu ne sais pas ce qu’il y a dedans et eux c’est comme ça le vendredi à 18 heures, tu ne sais toujours pas comment tu vas jouer. Est ce que ça peut marcher sur le long terme ? L’histoire nous montre que pour Sampaoli non et l’histoire nous montre pour Galtier qu’en étant beaucoup plus logique, pragmatique et cohérent bah… parfois Nice est ennuyeux et ça me fait chier de le dire parce que j’adore ce club, mais parfois je me fais chier en les regardant, mais qu’est ce que tu veux faire ou dire. Moi j’ai ma plus belle saison en club, c’est le PSG 2003/2004, il n’y avait pas plus chiant que nous, non, mais vrai ou faux ? 1-0 quatorze fois dans l’année avec but de Pauleta à la 80ème ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise, mais on a fini deuxième et c’est ma meilleure année en carrière. Voilà ! Bah Nice c’est un peu ça, parfois c’est un peu chiant, tu as Dante qui commande tout ça, tu as trois phénomènes devant, tu as un bon gardien, tu as un milieu cohérent, tu as un Kluivert et un Stengs qui commencent à sortir du bois, voilà. Mais je ne me régale pas tout le temps en regardant Nice. En revanche, je suis quasiment persuadé que Nice finira devant Marseille parce que c’est plus cohérent.

FM : s’agit-il d’une nouvelle rivalité Nice-OM, notamment avec les événements du match aller ?

JA : oui, je pense que oui. Même si c’est un derby et qu’on n’arrivera pas, on est encore très loin de la haine entre Marseille et Lyon, ça peut redevenir un derby brûlant, un derby pour deux et trois, c’est génial, j’ai hâte de voir ça. Je ne pense pas qu’on verra un très beau match, enfin il sera très beau dans l’intensité, mais je ne pense pas qu’on aura un 4-4, mais j’ai hâte de voir ça. Il y a tous les ingrédients. Mais pour finir sur ça, Galtier, je peux déjà quasiment dire comment il va jouer, Sampaoli je pense que même lui, il ne sait pas encore… (rires)

Christophe Galtier ? «C’est le meilleur entraîneur français du moment, sans aucun souci, sans aucune contestation !»

FM : pour rebondir, est-ce qu’on peut parler de meilleur entraîneur français pour Christophe Galtier ?

JA : oui. 100% ! Constance, régularité, palmarès, et ça depuis 10 ans. Qu’est ce qu’il a fait de Saint-Étienne ce coach ? Il a pris le club mourant à cette époque, il donne un trophée, il sort des joueurs, il fait progresser des joueurs. Il part à Lille, le club il est mourant, mais pour le coup mourant de chez mourant. En deux ans, il est champion de France. Il arrive à Nice où il ne se passe plus grand-chose depuis 3 ans, il est aujourd’hui en ballottage très favorable pour amener le club sur le podium. Je veux dire, il faut être de très mauvaise foi quand même pour dire l’inverse (rires). Galtier, sa progression, son palmarès parlent pour lui et c’est un super communicant. Il nous fait marrer en conférence de presse par rapport à certains où on se fait chier comme des rats morts. En plus, je l’aime bien, j’ai une histoire avec lui à Marseille, mais même sans ça, c’est le meilleur entraîneur français du moment, sans aucun souci, sans aucune contestation.

FM : en tant qu’ancien gardien, comment voyez-vous la gestion de l’alternance Mandanda-Lopez ?

JA : je vais être très tranché là-dessus. Pour moi, Steve Mandanda est un meilleur gardien que Pau Lopez. Je n’ai pas dit que Pau Lopez était mauvais, c’est très différent la nuance, je dis juste que Mandanda est pour moi un meilleur gardien. Pau Lopez a été parachuté par Sampaoli alors que Mandanda était très bon en début de saison donc c’était un choix arbitraire, mais on sait que Sampaoli déboulonne souvent les gardiens ou les idoles dans tous les clubs où il est passé, mais aujourd’hui je n’ai aucun argument pour dire que Pau Lopez est un meilleur gardien que Mandanda, même au pied, même lui le dit… et la gestion de Sampaoli dans tout ça, elle est erratique. Sampaoli fait du Sampaoli, Galtier fait du Galtier. Sampaoli il a fait ça partout, partout ! Pour l’instant ça marche, on a un débat sur Marseille qui est deuxième, c’est quand même incroyable. C’est le seul club au monde qui est deuxième et où chaque semaine tu as un débat sur le jeu ! Bienvenue à l’OM, je connais par cœur.

FM : comprenez-vous la gestion du cas Milik ?

JA : le cas Milik, je prends les 20 clubs de Ligue 1 et j’inclus même le PSG, si tu as Milik dans ton effectif, je ne vois pas bien comment tu peux jouer sans lui. Je ne vois pas. Peut-être que j’enlève le PSG, et encore, mais dans les 19 autres clubs, je ne vois pas un club qui peut se dire « j’ai Milik et je joue pas avec ». Il n’y a pas un entraîneur de Ligue 1 qui serait triste d’avoir Payet et Milik dans son effectif (rires). Je vous donne Payet et Milik, non non je fais pas jouer les deux ! Mais bien sûr que tu dois faire jouer les deux et d’ailleurs quand Sampaoli arrive, au printemps dernier, il fait jouer les deux et ça marche très très bien. Il faut se rappeler de ça, fin de saison 2021 les deux jouent et ça marche très bien donc les deux peuvent jouer ensemble après comment s’entendent les deux, je n’en sais rien, je ne suis pas dans le vestiaire, mais ce que je sais, c’est que premièrement Milik doit jouer et deuxièmement, il doit jouer avec Payet pas loin de lui, ça, c’est sûr.

FM : concernant l'OGC Nice, Amine Gouiri mérite-t-il d’être appelé chez les Bleus selon vous ?

JA : je ne l’ai pas vu venir, mais la progression est incroyable, c’est un beau joueur en plus, il pense au collectif, je pense à son action en Coupe de France (contre Versailles, ndlr) où il peut finir pour faire une Maradona et au final il décale Dolberg… Ce qui déjà était un risque (rires), mais bref il décale Dolberg. Honnêtement oui, je ne l’ai pas vu venir à ce niveau-là et je suis super content, il paraît en plus que c’est un bon gars. Pour les Bleus après il tombe mal parce que tu as Christopher Nkunku qui est en feu, il y a Benzema, Mbappé, Griezmann… trio intouchable devant. En prospect tu as Nkunku qui est encore meilleur que lui dans un plus gros club donc il mérite, mais devant les places sont chères et s'il n’y a pas de blessés, ça va être très très dur pour lui, mais oui en valeur absolue, il mérite d’aller faire une préparation avec eux, au moins, ça c’est sûr.

FM : quelle équipe terminera 2e de L1 ? Vous parliez de Nice devant l’OM... L’OL ou Monaco peuvent revenir ?

JA : non le danger, c’est Rennes et encore Rennes a ce problème de gardien. Evidemment Gomis ce n’est pas Mendy, c’est un basique de dire ça. Il y a beaucoup d’écart de points je trouve, derrière on va voir parce que du coup ce week-end c’est le troisième gardien qui va jouer. Donc le seul bémol que j’ai sur Rennes, c’est au poste de gardien, mais sinon Rennes peut complètement se mêler avec Marseille et Nice dans la lutte à la deuxième place, complètement. Lyon c’est trop loin et trop irrégulier. Il y a des joueurs qui ont pris sur la tête après le match de Rennes, ça leur a fait très mal. Après, si tu imagines que Lyon peut revenir, tu peux aussi le dire de Lens, de Nantes, de Lille. Lyon est 9ème et puis les gens me font marrer parce qu’ils me disent il reste 30 points. D’accord, mais il reste 30 points que pour Lyon ou pour les autres aussi ? (rires)

FM : c’est peut-être aussi lié aux attentes de début de saison où on n’imagine pas l’OL à cette place…

JA : oui bah Lyon rate sa saison, ça arrive. Ça n’enlève rien à la qualité du club et à ce que la Ligue 1 lui doit, mais Lyon rate sa saison et ne mérite pas de faire mieux que 5ème. Il y a 4 mois, j’ai dit si Lyon fait 4ème, signez tout de suite. Tout de suite ! Et je pense qu’aujourd’hui, les gens seraient bien contents de finir 4ème mais ça veut dire passer devant Nice, Rennes ou Marseille. Mathématiquement. Bonne chance (rires).

OM-OGC Nice ? Jérôme Alonzo promet de l'intensité !

FM : pour revenir au match, quelle est l'équipe la mieux armée sur le papier ?

JA : le bémol que j’ai sur Nice c’est Dante (suspendu face à l’OM, ndlr) parce que Dante, c’est le papa, c’est le grand frère, c’est un super joueur, c’est le guide spirituel de cette équipe et de ne pas l’avoir pour un match comme ça, c’est un vrai coup dur. Après dans deux styles complètement différents, en valeur absolue, je pense que c’est à forces égales, mais sans Dante ça peut changer beaucoup de choses. Nice va faire du Nice, je pense que Marseille va avoir la maîtrise du jeu et que Nice va procéder en contre, c’est un peu le schéma auquel on peut s’attendre. Je ne vois pas Nice faire le jeu à Marseille et de toute façon, Marseille ne laissera pas faire. Je vois Gerson progresser, Guendouzi faire une très bonne saison, Milik qui marque but sur but, Payet va jouer évidemment, mais aujourd’hui je peux pronostiquer ce que va faire Nice alors que je suis incapable de dire ce que va faire Marseille. C’est ça le problème, Marseille on peut pas savoir, surtout chez lui donc c’est mon inconnu. Nice, je sais comment ils vont jouer, la qualité tactique, mentale, je la connais par cœur. Marseille, je ne peux pas te dire. Nice a montré des vertus de patience incroyable contre le PSG, à Montpellier, à Strasbourg, ça va être le même type de match et Marseille va aussi se dire qu’en se livrant bah en face tu as des phénomènes comme Gouiri, Delort, Dolberg ou même Kluivert donc Marseille sait que s’il se découvre, ça peut être la fessée derrière. C’est pour ça que ça peut être un match intense c’est sûr, mais spectaculaire, je mets un gros bémol.

FM : quel serait votre XI type idéal entre ces deux équipes ?

JA : mélanger tout ? Benitez dans les buts, Dante, je joue à 4 derrière, à plat, à l’ancienne (rires). Benitez, Dante, Saliba quand même. À droite, je ne mets pas Rongier (rires), à droite (hésitation)… non tiens on peut rigoler, on va changer. On va faire défense à trois : Dante, Saliba, Todibo. Rongier en piston droit, Atal en piston gauche. Oh putain c’est bon ça, je me plais là déjà (rires). Je ne peux pas ne pas mettre Guendouzi avec la saison qu’il fait. Guendouzi associé à … Rosario. Je veux faire un 3-4-3 donc j’ai mes quatre milieux et devant bah je ne vais pas mettre Payet. Je vais mettre Delort, Gouiri, Milik avec Gouiri légèrement en retrait, Milik en pointe et Delort qui tourne autour et alors putain, là ça fait mal ça (rires). On fait un mix, mais après je peux mettre Ünder, Dolberg, Payet sur le banc, mais bon on s’amuse et allez, je considère que Payet est blessé, tiens, voilà (rires).

Le XI OM-Nice de Jérôme Alonzo version 3-4-3 !

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