Etienne Chatiliez : le Nord, « je suis fondamentalement de là-haut »

A l’occasion des 10 ans de Version Femina, les célébrités se confient à propos de leur région. Entre souvenirs d’enfance et lieux qui leur sont chers, leurs témoignages sont touchants. Découvrez celui d'Etienne Chatiliez, qui nous parle du Nord.
Propos recueillis par Anne Michelet
Visuel : Visual Press Agency

Etienne Chatiliez : le Nord, « je suis fondamentalement de là-haut »

« J’ai un grande affection pour le Nord en général »

« Je suis né à Roubaix et j’ai vécu jusqu’à 13 ans à Marcq-en-Barœul. Je n’ai que de très bons souvenirs. Nous étions avec nos parents, nous avions des copains, des vélos, le jardin de ma grand-mère qui possédait la maison d’en face. Enfants, on visitait des chantiers, on jouait avec la grue, les bétonnières, on faisait les crétins là-dedans, on s’ouvrait le crâne. J’y retourne quelquefois, mais sans nostalgie excessive. J’ai une grande affection pour le Nord en général. Ça va jusqu’à la Grande-Bretagne, la Belgique, les pays scandinaves. Dans tous ces pays, c’est la brique que j’aime et les gens, bien sûr, qui « ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors », comme le chantait Enrico Macias, et c’est vrai. »

« Ce n’est pas un pays que l’on peut aimer en passant juste une heure »

« Je me souviens du jour où j’ai montré ma région à mes producteurs de La vie est un long fleuve tranquille. Ils étaient effondrés. Comme je voyais que je faisais chou blanc, on est allés à Ostende. Là, il y avait un brouillard terrible, je leur conseillais d’admirer le paysage tellement c’était beau. Ils m’ont dit : « Mais en plus tu es amoureux de ça ! » Ce n’est pas un pays qu’on peut aimer en passant juste une heure, ce n’est pas une île grecque ! Le Nord, ça met du temps à rentrer, mais une fois que c’est rentré, ça va. Le Nord, c’est quelque chose de plus caché, de plus lent, de plus difficile à comprendre. Je suis fondamentalement de là-haut. On ne passe pas impunément quinze ans quelque part, il reste quelque chose d’ancré de façon profonde. Comme dans tous les endroits où on ne vit pas beaucoup dehors, on est bien dans les maisons du Nord. On rattrape dedans ce qu’on ne trouve pas à l’extérieur. »

« Les gens y sont vraiment marrants et très accueillants »

« Les gens y sont vraiment marrants et très accueillants. Il y a un truc formidable là-bas, c’est qu’on place aux fenêtres ce qu’on a de beau. L’objet est posé entre le rideau et la fenêtre. Ainsi, on révèle un peu qui on est. J’apprécie beaucoup le cinéaste Bruno Dumont qui nous montre toujours le Nord de façon formidable, ses petits nuages pommelés, son horizon bien plat avec son petit terril. J’adore cette espèce de temps plombé, de dureté apparente. Ce n’est pas une beauté qui se donne d’emblée mais, si vous y regardez bien, elle est vraiment là. Il y a des villes magnifiques, par exemple Saint-Omer. Il y a des autoroutes à trois voies un peu partout et je dois reconnaître que ça donne au Nord un côté californien, américain, toutes proportions gardées…»

Sa balade

Le canal de la Deûle
Lors du tournage de La vie est un long fleuve tranquille, le dimanche je m’y promenais. J’étais bien le seul car personne de l’équipe ne venait.

Sa gourmandise

J’aime les gaufres de chez Meert. Et aussi le welsh rarebit, une espèce de croque-monsieur avec du cheddar, mais sans jambon. J’en mangeais de merveilleux chez ma grand-mère.

Son actu

L’Oncle Charles, sortie le 21 mars.

le 14/03/2012