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Clément Grenier se confie avant Majorque-Real Madrid : "J'ai une une reconnaissance absolue pour Jean-Michel Aulas"

Clément Lemaître

Mis à jour 05/02/2023 à 11:58 GMT+1

LIGA – Après huit mois sans club, Clément Grenier a retrouvé le plaisir de jouer au Real Majorque depuis mars 2022. Avant d'affronter le Real Madrid de Karim Benzema ce dimanche après-midi, le milieu international français de 32 ans s'est confié à Eurosport sur son adaptation au football espagnol mais également sur son amour pour l'OL, où il se verrait bien boucler la boucle.

Clément Grenier, le milieu de terrain de Majorque.

Crédit: Getty Images

Clément Grenier, vous êtes au Real Majorque depuis mars 2022. Comment se déroule cette nouvelle expérience ?
Clément Grenier. : Je me sens vraiment bien ici et ma famille également. Je commence à bien parler espagnol. Au départ, j'avais signé jusqu'à la fin de la saison dernière avec une année en option. Finalement, j'ai prolongé pour deux saisons supplémentaires (ndlr : jusqu'en juin 2024). Je suis très reconnaissant de la confiance qui m'a été donnée. Le Real Majorque est un club familial. Notre objectif principal est évidemment de se maintenir en Liga. On a fait une bonne première partie de championnat mais c'est très serré. Il faut continuer à batailler pour garder notre position (10e). En tout cas, ce championnat me plaît bien.
Est-ce que le fait d'avoir inscrit le but du maintien lors de la dernière journée de la saison passée face à Osasuna (2-0) vous a aidé à gagner le cœur des fans de Majorque ?
C.G. : Je ne sais pas. Cela fait sûrement partie d'un épisode important dans l'histoire du club. C'était un but inscrit à la dernière minute. Après, j'ai la sensation d'être bien apprécié ici et en retour j'essaie de donner le maximum sur le terrain mais également en dehors. L'osmose est bonne avec les supporters et j'en suis très content.
Comment jugez-vous votre début de saison sur le plan personnel (ndlr : 13 matches de Liga dont 6 en qualité de titulaire) ?
C.G. : J'ai plutôt bien commencé en enchaînant les matches. On a pris beaucoup de points en début de saison puis après j'ai eu petit un coup de moins bien. Mais je m'y attendais un peu car la saison passée, j'ai seulement fait des entrées en jeu. Sur le plan personnel, j'ai effectué une super préparation estivale et une très bonne présaison avec l'équipe. A partir du mois d'octobre, j'ai eu un peu moins de temps de jeu mais j'ai continué à bosser pour garder le rythme et être prêt au moment où le coach faisait appel à moi. Je suis très exigeant envers moi-même et je pense que je peux faire mieux et plus. Mais dans l'ensemble, ça reste positif.
Dimanche, vous recevez le Real Madrid. Comment appréhendez-vous cette rencontre ?
C.G. : C'est toujours compliqué face aux grosses équipes. Après, on joue à domicile. Depuis le début de saison, on a plutôt bien performé chez nous. Le Real voudra prendre les trois points mais on a du répondant. On a un jeu un peu spécial pour l'Espagne avec moins de possession que nos adversaires. On a embêté plein d'équipes. Nous aussi on a de la qualité. Au match aller, à Bernabéu, on a effectué un match très intéressant. Ça s'est joué à pas grand chose même si on a perdu (1-3). Après avoir manqué une occasion de mener (2-1), le Real nous a punis.
Nabil Fekir fait partie des meilleurs joueurs de Liga
Vous allez affronter Karim Benzema, une ancienne connaissance lyonnaise... (ndlr : Carlo Ancelotti a finalement annoncé le forfait du Ballon d'Or à Majorque)
C.G. : Je le connais assez bien, on a été formé dans le même club. Mais on a évolué très peu de temps ensemble chez les professionnels. Karim, je l'ai surtout côtoyé en équipe de France sur la période 2013-2014. Pour moi, c'est l'un voire le meilleur attaquant du monde depuis de nombreuses années. Ici, en Espagne, il est très apprécié et très respecté. J'adore ce joueur. C'est facile de jouer avec lui. Il sent le football. Il est capable de jouer en une touche, de décrocher, d'aller en profondeur, de faire des passes décisives et de marquer. C'est le joueur le plus important du Real et il peut nous mettre en danger à tout moment.
Depuis votre arrivée en Liga, quel joueur vous a le plus marqué sur le terrain ?
C.G. : Il y a énormément de bons joueurs et des belles équipes. Moi, j'aime les joueurs de ballon, après il y a aussi plein de joueurs importants pour l'équilibre de leur équipe. En ressortir un, c'est difficile. Karim en fait clairement partie. On le voit moins en France, mais Nabil Fekir au Bétis Séville est un joueur très important et très performant. Je le connais très bien et objectivement, il fait partie des meilleurs joueurs de Liga.
Avez-vous la sensation que le championnat d'Espagne colle parfaitement à votre style de jeu ?
C.G. : Oui, après j'ai la chance de pouvoir m'adapter. Tous les championnats ont des caractéristiques différentes. La Liga me plaît mais la Ligue 1 me plaisait aussi tout comme la Serie A. J'adore la tactique et j'ai beaucoup aimé l'Italie. On peut me caractériser comme un joueur technique, mais aujourd'hui j'ai évolué dans le volume de jeu. Actuellement, je suis dans une équipe qui a moins de possession, où il faut beaucoup défendre. Il n'y a pas de creux dans nos matches. C'est un style différent, on est un peu dans le registre de l'Atlético Madrid et c'est également enrichissant. Je pense être un joueur qui arrive à s'adapter à toutes sortes de situations.
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Clément Grenier évolue avec Majorque depuis mars 2022.

Crédit: Imago

On a la sensation que vous avez été très marqué par votre passage à la Roma (2017), même si ce n'était que pendant six mois...
C.G. : J'ai adoré Rome et jouer pour ce club. C'était une expérience inoubliable. J'aurais aimé rester un peu plus longtemps. Je savais que je ne partais pas titulaire dans un premier temps. J'ai dû apprendre une autre culture footballistique. J'ai côtoyé des très grands joueurs qui sont de belles personnes en dehors du terrain. La Roma, ça ressemblait à ce que j'ai vécu à Lyon. J'ai beaucoup aimé Rennes aussi, c'était une expérience différente. En tout cas, à chaque fois, j'ai tout donné sur le terrain.
Après la fin de votre contrat à Rennes en juin 2021, vous êtes resté huit mois sans club. Comment avez-vous vécu cette période ?
C.G. : Ça n'a pas été facile parce que je ne m'attendais pas à vivre ça. Je ressortais de trois saisons plutôt bonnes, voire plus que bonnes, à Rennes où on a joué la Coupe d'Europe trois ans d'affilée dont la Ligue des champions. On a aussi gagné la Coupe de France en 2019. Je me sentais en confiance et finalement, je n'ai pas eu de proposition pour prolonger au Stade Rennais. C'était ma première envie, mais ça ne s'est pas fait. J'ai donc dû chercher une autre piste et pourtant c'est lors de l'été 2021 que j'ai eu le plus de directeurs sportifs et d'entraîneurs au téléphone. Malheureusement, ça ne s'est jamais concrétisé : c'était soit des clubs qui ne passaient pas les qualifications en Coupe d'Europe et qui ne pouvaient pas faire évoluer leur effectif, soit des clubs où je n'étais pas le premier choix. Moi, je suis un joueur de projet et au fur et à mesure du temps, il ne se passait rien. J'ai dû prendre sur moi. J'ai travaillé avec un préparateur physique jusqu'à la mi-août. Ensuite, j'en ai eu marre de m'entraîner seul et j'ai appelé le président Jean-Michel Aulas pour savoir si je pouvais m'entraîner avec la réserve de l'OL aux côtés de Gueïda Fofana, que je connais très bien. Et très gentiment, il a accepté. Je le remercie encore aujourd'hui. J'ai eu l'impression de revenir à la maison.
Je resterai un fan de l'OL quoi qu'il se passe
Avez-vous eu des sollicitations juste après la fin du mercato d'été 2021 ?
C.G. : Après la fin du mercato, il ne s'est pratiquement rien passé. Je me demandais ce qui allait arriver. Mais je n'ai pas lâché, j'ai essayé de rester fort mentalement. C'est une de mes forces qui m'a permis de me relever après de grosses blessures ou la désillusion de ne pas aller à la Coupe du monde 2014. Là, je me levais chaque matin en me disant qu'il fallait travailler et attendre une opportunité. Puis Majorque m'a proposé ce challenge et je pense l'avoir relevé plutôt correctement. Finalement l'histoire est belle, mais cette période n'a pas été facile à gérer pour mon entourage. J'ai pu être un peu fatigant. J'étais dur avec moi-même et les gens autour de moi. En tout cas, je suis fier d'avoir franchi cette étape.
Dans votre discours, on ressent beaucoup de respect et de reconnaissance à l'égard de Jean-Michel Aulas...
C.G. : Je ne l'ai jamais caché, c'est grâce au président Jean-Michel Aulas, à l'ensemble du club, que ce soit les différents entraîneurs que j'ai côtoyés ou les dirigeants, que j'en suis là aujourd'hui et que j'ai réalisé cette carrière. Je resterai un fan de l'OL quoi qu'il se passe.
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Dans un entretien accordé à So Foot en août dernier, vous avez annoncé avoir été proche de signer à l'OL pendant cette période. Mais Peter Bosz s'y serait opposé...
C.G. : C'est ce que j'ai cru comprendre et ce qu'on m'a fait entendre. Pourtant, j'étais plutôt bien et prêt physiquement. Je m'entraînais avec la réserve et à ce moment-là, les résultats de Lyon n'étaient pas comme ils l'espéraient. Moi, je n'étais pas cher, j'étais libre. Je n'étais pas gourmand non plus. C'est vrai que revenir à l'OL dans ces conditions-là aurait été magnifique pour moi. Je me souviens du retour de Steed Malbranque en 2012 : il nous avait énormément apporté par son expérience et son envie de rejouer avec l'OL. Quand j'ai porté le maillot lyonnais, je n'ai jamais triché donc j'étais prêt à relever ce défi. Je pense qu'il y avait des personnes pour et d'autres contre. Ça peut se comprendre, je n'ai pas de problème par rapport à ça. Je suis reconnaissant car grâce à l'OL, j'ai pu rejouer tout de suite quand Majorque s'est manifesté.
Jean-Michel Aulas était-il intéressé par cette idée ?
C.G. : On en a discuté et je crois qu'il était plutôt favorable. Il m'a dit clairement que c'était une très bonne idée, mais que le choix final revenait à Peter Bosz. J'ai une très bonne relation avec le président et surtout une reconnaissance absolue. Moi, j'étais prêt à revenir mais les planètes n'étaient pas toutes alignées à ce moment-là et c'est comme ça.
Est-ce que finir votre carrière de joueur à l'Olympique Lyonnais pourrait vous faire vibrer ?
C.G. : C'est comme un rêve. A 32 ans, j'ai encore des rêves. J'y pense sans trop y penser. Il faut que tout soit aligné, que je sois performant, que le club en ait envie et que ce soit le bon moment aussi. Tout le monde sait au sein du club, mais également les supporters, que j'ai donné le maximum pour l'OL et que quoi qu'il arrive je continuerai de lui donner le maximum. Finir ma carrière à l'Olympique Lyonnais, ce serait une grande chance. Boucler la boucle là-bas, ça serait énorme. Maintenant, si ça ne se fait pas, ce ne serait pas grave en soi.
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Tino Kadewere est aussi touché que moi par la situation actuelle de l'OL
En ce moment, c'est compliqué pour l'OL au niveau des résultats. Les supporters ne cachent pas leur mécontentement. Comment vivez-vous cette situation ?
C.G. : C'est délicat d'en parler car j'ai porté les couleurs du club par le passé et parce que je suis encore joueur actuellement. J'ai connu des périodes où les résultats étaient un peu moins bien à Lyon. Dans ces moments-là, il faut se serrer les coudes, se dire les choses et avoir une certaine proximité avec les supporters qui sont tellement importants pour le club grâce à leur soutien et leur ferveur. Sur le terrain, il faut donner le maximum pour gagner, avoir l'amour du maillot, quitte à être moins beau à voir jouer. Lyon est un grand club, avec des titres et des valeurs. Donc c'est dur de voir l'OL dans cette situation-là. Après dans l'histoire du club, on a toujours fait des fins de championnat super intéressantes. J'espère que ce sera encore le cas cette année.
Est-ce que vous parlez de la situation actuelle de l'OL avec Tino Kadewere (ndlr : l'attaquant est prêté par Lyon à Majorque) ?
C.G. : Oui évidemment, on en parle très fréquemment. Comme il me le dit souvent : 'toi, t'es un enfant du club'. Il est aussi touché que moi.
Comment avez-vous réagi après les dernières sorties médiatiques de Jean-Michel Aulas contre Juninho ?
C.G. : J'ai mon avis, mais je ne préfère pas rentrer dans les détails.
J'ai encore quatre, cinq années devant moi, voire peut-être plus, pour finir à fond
En regardant en arrière, quel regard portez-vous sur votre carrière ?
C.G. : Je suis super fier. On peut toujours faire mieux et plus. Certains diront peut-être 'il aurait dû', ou 'il aurait pu'. Sauf que le sport de très haut niveau, ce n'est pas que des paroles. Dans ma carrière, je me suis relevé de plein de situations super difficiles. J'ai signé pro à l'OL en 2008 et j'ai joué pendant douze saisons d'affilée la Coupe d'Europe. Est-ce que c'est un regret de ne pas avoir été à la Coupe du monde 2014 ? C'est une déception mais malheureusement je me suis blessé trois jours avant de partir. Je n'oublie pas que six mois avant, je ne marchais plus et que je ne savais pas si j'allais pouvoir rejouer au football. J'ai énormément forcé sur mon corps et serré les dents beaucoup de fois.
Avez-vous déjà réfléchi à ce que vous ferez une fois votre carrière terminée ?
C.G. : Je suis encore concentré sur ma carrière de joueur. Je n'ai que 32 ans, je suis en pleine possession de mes moyens. Je prends du plaisir à m'entraîner chaque jour. Aujourd'hui, j'ai encore quatre, cinq années devant moi, voire peut-être plus, pour finir à fond car j'aime ça et je suis passionné. Je reste un grand compétiteur. Me surpasser et ressentir cette adrénaline me fait toujours autant plaisir. Après, j'ai déjà imaginé la suite et j'espère répondre à cette question le plus tard possible. Faire partie d'un staff, apprendre aux côtés d'un entraîneur ou me lancer dans une carrière de coach, ça pourrait être l'idée. J'aimerais rester dans le football. Par contre, je ne pense pas être fait pour devenir directeur sportif. Je me vois plus sur les terrains que dans les bureaux. J'aime ça, je regarde plein, plein de matches. Depuis plusieurs années, je note des choses dans un cahier : que ce soit les séances d'entraînement, les discours, etc... Dans cinq ans ou le plus tard possible, on verra s'il faudra le ressortir ou pas.
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