Marcel Iacub 3:23
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Romain David
Parmi les lectures auxquelles la période de confinement peut donner une résonance particulière, figure "En couple avec moi-même", le dernier livre de Marcela Iacub. Invitée de "Ça fait du bien", sur Europe 1, la sociologue évoque ce bonheur retrouvé de vivre seule, enfin libérée de l'impératif conjugal que nous impose la société.
INTERVIEW

Le confinement se vit-il mieux à deux ou en solo ? Est-il préférable de passer cette période d’isolement due au coronavirus tout seul, quitte à se sentir terriblement coupé du monde, ou, au contraire, avec sa moitié, au risque cette fois d’avoir l’impression d’empiéter l’un sur l’autre au bout de plusieurs jours, et donc de mettre son couple en péril. La sociologue Marcela Iacub tient peut-être la solution à ce dilemme.  

"J’ai vécu seule pendant longtemps et ensuite je me suis mise en couple avec moi-même", explique-t-elle au micro d’Anne Roumanoff dans Ça fait du bien sur Europe 1. Et de préciser : "Les deux n’ont rien à voir !"

Cet étonnant concept, qu’elle détaille dans son dernier livre En couple avec moi-même, publié chez Léo Scheer, Marcela Iacub l’a développé comme une forme de pied de nez à l’impératif conjugal qui, selon elle, empoisonne nos vies. "Je me suis rendu-compte compte à quel point j'étais heureuse parce que je n’avais plus de conjoint, mais la société vous enjoint à en avoir un", relève-t-elle.

"Je pensais qu’il me fallait un autre pour pouvoir m’aimer à travers lui"

"C’est ce que l’on appelle une souffrance sociale, vous ne souffrez pas parce que vous êtes malheureux mais parce que vous êtes censé respecter une norme" en l’occurrence être en couple. Elle explique s’être libérée du poids que pouvait représenter le célibat, dès lors qu’elle s’est rendue compte qu’elle avait tort de lier le regard de l’autre et l’estime de soi. "J’éprouve un véritable amour envers moi-même, ce qui n’était pas le cas avant, parce que je pensais qu’il me fallait quelqu’un, un autre pour pouvoir m’aimer à travers lui."

Ce détachement est sans doute plus facile à prôner qu'à appliquer. Mais les célibataires qui sont confinés, et que cette quinzaine de solitude angoisse au plus haut point, pourront toujours s'inspirer du cheminement intérieur de la chercheuse, tel qu’elle le raconte dans En couple avec moi-même.