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Réforme des retraites Le sénateur meusien Gérard Longuet tacle LIOT : "Oui, il faut travailler davantage"

Le sénateur meusien critique l’absence de solutions financières proposées par le mouvement de son ami député barisien Bertrand Pancher, désireux d’une abrogation de la retraite à 64 ans.
Propos recueillis par Antoine PETRY - 05 juin 2023 à 19:00 | mis à jour le 09 juin 2023 à 17:42 - Temps de lecture :
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Gérard Longuet, sénateur de la Meuse : « En France, nous ne sommes pas plus malins que les autres pays européens ».  Photo ER /Jean-Noël PORTMANN
Gérard Longuet, sénateur de la Meuse : « En France, nous ne sommes pas plus malins que les autres pays européens ».  Photo ER /Jean-Noël PORTMANN

Gérard Longuet, vous vous opposez à la proposition de LIOT d’abroger l’âge de départ à 64 ans. Vous en avez forcément discuté avec Bertrand Pancher

Nous sommes en désaccord. Bertrand considère que d’autres solutions négociées que le choix du gouvernement, auraient pu permettre d’aboutir à un résultat satisfaisant. Je pense le contraire. Je ne suis pas prix Nobel de finances publiques mais je constate que la plupart des pays européens travaillent jusqu’à 65 ans et plus. Comme nous ne sommes pas plus malins que les autres, je ne vois pas comment on peut maintenir le pouvoir d’achat des retraités, plus nombreux, avec moins de cotisants.

Et les autres calculs ouvrant sur des propositions différentes ?

Le COR (comité d’orientation des retraites) a fourni des analyses discutables. Il n’a traité que du problème des retraites du privé. Or, le soutien des retraites structurellement déficitaires du monde agricole, des régimes spéciaux ou celle du pouvoir public, seulement équilibré en apparence grâce à l’indispensable soutien de l’État, sont des arguments qui pèsent lourd.

  « Soulagement résigné »

La colère sociale anti-64 ans vous paraît-elle susceptible de repartir ?

Non, j’ai constaté une sorte de soulagement résigné de la part des uns et des autres, à l’exception bien sûr de la Nupes. Mais pas de volonté de combat de la part des organisations les plus représentatives.

Vous invitez Bertrand Pancher à avancer les solutions…

Je n’ai pas lu un seul texte de LIOT sur ce sujet. C’est ça, qui est terrifiant. LIOT évoque la CFDT de Laurent Berger ou certains membres du COR. Mais on est loin d’un « Livre blanc » avec force détails. Je rappelle le nombre de naissances en France : 830 000 en 2012, 730 000 en 2022. Certes, on peut tenir un an, deux ans, cinq ans… Mais à force d’accumuler les déficits et les habitudes, la seule option sera de baisser le pouvoir d’achat des retraités. Les plus aisés auront les moyens de retraites complémentaires. Les moins fortunés n’auront que leurs yeux pour pleurer. Oui, il faut travailler davantage. En France, le rapport entre actifs et inactifs est de dix points inférieur à celui des USA. On peut me dire que c’est différent outre-Atlantique, mais quand on a en 38 % d’actifs sur les 15-65 ans d’un côté, et 48 % aux USA, le nombre de cotisants est forcément supérieur.

Pourquoi considérez-vous que Macron a « mis tout le monde dans une position de seringue » ?

La négociation n’a jamais été jusqu’au fond. La bonne réponse eut été une forme d’accord gouvernemental. Mais en France, où le Président reste le guide suprême, l’idée d’un gouvernement où la majorité présidentielle ne serait pas seule représentée, est impossible. C’est le seul point sur lequel je pourrais être d’accord avec mon ami Bertrand.

Réunion publique de Bertrand Pancher, député de la Meuse, et de sa suppléante Fabienne Godey à Sampigny. Photo ER/Jean-Noel PORTMANN

Bertrand Pancher (LIOT) : « Des points de convergence… et de divergence »

« Nous avons toujours eu des points de convergence, mais aussi des points de divergence », commentait, lundi soir, le député Bertrand Pancher. À quelques heures du débat le 8 juin soutenu par son mouvement LIOT, le Meusien ajoute que « s’opposer parce qu’on n’est pas en phase sur les mêmes arguments n’empêche pas de se respecter », en allusion à la position de Gérard Longuet, son allié politique. « Ce projet gouvernemental aurait dû s’appuyer sur le plan seniors. Mais aujourd’hui, pour ou contre, on n’en est plus là. Quand on est animé d’une vraie conscience sociale, on ne peut pas accepter une réforme aussi brutale. Après avoir provoqué une crise sociale puis une crise politique, le gouvernement provoque maintenant une grave crise institutionnelle ».